Algérie

Témoignage d’un journaliste algérien


«Ma» rencontre avec Hassan Nasrallah... C’était durant la deuxième quinzaine de juillet 2000, dans le bureau de Nasrallah au siège du Hezbollah en banlieue sud de Beyrouth, que le chef du «Parti de Dieu» s’est entretenu avec deux journalistes algériens. J’étais, avec un collègue d’El Khabar, l’un d’eux. Le motif de notre déplacement au Liban et plus précisément au QG de Hizboallah, cet été de l’an 2000, n’était pas des moindres: le retrait des forces israéliennes du Sud Liban, après 22ans d’occupation, le 24 mai 1978. Le chikh Hassan Nasrallah, comme l’appellent les Libanais, était content de recevoir parmi ses premiers interlocuteurs des médias «des frères venus du pays de la Révolution». C’est, paraît-il, pour cette raison, qu’il nous a accueilli avant les médias américains, français et italiens. C’est également pour cette raison qu’il se confiait avec un peu plus de franchise. Il parlait évidemment de la fête qui venait juste de commencer dans le Sud Liban et partout ailleurs mais également de la nouvelle stratégie de son Parti, de capacités militaires de Hezbollah et de l’avenir. L’avenir du Liban, des 35.000 soldats syriens restés sur la zone, et à mi-voix des relations entre l’Iran et le Liban ou plus précisément la relation entre Téhéran et Hezboallah. Pas de triomphalisme Cinq jours après les raids israéliens sur le Liban, et six ans et deux mois après cette rencontre, les propos du chef du Hezbollah s’avèrent d’une magnifique actualité. En ce mois de juillet 2000, Nasrallah se refusait à tout triomphalisme après l’évacuation du Sud Liban par l’armée israélienne. Immédiatement après le retrait, qui succéda à une guerre d’usure des années durant par les quelque 4 à 5.000 combattants de Hezbollah, Nasrallah affirmait avec une rare volonté que la guerre n’est pas finie, tant qu’Israël occupe toujours les fermes de Chébaa. Elles le sont jusqu’à aujourd’hui. C’est donc à juste titre qu’il a refusé de parler de «retrait total», lui préférant celui de «redéploiement». Lutter contre la «tumeur cancéreuse» A ceux qui, même parmi les pays arabes, qui affirmaient que Nasrallah s’efforce en réalité de préserver la légitimité de son combat contre l’Etat hébreu, il répond sans emphase que le départ des Israéliens du Sud Liban ne règle pas la question de la présence illégale et illégitime d’Israël sur d’autres territoires libanais, ne règle pas le sort des réfugiés palestiniens, en expliquant qu’en cas d’attaque de ces derniers contre Israël le Hezbollah sera la force la mieux à même de lui répondre. Nasrallah voulait démontrer, avant tout, que la mission de son mouvement ne s’achève pas avec la fin de l’»occupation». Le temps lui a donné raison. Il disait et sans détour que «la guerre contre l’entité sioniste durera tant que cette tumeur cancéreuse; «Israël» ne sera pas extirpée...». Et de confier que de toutes les façons, Hezboallah est résolu à défendre la moindre parcelle de terre libanaise. Des propos prémonitoires A l’époque et sur la bande qui sépare l’Etat d’Israël du Liban, dans le Sud fraîchement libéré, nous étions tentés de croire que Hezboallah a les moyens de sa politique. Mieux encore, depuis 2000, la capacité militaire et financière du Hezbollah, a été renforcée. A l’époque déjà, des responsables affirmaient que 12.000 roquettes sont pointées vers Israël et peuvent atteindre Haïfa. Les combattants contrôlent parfaitement le long de la frontière israélo-libanaise, envoyant, de temps à autre, des roquettes sur Israël. Cette situation est considérée à Tel Aviv comme une menace stratégique constante. On comprend par conséquent l’acte de guerre d’Israël contre le Liban et on comprend encore aisément la promesse de Hassan Nasrallah, de riposter, et de frapper à l’intérieur du territoire israélien. Quand il dit aux Israéliens avec son calme légendaire «Vous avez choisi une guerre totale contre une nation qui a de la capacité, de l’expérience et du courage», ce n’est pas seulement de la guerre psychologique.
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