Témoignage

Repose en paix, cher et regretté Mohammed Benchehida ! Ta mort a été violente comme l’est la société. Un étudiant pas content de ton intégrité s’en prend à ta personne jusqu’à t’envoyer dans l’au-delà. Une vingtaine de coups de couteau m’a-t-on dit! Il a fini par avoir son 20 et toi une existence en vain. Ne les a-t-on pas trop habitués à négocier leur note pour «boucler», comme ils disent? Ne les a-t-on pas trop perverties, ces jeunes gens, que nous préparons pour la relève? Ta disparition meurtrière témoigne d’un dépassement de la ligne rouge où le passage à l’acte n’est plus une question de poésie –toi, le défenseur pragmatique bien connu sur les ondes locales, du Melhoun. Ta collaboration à la direction de ce département de français de l’université de Mostaganem n’aura pas été vaine, cependant. Tu étais pour la rigueur car tu avais foi en cette jeune progéniture et te projetais dans une Algérie enfin débarrassée de ses démons fratricides. Tu voulais voir s’élever une jeunesse compétente et fière de son algérianité. Tu voulais donner à ta ville –symbole de tout un pays– les joyaux de demain. Ne regrette rien. Viendra le jour où des compatriotes tels que toi redonneront à ce pays ses valeurs d’humanisme et d’élévation de soi; valeurs qui ont tant prévalu dans cette Andalousie qui nous a toujours fascinés. Si tu rencontres Ibnu Sina ou bien Ibn Arabi, dans ton Paradis des intellectuels sacrifiés pour la Patrie, n’oublie pas de leur dire que rien n’arrêtera la vie. Car la vie, c’est Dieu qui la procure et tous ces lâches que l’aveuglement emporte finissent là où notre Créateur se défait de ses «opposants».  Repose en paix, cher universitaire digne de ce nom. Sincères condoléances à la famille. Ton collègue et complice, Abdou Elimam