Témoignage des paramédicaux

-Nous travaillons plus qu'un médecin ! (Hayet, 15 ans de service. Infirmière diplômée au service de pédiatrie de l'hôpital de Rouiba.
Salaire : 26 000 DA.) J'ai toutes les raisons de faire grève. J'ai un bac +3. Je me retrouve dans un métier où je ne suis pas considérée alors que tout le travail est accompli par les infirmières. Personnellement, il m'arrive souvent d'être la première à  arriver au service et la dernière à  le quitter. Nous sommes en permanence avec les enfants malades. Nous ne pouvons pas les laisser sans surveillance. Nous travaillons plus qu'un médecin ! Et les infirmiers se retrouvent parfois à  faire le travail des autres. Il y a quelques jours, une collègue a été agressée par une personne qui s'est fait passer pour un mendiant empêché d'accéder au service. Nous travaillons tout le temps dans la saleté et de mauvaises conditions. Notre priorité est le malade, mais le temps est venu d'améliorer notre situation.

-Dix à  quinze pansements en une heure ! (Rachid, 29 ans de service en tant que paramédical au service d'orthopédie de CHU Béjaïa.
Salaire : 25 000 DA) Comment voulez-vous que je reste insensible à  ce qui se passe ' Un paramédical qui est rémunéré à  19 000 DA n'est pas en mesure d'assurer des soins de qualité. Concrètement, nous avons au CHU de Béjaïa un infirmier pour 20 à  30 malades ! Nous sommes appelés à  réaliser plusieurs tâches à  la fois : pansements, hygiène, déplacement des malades… sous une pression permanente. La journée commence à  8h et se termine à  16h. Je commence par les soins en faisant le tour avec mon chariot dans tout le service. Je complète avec les examens complémentaires pour certains malades. Après les heures de visite, je continue mon travail avec les soins de l'après-midi. Je fais entre dix à  quinze pansements en une heure ! Nous sommes tout de même des àªtres humains. Le paramédical a toute la charge du travail du médecin qui n'est qu'un prescripteur.


-Un infirmier pour quarante malades ! (Meriem, 32 ans de service. Responsable des urgences au CHU de Constantine.
Salaire : 32 000 DA) Avec 40 heures de travail par semaine, la charge est énorme. Et si je m'amuse à  respecter les horaires administratifs tels qu'ils sont fixés, je laisserai tomber la moitié de mon travail. Il m'arrive de rentrer chez moi à  20h. Je n'arrive pas à  comptabiliser mes heures de travail. Nous avons un infirmier pour environ quarante malades et parfois pour tout le service. Et c'est pour cette raison que je fais grève et je suis plus que jamais déterminée à  débrayer. Mon augmentation salariale ne dépasse pas les 1100 DA par an. C'est tellement dérisoire que je proteste. Je rassure tout le monde : le service minimum est assuré pour les urgences vitales et pour les services d'hospitalisation.