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Témoignage sur Amirouche et Si El Haouès


C’est la première fois depuis le Congrès de la Soummam, que les chefs de wilaya se rencontraient. En cette période cruciale où la lutte armée connaissait une situation difficile, les chefs de wilaya ont senti la nécessité de faire le point, de définir une approche commune et de prendre des décisions en parfaire symbiose quant aux moyens à mettre en œuvre pour pérenniser la lutte et atteindre les objectifs du 1er Novembre 1954.

Quatre colonels sont présents : Hadj Lakhdar, pour la Wilaya I, Amirouche de la Wilaya III, Bougara pour la wilaya IV et El Haouès de la Wilaya VI. Le colonel, chef de la Wilaya V, n’a pu venir. Le colonel Ali Kafi, chef de la Wilaya II, a décliné l’invitation, mais sa Wilaya est représentée par l’officier Lamine Khane. J’ai eu l’occasion d’évoquer avec mon ami et mon frère, le colonel Salah Boubnider, les raisons de cette absence. Avec Si Salah, que Dieu ait son âme, qui a dirigé la Wilaya II, de mars 1959 à l’Indépendance, nous parlions souvent de notre combat dans nos Wilayas respectives, de nos expériences, des réactions, par exemple, que nous avions adoptées pour riposter à telle manœuvre de l’ennemi. Nous avons découvert de nombreuses similitudes.

Cette réunion se tient dans un contexte pénible qu’il est utile de rappeler. Les Wilayas et les maquis subissaient de très fortes pressions de l’armée française, particulièrement en ce second semestre 1958. Le démantèlement des organisations urbaines du FLN à Alger et dans pratiquement toutes les grandes villes du pays a permis aux forces adverses de procéder à un allégement de leurs effectifs engagés dans les centres urbains et de redéployer l’essentiel de leur dispositif sur les maquis. L’ALN manquait d’armes, de munitions. Certes, elle disposait d’un réservoir humain inépuisable, constitué de jeunes de toutes conditions sociales, qui aspiraient à rejoindre l’ALN et voulaient participer à la lutte. Mais le manque d’armes constituait un gros handicap qui empêchait leur recrutement. Il faut se remémorer que l’essentiel de l’armement qui parvenait à l’intérieur, à partir de la frontière Ouest, au début, et de celle de l’Est par la suite, était convoyé par nos « dawriate » ou compagnies composées de jeunes recrues.

Ces valeureux éléments, de jeunes citadins, de jeunes paysans, partaient à pied, jusqu’à Figuig au Maroc ou en Tunisie, les mains nues, encadrés seulement par un ou deux anciens maquisards armés. Ils faisaient le chemin de retour portant, en général, deux armes chacun. Si, jusqu’à fin 1957, ces « dawriate » ne subissaient pas de grosses pertes, il en fut autrement en 1958. Interceptées à l’aller ou lors de leur retour, beaucoup parmi elles ont été décimées ; quelques rescapés seulement avaient la chance d’arriver à leur Wilaya d’origine. Ce sont des milliers de jeunes qui ont laissé leur vie sur cette route de la mort. Il s’agissait surtout de jeunes qui partaient des Wilayas III et IV, éloignées de frontières Est et Ouest. Faisant le constat de cette hécatombe, le colonel Bougara ordonna l’arrêt de l’envoi des « dawriate » en ce qui concerne la Wilaya IV, dès l’automne 1958. A partir cette date, l’unique source pour s’armer était la récupération d’armes prises aux troupes françaises au cours de nos actions.

En milieu rural, la situation qui prévalait était caractérisée par la répression inhumaine, féroce qui s’abattait sur les populations rurales. Nombreuses sont celles qui étaient déplacées et parquées dans des centres dits de regroupement. Elles faisaient généralement office de boucliers humains pour les camps militaires. Le quotidien des populations regroupées était fait de misère et de brimades. A juste titre, les responsables des wilayas éprouvaient de l’amertume et du ressentiment envers la direction nationale du FLN, le CCE, et plus tard le GPRA. Ils lui reprochaient de n’avoir pas fait l’effort suffisant et à temps pour faire parvenir aux Wilayas les armes et les munitions avant que les frontières ne soient électrifiées et fortifiées et ne deviennent quasi étanches.

