Considéré comme un
pas essentiel vers un marché concurrentiel dans la téléphonie fixe et de
l'Internet haut débit (Adsl), le dégroupage de la
boucle locale au Maghreb avance différemment selon les pays. Consacré au Maroc,
sans les résultats espérés, engagé lentement en Tunisie, il est promis en
Algérie pour 2012, mais devrait prendre encore plusieurs années avant d'être
effectif. Au grand dam de la concurrence et, peut-être, au grand profit de la 3G.
Au Maroc, l'idée
du dégroupage de la boucle locale a été lancée officiellement en 2004 par
l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) dans le
cadre des «objectifs et évolution des télécoms» pour la période 2004-2008.
Il a fallut
attendre trois ans plus tard, en 2007, pour voir l'opérateur historique, Itissalat Al Maghrib (IAM ou
Maroc Télécom), proposer un «dégroupage partiel» qui consistait à louer une
bande de fréquences hautes permettant à un opérateur tiers d'offrir un service
Internet Adsl à ses clients. Censée être moins
coûteuse que le dégroupage total, l'offre d'IAM n'a
pas suscité de l'engouement.
Un an plus tard, IAM
passe au dégroupage total (voix et données) de la boucle télécoms. A ce niveau,
la réussite est plus dans le volet téléphonie fixe qui a vu l'entrée de deux
autres opérateurs, que dans le segment Adsl où
l'opérateur historique reste dominant.
En arrivant en
même temps que le déploiement de la 3G (Internet mobile haut débit), l'offre de
dégroupage total n'a pas connu un grand succès concernant l'Internet. Résultat,
à fin décembre 2011, le marché de l'Internet Adsl
reste dominé à 99,87% par Itissalat Al Maghrib.
Quant à la
téléphonie fixe, elle a connu un essor important puisque au moins un des deux
opérateurs entrés en lice a pu prendre une part importante dans ce segment. A
fin 2011, Wana Corporate
détenait une part de marché globale dans le fixe de 64,59% (dont 75% dans le
segment résidentiel), contre 34%,79% à IAM, et 0,62% pour MediTelecom.
Lent processus en
Tunisie
En Tunisie, et
après la révision, en 2008, du code des télécommunications. L'Instance
Nationale des Télécommunications (INT, régulateur) a adopté, en avril 2009, une
décision «fixant les éléments relatifs à l'accès à la boucle locale, à la colocalisation physique et à l'utilisation commune de
l'infrastructure que doit contenir l'Offre Technique et Tarifaire
d'Interconnexion de la
Société Nationale des Télécommunications». En octobre de la
même année, «un groupe de travail permanent» a été institué pour «le suivi de
la mise en Å“uvre du dégroupage de la boucle locale».
Le décret consacré
à l'accès à la boucle locale, promulgué en septembre 2008, prévoit deux formes
de dégroupage. Un «dégroupage total qui consiste en la mise à disposition de la
partie métallique précitée du réseau permettant l'accès totalement dégroupé à
la boucle locale» et un «dégroupage partiel qui consiste en la mise à
disposition des fréquences non vocales disponibles sur cette partie du réseau
permettant l'accès partagé à la boucle locale».
Le 22 septembre 2010,
l'INT adopte une décision «portant établissement de nomenclature des coûts
pertinents pour le dégroupage de la boucle locale». Dans ce document, sont
détaillées les méthodes de calcul des coûts de l'ensemble des prestations et
équipements entrant dans le dégroupage.
Malgré tout ce
travail réglementaire, les choses n'avancent pas beaucoup. Lors de la réunion
d'information du 06 décembre 2011, portant sur l'ouverture de la boucle locale
à la concurrence, Tunisie Telecom (opérateur
historique) a estimé que «le respect du principe réglementaire d'orientation
des tarifs du dégroupage vers les coûts dicté par le décret (précité, ndlr) nécessite de rééquilibrer les tarifs de détail de la
téléphonie fixe de Tunisie Telecom qui sont estimés
être en dessous des coûts».
En réponse à cette
doléance, l'INT a promis «d'accompagner Tunisie Telecom
dans la réalisation de son plan de rééquilibrage tarifaire dans les meilleures
conditions». Dossier à suivre.
L'Algérie, peut
mieux faire… si la volonté y est
En Algérie, une législation
en faveur du dégroupage de la boucle locale est prévue pour cette année, dans
le cadre de la révision de la loi sur les télécommunications. Dans l'entretien
accordé au Quotidien d'Oran/Maghreb Emergent par le ministre de la Poste des Technologies de
l'information et de la communication (MPTIC), Moussa Benhamadi,
avait expliqué que «dans le domaine des télécoms» le dégroupage «est essentiel
si nous voulons booster la concurrence et donner la possibilité à d'autres (opérateurs,
ndlr) de venir investir sur la boucle locale pour
offrir des services à haute valeur ajoutée».
Selon lui, Algérie
Télécom (AT) devrait se spécialiser «dans sa mission d'opérateur des
opérateurs», qu'elle «se décharge de la prise en charge des besoins des
citoyens à travers des ISP ou d'autres opérateurs», pour se consacrer à
«développer son réseau haut débit et assurer la connexion à ces opérateurs».
A ce stade, les
contours du dégroupage ne sont pas encore clairement définis pour le cas de
l'Algérie. Plus tôt la loi sera adoptée, plus vite le secteur des TIC entamera
un processus qui risque d'être aussi long, si ce n'est plus, que celui de ses
voisins marocains et tunisiens pour voir enfin un dégroupage total de la boucle
locale pour le grand bénéfice de l'usager.
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Posté Le : 08/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdelkader Zahar
Source : www.lequotidien-oran.com