Algérie

Télécoms en dérangement


Télécoms en dérangement
La semaine dernière, sur ces mêmes pages, nous lisions tous l'interview du gendarme des ondes, Mme Derdouri, présidente de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications. Nous pouvions la voir y dresser un tableau « normal » de la situation d'un secteur, vache à lait pour certains et casse-tête pour d'autres. Le jour qui précéda cet article, Algérie Télécom (AT) coupait la connexion à l'Eepad, privant du coup des milliers de foyers et des centaines d'entreprises de leurs accès à Internet. Ce coup signait, pour la deuxième fois, l'arrêt d'un opérateur téléphonique en Algérie, après la mise à mort de Lacom, opérateur de téléphonie fixe à capitaux égyptiens. Au même moment, les opérateurs mobiles subissent des pressions du gouvernement avec la taxation arbitraire des paiements électroniques et la multiplication des contrôles fiscaux. Parfois aussi, refus de délivrance d'autorisations ou d'agréments nécessaires au développement de leurs activités et à l'accroissement de leurs investissements. Et en parallèle, une trentaine de providers privés algériens et étrangers végètent faute de pouvoir accéder à la fameuse boucle locale (câble téléphonique entre les centraux téléphoniques et le client final, NDLA) qui appartient au contribuable algérien ou du moins au ministère des Postes et des TIC, et non à AT comme le prétend l'opérateur historique. Non contents de bloquer les câbles, l'Etat bloque aussi les ondes. Trop peu (ou pas dans le cas du WiFi) de licences d'exploitation d'infrastructures sans fil ont été accordées, parfois à des entreprises n'ayant pas les moyens de leurs politiques, entraînant de la part de ces rares élus une rationalisation des moyens, un retard d'investissement et tarifs trop élevés pour le marché. Résultat des courses, l'Algérie accuse un retard flagrant dans le domaine des hautes technologies, et l'argument alibi des trente millions d'abonnés au téléphone mobile tombe à l'eau lorsqu'on sait qu'en moyenne seuls trois SMS envoyés par mois sont enregistrés par abonné, et que les utilisateurs réguliers de l'internet mobile ne dépassent pas la centaine de milliers. Le téléphone mobile étant réduit à sa plus simple expression. Revenons à l'Eepad. Ce pionnier du service en ligne occupait depuis cinq ans déjà, indûment mais très officiellement, les lignes de l'opérateur historique, alors que ce dernier refusait et refuse encore cette faveur aux autres providers. Pis, il aura fallu quatre ans à AT pour réclamer le paiement des créances d'Eepad au titre d'exploitation des lignes. Comment expliquer un réveil si brutal et aussi subit d'AT si ce n'est dans un cadre plus global de « mise au pas » d'un secteur grand pourvoyeur d'emplois et de richesses, et seul grand secteur économique ayant résisté à la crise financière globale ! Dix ans après « l'ouverture » des télécoms, l'Algérien a du mal à se connecter, paye dix fois plus cher un service dix fois moins performant qu'ailleurs, ne peut ni acheter, ni vendre, ni travailler sur Internet, n'a pas accès aux médias autres que classiques et rêve toujours d'une silicone Ouadi à Sidi Abdallah. L'Etat aura, en l'espace de dix ans, relevé le défi d'appliquer des modèles de gestion anachroniques à un secteur des plus modernes de l'économie.  >   
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