Algérie

Témoignage du moudjahid Mohamed Meftah, compagnon de Souïdani Boudjemaâ



Témoignage du moudjahid Mohamed Meftah, compagnon de Souïdani Boudjemaâ
Mohamed Meftah, moudjahid qui avait activé dans la région de la Mitidja, était parmi les compagnons du chahid Souïdani Boudjemaâ. « J'ai participé à l'attaque qu'a menée Tahar Bounila et ses compagnons contre l'usine de fabrication de papier de Baba Ali. Mon rôle aux côtés de Bentobal, un cousin à Lakhdar Bentobal, était de dynamiter le pont pour retarder l'intervention de l'armée francaise et permettre ainsi aux moudjahidine de battre en retraite en toute sécurité », se souvient-il. Mais avant ce coup d'éclat, Souïdani Boudjemaâ a réuni, la veille du 1er novembre, à Haouch Gros, un domaine agricole situé à quatre kilomètres de la ville de Boufarik, ses hommes. Objectif : lancer également des opérations contre les bases militaires de Boufarik et de Blida. « Ces attaques avaient pour but de récupérer des armes et des munitions pour la Révolution », précise Mohamed Meftah. « L'opération a été vraiment suicidaire et nous le savions », témoigne l'ancien moudjahid. Et c'était donc à travers la population que la collecte des armes a commencé. « On nous remettait des mitraillettes 44 et des pistolets qui dataient de la Seconde Guerre mondiale. C'est avec ces armes que la peur a changé de camp », rappelle-t-il. Après les attaques de la caserne et de l'usine de Baba Ali, l'armée française lança la chasse aux moudjahidine. Plusieurs personnes ont été arrêtées, torturées et emprisonnées. « A Soumaâ, Souïdani Boudjemmaâ avait tiré une balle dans la tête à un Algérien collaborateur de l'armée française. A partir de là, ceux qui ont échappé à la vigilance de l'armée française ont rejoint le maquis », explique le moudjahid qui relate la période de l'arrivée des soldats français qui avaient participé à la Seconde Guerre mondiale pour mater la révolution. « C'est à cette période-là que la guérilla a commencé et nous abattions ces gaillards pour récupérer leurs armes. Plusieurs de ces militaires français demandaient à repartir en France car ils n'arrivaient pas à faire face aux combats dans les villes. Nous combattions des démons, pas des hommes, a écrit un soldat français à ses supérieurs pour demander son rapatriement », relate Mohamed Meftah qui revient sur les causes du déclenchement du la lutte armée. « A l'époque, c'est le blocage politique. Nous sommes arrivés à une phase de saturation où il fallait trouver une solution avec les messalistes et les centralistes dont les divergences divisaient les Algériens. Nous avions tenu avec eux une réunion au cours de laquelle, j'ai constaté qu'ils maîtrisaient très bien la politique, mais nous ne parlions pas le même langage. »


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