Témoignages de SDF

w Abdelkader, la soixantaine, rue Bab Azzoun«Cela fait plus de 20 ans que je mène une vie d'errance. J'ai sillonné une vingtaine de villes du pays. J'étais un enseignant de langue anglaise à  Berrouaghia (Médéa). J'ai perdu mes trois enfants ainsi que mon épouse dans l'explosion de voiture piégée. Depuis, je ne sais où je suis, j'ai uniquement envie de fuir, de fuir et de fuir…jusqu'au jour où je pourrai les revoir un jour, qui sait '» w Kamel, 28 ans, ex-étudiant à  l'université de Constantine«Je suis originaire de Mascara, mais sans espoir. J'étais étudiant en sciences islamiques à  l'université de Constantine pendant deux ans. Puis, j'ai quitté cet environnement car j'ai subi beaucoup de pressions. Je suis retourné à  Mascara pour retrouver la sérénité, mais la pression a changé de visage, elle est devenue une menace et un danger. Non, je ne suis pas né pour faire du mal. Je préfère voyager de ville en ville, dans des conditions précaires, que d'avoir la mort des personnes sur ma conscience. Ce que je demande c'est un boulot qui me permettra de vivre décemment».w Djilali, la cinquantaine«Je suis originaire de Khemis Miliana, maçon de fonction et je travaille de manière intermittente chez des particuliers. Lorsque je suis à  Alger ou dans n'importe quelle ville où je ne suis pas connu, je préfère «côtoyer» les SDF histoire d'économiser quelques sous. Je refuse d'aller au centre de Bab Ezzouar ou celui de Sidi Moussa pour pouvoir travailler durant la journée, lorsque l'occasion se présente». w Madjid, la quarantaine, boulevard Amirouche«Je mène depuis des années une vie ambulante. J'étais dans plusieurs villes du pays. Ces dernières années je m'occupais de la garde d'un parking d'un grand hôtel privé à  Alger. Le propriétaire de cet hôtel m'a renvoyé il y a plus d'un mois. Depuis, je traîne ici à  Alger. Je suis boulanger à  la recherche d'un emploi. J'accepte de faire n'importe quel travail».