Algérie

Tel un fauve guettant sa joie ...



Tout petit déjà et passant par là, je regardais sa vitrine qui ne ressemblait à aucune autre. Mystérieuse elle l'était, interdite elle me le paraissait, je m'y approchais sans y coller mon nez, de crainte d'être aperçu par ce gardien enragé. Qui était-il? et que surveillait-il? cet espace me semblait vide de tout objet de valeur, seules quelques silhouettes picturales ornaient ces murs jaunis par le temps et par ses cigarettes. Il a dû en brûler des milliers, face à son journal flétrit, relevant à peine sa tête il me lançait un regard menaçant, tel un fauve prisonnier de sa cage. Il n'en fallait pas plus pour prendre ma fuite ...

Des années passèrent, une trentaine ou plus. A chaque aller retour, j'en apprenais une chose ou deux sur lui. Photographe c'est ce qu'il était, le Sahara son paradis ; il l'avait sillonné en immortalisant des centaines de clichés de lieux magiques avec des portraits de personnages d'un autre temps.

Mais il me fallait l'approcher, l'interroger et connaître son histoire. Je n'avais plus peur de lui mais j'appréhendais sa rencontre et puis enfin je franchis le pas. Timidement je m'avançais, gentiment il m'accueillit ... les cloisons tombaient, le film pouvait commencer. Désormais, nul besoin de l'apostropher, ses mots coulèrent à flot, décrivant son parcours avec délectation, depuis son enfance dans une oasis de Ouargla, jusqu'à son installation à Alger, en passant par ses pérégrinations aux confins du désert algérien. Humaniste, il faisait de la photo un acte de résistance, dans un monde qui ne cessait de muter. La survie même de sa galerie dans un boulevard où l'argent fait loi est un acte de bravoure. Mais de quoi vivait-il? de foi et d'amour pour son pays et son métier, d'un visiteur comme moi qui passait par là dans un désert d'ingrats, mais tel un fauve, il me guettât je devenais sa proie, j'étais sa joie ..

 Hommage à Abdesselam Khelil

 




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