Algérie

Témoignage d'un ex-otage écossais/ Il rend hommage à ses collègues algériens «Nous avons une dette éternelle à leur égard»



«Je ne pourrais jamais assez dire de bien de ces gars qui ont décidé de nous aider à nous échapper», a souligné Alan Wright, employé de BP, sur le site de Tiguentourine, quant au dévouement et au courage des travailleurs algériens.
Alan Wright, 37 ans, employé de BP, s'est caché pendant près de 30 heures dans un bureau avec quatre autres étrangers et des employés algériens sur le site, alors que les coups de feu faisaient rage à l'extérieur, et ceux-ci ne les ont jamais laissé tomber. «Les Algériens pouvaient se déplacer librement. Alors, on se disait : s'ils sortent, ils (les preneurs d'otages) vont leur demander d'où ils viennent et ils vont venir fouiller ici», a-t-il relaté sur la chaîne Sky News. «C'était ma plus grande crainte : qu'ils se rendent et que nous soyons pris», a-t-il expliqué depuis son domicile en Ecosse. «Nous avons une dette éternelle à leur égard». Alan Wright a raconté qu'au moment de l'attaque, quand la lumière avait été coupée, les employés du site ne s'étaient d'abord pas inquiétés, mais «tout a changé» quand ils ont appris que c'était l'action d'un commando. Le lendemain matin, «nous avons entendu les portes s'ouvrir et quelqu'un rentrer. Une voix très amicale nous a dit «bonjour» en arabe. Nous étions sûrs que c'étaient les terroristes qui essayaient d'attirer les gens dehors. Nous avons alors réalisé que nous étions dans de beaux draps. Mais ils ont cru que le bâtiment était vide». «Ce sont ces Algériens qui ont monté l'évasion du petit groupe et qui lui ont donné un chapeau pour qu'il ait «moins l'air d'un expatrié». Ensuite, «ils ont découpé le grillage (autour du site) et ça y est, nous étions partis». «Je ne pourrai jamais assez dire de bien de ces gars qui étaient avec nous dans ce bureau et qui avaient la possibilité de se rendre et d'être en sécurité mais qui ont décidé de rester avec nous et de nous aider à nous échapper», a souligné l'ex-otage. L'otage écossais s'est inquiété du sort de ses camarades portés disparus. «Nous avons joué au football ensemble mardi soir, et maintenant, je ne sais pas qui est rentré et qui ne l'est pas. C'est un sentiment vraiment horrible».
La presse US et l'attaque contre le site
«Une conséquence de l'opération de l'Otan en Libye»
Ils ont admis que la crise des otages du site gazier de Tiguentourine (In Amenas), ainsi que la bataille qui fait rage au Mali et la mort de l'ambassadeur américain à Benghazi en septembre dernier, sont les conséquences de l'opération de l'OTAN menée contre la Libye en 2011. Sous le titre «les attaques djihadistes en Afrique du Nord révèlent le côté sinistre du printemps arabe», le New York Times souligne, dans son édition d'hier dimanche, que l'Algérie «avait, pourtant, mis en garde des répercussions sur la région de l'Afrique du Nord de toute intervention militaire en Libye pour l'éviction de Mouammar Kadhafi». Aussi, souligne le quotidien new yorkais, même les avertissements de l'ex-dirigeant libyen quant à l'avènement d'un chaos dans la région «se sont avérés, finalement, prémonitoires», en rappelant sa mise en garde dans laquelle il avançait, précise le journal, que «les gens de Ben Laden viendraient imposer des rançons sur terre et sur mer». Pour l'expert américain, Robert Malley, cité par NYT, «c'est l'un des aspects les plus sombres des soulèvements arabes» relevant que la prolifération des armes en Libye, la désorganisation de ses services sécuritaires et la porosité des frontières sont une «véritable aubaine pour les djihadistes». Selon le quotidien new-yorkais, l'attaque terroriste menée contre le site pétrolier de Tiguentourine «reflète le chaos qui règne en Libye depuis ces deux dernières années». Certes, «les hommes qui se battent sous la bannière du djihad ont accumulé, depuis plusieurs années, d'énormes liquidités par la contrebande et d'autres activités criminelles, mais la chute de Kadhafi a été le point de basculement», écrit le quotidien. Abordant la crise malienne dans ce sillage, le New York Times souligne que «le gouvernement algérien est considéré comme un pays crucial par la France et d'autres pays occidentaux pour faire face aux militants islamistes en Afrique du Nord». Néanmoins, ajoute-t-il, les réticences de l'Algérie pour une vaste campagne militaire au Mali «s'expliquent par les risques qu'elle comporte dans la mesure qu'une action internationale contre la prise de contrôle islamiste dans le nord malien pourrait pousser les groupes terroristes vers le sud algérien». «Cela réduirait à néant des années de lutte sanglante menée par les forces militaires de l'Algérie, qui ont largement réussi à repousser les djihadistes hors de leurs frontières», souligne le quotidien.
