Le marché algérien de la téléphonie mobile est-il déséquilibré ' Une question qui suscite des divergences et des convergences.
Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Le marché algérien des télécommunications mobiles est-il réellement déséquilibré ' Une question pertinente et dont la réponse semble être affirmative à se référer à certaines interventions médiatiques. Cité samedi dernier par l'agence nationale de presse, le P-dg de l'opérateur public de téléphonie mobile Mobilis avait explicité le plan d'investissement que son entreprise compte lancer jusqu'en 2017 et qui vise à améliorer ses parts de marché, en passant de 29% avec 11 millions d'abonnés à 45%. Selon Saâd Damma, la réussite de ce plan, pour lequel un montant de 2 milliards de dollars sera consacré, est liée à l'intervention de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT). Selon le premier manager de l'opérateur public, l'objectif de Mobilis en termes de parts de marché est possible à atteindre notamment si l'autorité de régulation intervient, comme il se fait de par le monde, pour équilibrer le marché et empêcher la domination de l'un des opérateurs. Certes, le P-dg de Mobilis évoquait cette intervention de l'Autorité de régulation sectorielle dans une perspective historique du marché et d'autant qu'il ne doit pas y avoir, dans l'absolu, de situation de prédominance et qu'il s'agit d'éviter le dumping. Toutefois, Saâd Damma n'a pas formulé de demande d'intervention et l'ARPT œuvre à assurer la régulation du secteur, tient-on à préciser au niveau de l'opérateur public. Cela même si Mobilis, de par son statut d'entreprise publique, est soumise aux règles du code des marchés publics. Par ailleurs, l'opérateur public est confronté à la concurrence de deux opérateurs privés, filiales de groupes étrangers et qui disposent de toute latitude concernant l'acquisition d'équipements et la maîtrise des coûts. Pour autant, ce souci d'un marché équilibré, l'opérateur concurrent Nedjma, appellation commerciale de Wataniya Télécom Algérie (WTA), le partage également. Ainsi, «Nedjma plaide pour un rééquilibrage du marché», indique un communiqué de WTA qui observe que «Nedjma partage avec Mobilis ses déclarations officielles qui soulignent que l'intervention de l'ARPT est un élément-clé de sa stratégie globale dans la mesure où elle est indispensable pour pallier le déséquilibrage actuel du marché». Et d'expliquer que «depuis 2007, Nedjma sollicite l'adoption par l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications de mesures réglementaires destinées à assurer le rééquilibrage du marché de la téléphonie mobile». Or, «le rééquilibrage du marché permettra, en effet, de garantir les conditions d'une concurrence loyale et empêchera tout abus de position dominante, position occupée par Orascom Telecom Algérie depuis 2002», note le communiqué. Il s'agit essentiellement, relève le directeur adjoint chargé des relations publiques de Nedjma, Ramdane Djazairi, «d'assurer une bonne régulation du marché et de prévenir qu'un opérateur n'obtienne une position dominante». Soit que la détention de la majorité des parts de marché par un opérateur ne lui permette pas d'imposer ses diktats en matière de tarifs et d'interconnexions notamment et de dominer le marché. Un principe qui, met-on en avant, doit s'appliquer à Orascom Telecom Algérie (OTA, du nom commercial Djezzy). Et cela de par son statut d'opérateur dominant reconnu par l'ARPT, indiquent des observateurs, et dans la mesure où cet opérateur doit appliquer les dispositions régissant les tarifs depuis 2007 et ne pas favoriser ses abonnés au détriment des autres usagers. Or, la notion de position dominante mérite clarification, d'autant que la réglementation reste incertaine sur le seuil requis, plus de 45% ou plus de 50%. En ce sens, la position dominante de Djezzy s'expliquerait notamment, selon ces derniers, par le fait qu'OTA réalise un chiffre d'affaires supérieur à ceux de ses deux concurrents. A ce propos, l'opérateur OTA se refuse à tout commentaire. «Nous n'avons rien à déclarer», dira le directeur marketing de Djezzy, Hamid Grine. Néanmoins, d'autres observateurs réfutent qu'OTA, confrontée à diverses pressions politiques, économiques et financières, ait une position dominante ou cherche à imposer ses diktats. Dans la mesure où la part de marché de Djezzy qui compte 17 millions d'abonnés n'excède pas 44%, tandis que Mobilis et Nedjma comptent respectivement 11 et près de 9 millions d'abonnés, soit une position similaire. Comme ils observent que Djezzy n'engage pas une politique exagérée en matière promotionnelle et de mécennat financier. Ce faisant, cette quête de rééquilibrage du marché et le débat sur la position dominante surviennent au moment où Mobilis lance un ambitieux plan d'investissement et qui pourrait, à terme, lui conférer une position de marché plus importante.
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Posté Le : 24/07/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : C B
Source : www.lesoirdalgerie.com