Il faut se souvenir que la direction nationale, le CCE, a quitté définitivement l’Algérie après l’assassinat de Larbi Ben M’hidi par les paras, à Alger, en février 1957. Les membres du CCE, en vie à ce moment, se scindèrent en deux groupes : Krim Belkacem et Youcef Benkhedda partirent pour la Tunisie par les maquis. Abane Ramdane et Saâd Dahlab transitèrent par la Wilaya IV et la Wilaya V, et rejoignirent le Maroc. Les contacts Wilayas-direction nationale du FLN devinrent difficiles, puis moins fréquents de sorte qu’un sentiment d’abandon s’installe chez les chefs des wilayas. Ce sentiment allait s’accentuer sous le poids des lourdes responsabilités assumées seules par les Wilayas. Il a fini par se transformer en défiance à la fin de la guerre.

Voilà le contexte dans lequel s’est tenue la réunion des colonels en décembre 1958. Tels sont les motifs qui ont poussé les colonels à se concerter. Les décisions qu’ils ont prises lors de leur conclave ne sont pas connues dans leur totalité. Ont-ils convenu d’instaurer une coordination, une sorte de Commandement unique, assumé à tour de rôle par chacun des colonels ? Ont-ils décidé de dépêcher le colonel Amirouche à Tunis pour porter à la connaissance de la direction nationale la réalité de la situation qui prévalait à l’intérieur du pays ? Nous ne le savons pas. Mais ces sujets furent bel et bien évoqués, semble-t-il. Par contre, il est établi que les colonels ont réellement décidé et mis en exécution une aide à apporter aux Wilayas I et VI qui en ont exprimé la demande, aide à laquelle ont répondu favorablement les autres Wilayas par esprit de solidarité militante et de fraternité combattante.

S’agissant de la Wilaya I, I’aide consistait à l’assister à rétablir l’ordre, mis en danger par ceux qu’on appelait les mouchaouichine (perturbateurs) qui contestaient l’autorité de la Wilaya. Ces désordres étaient alimentés par des oppositions tribales et des considérations de leadership. Mustapha Benboulaïd, grâce à son aura, a pu fusionner, sous la bannière ALN-FLN, toutes les énergies des gens des Aurès et des Nememchas. Ce Géant disparu (le 22 mars 1956), ses successeurs n’ont pu consolider son œuvre et rencontrèrent beaucoup de difficultés. Quant à la Wilaya VI, l’aide consistait à l’assister dans son action contre les maquis MNA qui se sont implantés sur son territoire. Les partisans du MNA ou se réclamant comme tels sont issus de l’armée du « général » autoproclamé Bellounis, après l’implosion de cette armée fantoche en juillet 1958.

Qui était Bellounis ? Militant du PPA et du MTLD, il décide de rester fidèle à Messali Hadj lors de la crise du MTLD. Dès 1955, il crée un maquis dans la vallée de la Soummam. Refoulé par l’ALN, il part en direction du Sud et rejoint un autre chef messaliste, Cheikh Ziane, qui est à la tête de 300 hommes environ dans la région de Ouled Djellal. A la mort de Ziane (décédé de façon mystérieuse), Bellounis en prend le commandement. Après l’affaire de Melouza, il prend contact avec l’armée française, pactise avec elle pour lutter contre l’ALN-FLN. L’armée française l’équipe, lui permet de recruter, entraîne son armée qui comptera 3500 hommes. Mais, Bellounis est un personnage complexe, incontrôlable. Il nourrît même le rêve de devenir le chef de l’Algérie indépendante. Il multiplie les exactions contre les populations, se crée un fief et un PC à la sinistre réputation, Haouch Ennaas. Ne lui faisant pas confiance, l’armée française provoque l’implosion de son « armée ». Il est tué par les siens en juillet 1958. La grande partie de son « armée » rejoint les casernes françaises. Une partie de ses hommes se réfugie dans les montagnes de Djelfa et de ses environs. Ils se réclament du MNA. Leur cible c’est l’ALN. L’armée française leur assure une parfaite immunité.