Revue US Foreign Policy
Une réponse et un signal
Pour sa part, la prestigieuse revue américaine a affirmé que le mode opératoire pour lequel a opté l'Algérie pour mettre fin à la prise d'otages du site gazier d'In Amenas «a été non seulement une réponse à une crise particulière, mais il a été un signal pour l'avenir».
«Si cette attaque terroriste a été conçue comme un changement dans le jeu des terroristes destinée à annoncer de futures attaques, l'Algérie a démontré que cette nouvelle tactique ne réussira pas», souligne dans son article Geoff Porter, expert américain des affaires de l'Afrique du nord. A ce propos, il a souligné que face à certaines critiques quant à la gestion de cette crise, l'Algérie devrait rétorquer à ses détracteurs que la crise était «le résultat direct de l'ingérence étrangère en Afrique du Nord et au Sahel». L'Algérie, rappelle-t-il, avait averti, en 2011, que «l'intervention de l'OTAN en Libye conduirait à l'effondrement de l'Etat libyen et que le flux d'armes tombées entre les mains des terroristes pourrait déstabiliser la région». En outre, poursuit cet expert, Alger «a également averti que toute approche militaire face à l'instabilité dans le nord du Mali présente le risque d'une escalade du conflit et augmente la probabilité d'attaques terroristes islamistes en Algérie». Par conséquent, «la communauté internationale est indirectement responsable de ce qui s'est passé (dans le site gazier de Tiguentourine) et elle est mal placée pour dicter à l'Algérie comment elle aurait dû agir», a-t-il soutenu. Concernant le conflit malien, il soutient que «les prises de position du gouvernement algérien sont justifiés par l'attaque du site gazier». Par conséquent, estime-t-il, «il sera plus difficile pour la France et ses alliés, dont les Etats-Unis, de convaincre l'Algérie à soutenir la campagne militaire dans le pays».
Deux Canadiens parmi les terroristes tués
Deux Canadiens figurent parmi les terroristes tués dans l'assaut de l'armée sur le site gazier d'In Aménas où un groupe terroriste a mené une spectaculaire prise d'otages faisant de nombreuses victimes, a rapporté ce lundi la chaîne Ennahar TV. «Les corps de deux terroristes de nationalité canadienne ont été découverts à In Aménas», selon Ennahar qui cite des sources sécuritaires.
6 Philippins tués, 4 portés disparus
Six Philippins ont été tués, par balle ou dans des explosions, et quatre autres sont portés disparus, a annoncé ce lundi le gouvernement philippin. «La mort de six Philippins est une conséquence directe de la prise d'otages. Plusieurs sont morts par balles ou de blessures subies lors d'explosions», a dit à la presse Raul Hernandez, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Quatre «manquent à l'appel», a ajouté le porte-parole. Il est confirmé que douze Philippins qui étaient sur les lieux de la prise d'otages sont sains et saufs, a-t-il ajouté. Manille avait d'abord annoncé que 16 ressortissants avaient survécu, mais sur ces 16 personnes employées sur le site, quatre étaient en fait déjà rentrées chez elles aux Philippines pour des vacances. Raul Hernandez n'a pas pu donner de détails sur les circonstances de la mort des Philippins. «Je ne peux pas dire s'ils ont été exécutés», a-t-il dit.
Santos impute aux terroristes la mort d'un otage colombien
Le président colombien, Juan Manuel Santos, a imputé hier, dimanche, aux terroristes, la responsabilité des meurtres survenus lors de la prise d'otages à In Amenas, confirmant qu'un travailleur colombien figurait parmi les victimes. «Je voudrais être très clair. Pour le gouvernement de Colombie, les responsables de ces morts, dont celle d'un Colombien, sont les terroristes. Sur eux et eux seul retombe la responsabilité de ce qui s'est passé là-bas», a affirmé M. Santos dans une déclaration à la presse. Le chef de l'Etat a confirmé qu'un compatriote, Carlos Estrada, employé de British Petroleum (BP) depuis 18 ans et qui travaillait sur le complexe gazier d'In Amenas ''' . «Tout semble indiquer qu'il se trouvait dans le groupe de personne qui sont mortes dans un bus», a-t-il précisé. M. Santos a indiqué avoir parlé par téléphone avec la veuve de ce dernier, qui résidait à Londres depuis 4 ans.


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