Algérie

Témoignage d'un voyageur : Silence, c'est la gare de M'sila



Témoignage d'un voyageur : Silence, c'est la gare de M'sila
C'est le récit d'un voyageur qui a emprunté « la micheline » reliant M'sila à Bordj Bou Arréridj pour tester cet autorail récemment inauguré. A l'issue d'un court pèlerinage à M'sila, j'ai été ébahi par la fulgurante expansion urbaine de cette cité, capitale du Hodna, en passe de se transformer en un gigantesque technopôle pratiquement superposé au centre de gravité de l'Algérie septentrionale. Cette expansion, qui est loin d'être fortuite, traduit toute la mesure des efforts consentis par les pouvoirs publics et en particulier par les programmes de développement initiés depuis 2000, pour désenclaver de larges pans de l'arrière-pays.A cet égard, on peut citer la réalisation de la traverse ferroviaire Bordj Bou Arréridj - M'sila qui relie désormais cette dernière quotidiennement à Alger et Constantine. Par curiosité, j'ai décidé de prendre l'autorail tout récemment inauguré par le ministre des Transports. J'ai donc pris la décision de me rendre directement à la gare fraîchement étrennée par les M'silis. Le bâtiment flambant neuf, au milieu d'un quartier non moins récent, offrait l'image d'un sanctuaire. Pas âme qui vive aux alentours. Le hall de la gare, ses alentours, les passages souterrains, les travées, la salle d'attente, les quais étaient totalement vides et les guichets fermés. Un silence de cimetière.Après un coup d''il furtif en direction d'une fresque inspirée d'un tableau d'Etienne Dinet, je me suis risqué à m'approcher de la micheline de deux cents places à la beauté fatale, même si une épaisse couche de poussière la couvrait. Après l'avoir admirée quelques instants, et redoutant d'être pris en flagrant délit d'intrusion, je me suis hâté de quitter les lieux. De derrière une cabine, j'ai aperçu une tête. Un policier en faction. j'ai tapoté sur le carreau pour annoncer ma présence. Mi-surpris, mi-étonné, il sortit pour s'enquérir sur le pourquoi de ma présence. Edifié par ma réponse, l'agent m'a appris qu'il n'y a pas de réservation la veille et qu'il faut se présenter, demain, à six heures trente pour acheter le billet.Le lendemain, ce n'est qu'une demi-heure avant le départ du train bleu que le guichet a été ouvert. Le jeune cheminot, qui achevait de délivrer les derniers billets aux voyageurs arrivés à la limite de l'horaire du départ, me rejoignit à l'intérieur de l'élégante micheline pour me conter, la mort dans l'âme, les vicissitudes auxquelles lui et ses collègues font face pour accomplir leur mission au niveau d'une infrastructure ouverte aux quatre vents avec un sous-effectif affligeant en personnel de sécurité, alors que la gare ferroviaire se trouve sur un passage risqué dans la mesure où la ville de M'sila est située sur un axe où les groupes terroristes demeurent encore très actifs.Outre cette tare, le guichetier me fit part d'autres inconvénients non moins pénalisants pour l'entreprise ferroviaire à savoir, l'absence de microordinateurs, de téléphones pour le public, de cafétéria, d'hôtesses, d'entretien... et la liste est encore longue. Pour terminer, pressé qu'il était de s'adonner à d'autres tâches, il me fit cette confidence pleine d'enseignement : « Nous excellons, au grand dam du bon sens et de l'efficacité, dans l'art de mettre la charrue (les wagons ') avant les b'ufs ! ».


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