La Wilaya VI, la plus récente, ne pouvait combattre sur deux fronts : contre l’armée coloniale et contre les bandes messalistes. Elle avait donc besoin d’assistance. L’aide que les colonels des Wilayas avaient décidé d’apporter aux Wilayas I et VI consistait en l’envoi d’unités provenant des autres Wilayas. Nul ne conteste que la Wilaya IV a fait le plus gros effort et a dispensé aux Wilayas sœurs l’assistance la plus conséquente. Elle a mis à la disposition de la Wilaya I deux katibas : le commando Ali Khodja de la Zone 1 et le commando Si M’hamed de la Zone 2. La Wilaya VI allait accueillir une katiba : le commando Djamal de la Zone 3. Ces trois commandos étaient des katibas aguerries, bien armées, les meilleures unités de la Wilaya IV.

Début février 1959, notre commando quitte l’Ouarsenis et rejoint sa nouvelle zone d’affectation en Wilaya VI. Vers la fin du même mois, il est en Zone 1, au Djebel Had Essahari – non loin de Hassi Bahbah – où il a son premier accrochage avec un groupe d’ex-bellounistes. Quelques jours plus tard, à Ouadjh El Battan, en Zone 2, toujours en Wilaya VI, le commando a un grand accrochage, même terrible. C’était le 3 mars 1959. Nous étions en compagnie d’une katiba de la Zone 3, Wilaya VI, dirigée par l’aspirant Zorzi. Nous avons enregistré au total 23 morts et blessés. La katiba de Zorzi, plus exposée que notre commando et qui a repoussé plus d’assauts de l’ennemi qui voulait percer nos lignes, a eu plus de pertes que notre commando qui a enregistré 4 morts et autant de blessés.

Après plusieurs haltes dans différents « marakiz », nous sommes à Djebel Thameur, vers la mi-mars 1959. C’est la Zone 3 de la Wilaya VI dont une katiba nous accompagnait. Le commandement des katibas est assumé par un militaire, le lieutenant H’souni Ramdhane. Le 28 mars 1959, nous sommes depuis quelques jours à Sfissifa, à environ 3 heures de marche de Djebel Thameur. Le matin, vers 8h, nous apercevons des convois de camions qui roulent en direction de Djebel Thameur. Nous n’étions pas sûrs de leur destination. Vers 11h, c’est une noria d’avions qui bombardent Djebel Thameur, ce qui a dissipé notre doute quant à la destination des camions aperçus plus tôt dans la matinée. Ils se dirigeaient donc vers Djebel Thameur. Un autre convoi, sûrement des renforts, a pris la même destination, vers 14h-14h30. Les avions continuaient de piquer sur leur cible. Nous n’entendions pas les déflagrations, mais nous apercevions au loin, à l’aide de jumelles, le gros nuage de poussière soulevé par la course des camions que nous ne pouvions pas, cependant, compter.

Cette opération nous intriguait. Nous avions quitté Djebel Thameur depuis quatre ou cinq jours. Nous n’avions laissé personne derrière nous. En fin de journée, nous avons envoyé une patrouille sur les lieux. Nous attendions avec impatience son retour prévu dans la soirée du 29 mars 1959, les déplacements ne pouvant se faire que de nuit. Vers 18h, ce jour-là, un flash d’information est annoncé à la station radio que nous écoutions sur un transistor. C’était le général Challe, commandant en chef de l’armée française en Algérie, qui parlait. Il annonçait la mort à Djebel Thameur des colonels Amirouche et Si El Haouès survenue le 28 mars 1959. Il félicitait les unités ayant participé à l’opération. Ce fut un choc terrible pour tous les djounoud et un moment de grand dépit. Nous aurions aimé être avec nos chefs à Djebel Thameur et nous ne doutions pas que l’issue du combat aurait été tout autre. Deux katibas occupant la crête, positionnées convenablement, disposant de tranchées construites par l’ALN, bénéficiant d’abris naturels, véritables grottes, protégées par d’imposants rochers, auraient pu tenir toute la journée et se replier la nuit tombée.

Le 30 mars 1959, à Ouadjh El Battan, nous avons réussi, notre commando et la katiba de Zorzi, à contenir les assauts de l’infanterie, supporter d’intenses bombardements et le pilonnage des batteries de canons. Dès la tombée de nuit, nous avions pu décrocher, transportant nos blessés. Après une longue marche, qui a duré toute la nuit, nous avons rejoint notre merkez à Meni’a. Djebel Thameur offre d’ailleurs une meilleure topographie que Ouadjh El Battan. De retour à notre merkez, Sfissifa, la patrouille envoyée sur les lieux à Djebel Thameur nous décrit le champ de bataille : des corps calcinés, d’autres disloqués gisaient au pied de grandes falaises.

Il s’agissait, sans aucun doute, de corps de djounoud qui avaient épuisé leurs munitions et que les troupes françaises avaient précipités dans le vide du haut des falaises. La patrouille avait découvert la carcasse d’un avion abattu par les nôtres, un T6. Le petit détachement des deux colonels avait résisté de longues heures. Il ne pouvait s’en sortir, le combat étant trop inégal. Voilà de grands chefs de l’ALN qui furent surpris par une armée ennemie nombreuse, alors qu’ils n’avaient qu’une petite escorte qui les accompagnait. Comme tous les autres chefs, ils refusaient de mobiliser de grands moyens pour leur protection personnelle. Cette attitude était aussi celle de Didouche, Benboulaïd, Zighout, Bougara, Lotfi, Salah, Bounaama. Ils étaient modestes, humbles, égaux avec leurs djounoud face au danger, à la mort.

Au bout de quelques jours, nous avions pu rassembler des informations et compter nos morts. Les moudjahidine qui furent la cible de l’opération ennemie, à Djebel Thameur, étaient au nombre d’une trentaine. Un groupe de dix à onze éléments était sur place avant l’arrivée des deux colonels et leurs accompagnateurs. Ce groupe disposait d’une mitrailleuse MG 42, de fabrication allemande. Accompagnait Amirouche et Si El Haouès, le groupe du commandant Amor Driss, doté d’un fusil-mitrailleur de type FM BAR. Une dizaine d’autres éléments, officiers et djounoud, constituait l’escorte des deux colonels. Succombèrent lors du combat, en plus de Amirouche et Si El Haouès, le commandant Larbi Baarir, le lieutenant Mohamed Benslimane et tous les autres moudjahidine, hormis trois. Furent faits prisonniers : le commandant Amor Driss, déjà blessé en Wilaya III ; blessé une seconde fois, il n’a pu effectuer l’escalade jusqu’à la crête de la montagne de Djebel Thameur. L’armée française l’a transféré à Djelfa où il fut torturé avant d’être liquidé.

Egalement fait prisonnier, le sous-lieutenant Larbi Abdou, blessé deux fois et qui est encore en vie. L’aspirant Kouider a disparu ; il se serait rendu à l’ennemi et c’est lui qui a révélé la présence des colonels à l’armée française. Son sort reste inconnu. Ce sont là les informations recueillies dans les premiers jours qui ont suivi la mort des deux chefs de Wilayas ainsi que des officiers supérieurs et du reste des moudjahidine qui se trouvaient sur place. Ces informations ont été complétées, depuis, par le témoignage des cadres et officiers de la Wilaya VI ainsi que par le récit de Larbi Abdou. Il est aujourd’hui établi que le groupe venait de Djebel Mimouna. De là, rejoindre Djebel Thameur nécessite deux étapes à effectuer de nuit. Sur ordre de Si El Haouès, le groupe a décidé d’effectuer le trajet en une seule étape. Au lever du jour, il n’avait pas achevé son ascension du Djebel Thameur et se retrouva donc à découvert. Il aurait pu être repéré par l’armée française qui a déclenché immédiatement une opération.

L’armée ennemie avait acquis de l’expérience et disposait de moyens qui lui permettaient de monter une opération en très peu de temps. C’est une première hypothèse. Seconde hypothèse : l’opération visait en fait notre commando et la katiba de la Zone 3, l’armée française pensant que nous étions encore à Djebel Thameur. Lorsque nous y étions, nous avions envisagé d’attaquer la garnison de Aïn El Melh et récupérer son armement. Pour ce faire, nous avions envoyé deux éclaireurs en civil pour la reconnaissance des lieux. Arrivés au petit village, ils s’attablèrent à l’unique café où ils ont vite été repérés par deux harkis. Nos djounoud n’hésitèrent pas à les abattre avant qu’ils n’alertent la garnison, récupérèrent leurs armes et se replièrent. Cette action a pu conduire l’armée française à suspecter la présence d’une unité ALN à Djebel Thameur qui est la montagne la plus proche de Aïn El Melh. Enfin, troisième hypothèse, il s’agit d’une opération ordinaire de ratissage déclenchée par l’armée française comme elle en a l’habitude et qui lui permit, par pur hasard, de tomber sur nos deux colonels et les officiers qui les accompagnaient.

Nous apprîmes aussi que les deux colonels, accompagnés par Amor Driss et son groupe, se dirigeraient vers Djebel Boukhil et qu’ils regagneraient, après plusieurs étapes, Oued Souf d’où ils franchiraient la frontière pour passer en Tunisie. Ils auraient choisi cet itinéraire parce qu’ils le considéraient comme étant moins dangereux que le chemin qui passe par le Nord. Amor Driss les accompagnait car il connaissait mieux que tout autre le vaste territoire de la Wilaya VI. Ont-ils été mandatés, lors de la réunion d’Ouled Askeur (décembre 1958), à l’effet de se rendre en Tunisie pour y rencontrer la direction politique, exposer la situation sur le front intérieur et communiquer les décisions arrêtées ? Ou répondaient-ils à une convocation pour assister à une réunion en Tunisie ?

Après ce terrible événement, le commando Djamal et la katiba qui l’accompagnait continuèrent de traquer les partisans du MNA. La tactique que nous avons adoptée consistait, dès qu’ils étaient signalés, à progresser de nuit vers leur position, de les encercler et de donner l’assaut à l’aurore. A la fin de l’opération, nous déplacions les nomades qui campaient avec eux, contraints ou consentants, et nous les renvoyions vers le Nord sous bonne escorte. Nous avons pu ainsi, après plusieurs mois et nombre d’actions, nettoyer les maquis et refouler les dissidents bellounistes au-delà du djebel Boukhil, limite naturelle de l’Atlas saharien. Les bellounistes ne constituaient plus un danger. Ceux qui échappaient à nos coups se réfugièrent dans le Grand-Sud. Le mouvement MNA allait se manifester dès la conclusion du cessez-le-feu entre le GPRA et le gouvernement français.

La Wilaya VI a su gérer et anéantir les velléités du MNA dans son dessein de se voir reconnaître une représentativité. Avec le sentiment du devoir accompli, le commando quitte la Wilaya VI, fin juillet 1959, et entame le chemin du retour en Wilaya IV. C’était l’été, les nuits sont courtes et les journées longues. La vigilance était de règle, pour ne pas être repéré et se faire accrocher par l’ennemi. Nous avons traversé la Zone 1, puis la Zone 2 de la Wilaya IV pour arriver à l’Ouarsenis, en Zone 3 où le conseil de wilaya avait établi son PC.

Le grand périple qui nous a mené de la Wilaya VI jusqu’à notre point d’attache en wilaya IV, nous a permis de nous rendre compte des irréparables préjudices, violences et des ignobles méfaits que les forces françaises ont fait subir aux populations. Nous avons vu l’ampleur des destructions indescriptibles commises par ces mêmes forces et des dévastations qu’elles ont fait subir à la nature et aux dechras, à la faveur de la fameuse offensive lancée au printemps 1959 par de Gaulle et le général Challe avec l’aide de l’OTAN. Au PC, je rencontre les commandants Si Salah (Rabah Zaâmoum) et Si Mohamed (Djillali Bounaâma). Si M’hamed Bougara avait disparu, le 5 mai 1959. Le conseil de la Wilaya IV ne comptait que deux membres. Je rends compte de notre mission aux responsables de la Wilaya. Je dois remettre un rapport écrit.
-yabous le 20/07/2010

mokrani.a.



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