Algérie

Technologies de surveillance et libertés



Nouvelles guerres d?images Juste une trentaine, a-t-on dit. Cibles déclarées : la délinquance urbaine et le terrorisme, sous toutes leurs formes. Avant cela des espaces de forces de sécurité, administratifs, diplomatiques et commerciaux ont tissé leurs toiles de surveillance de proximité. Même si face aux affres connues par la société algérienne depuis une quinzaine d?années cette nouvelle police sans matraque directe peut-être perçue seulement comme un renforcement de sécurité proposé par l?Etat aux citoyens, des questions soulevées ailleurs dans le monde sur ces dispositifs gestionnaires d?un incommensurable domaine de données et de libertés méritent d?être posées sans tarder. Avec cette préoccupation d?éthique déjà posée il y a 2400 ans : « Qui surveillera ceux qui surveillent ? » L?illustration du dispositif de caméras renforcé en France et la prolifération ? en face - du phénomène du « Cyberdjihad » permettent concrètement de pointer des dimensions des nouvelles guerres d?images. Le rapport annuel de la Commissions nationale informatique et des libertés (CNIL), récemment publié en France, a lancé une « alerte à la société de surveillance », d?autant que s?est exacerbée la tentation du nouveau pouvoir à étendre la toile de surveillance par caméras. L?un des principaux points mis en exergue est : « L?innovation technologique est à la fois porteuse de progrès et de dangers. Les individus sont tentés par le confort qu?elle procure, mais ils sont peu conscients des risques qu?elle comporte. Ils ne se préoccupent guère de la surveillance de leurs déplacements, de l?analyse de leurs comportements, de leurs relations, de leurs goûts, de leurs libertés ». La CNIL, à l?instar d?autres instances de régulation spécifiques à ce domaine exerçant en Etat de droit, est confrontée au double défi d?accompagner le bien fondé de la lutte contre les terroristes ? dont l?ingéniosité démoniaque est sans limite - mais aussi la nécessité de « provoquer une prise de conscience collective » contre les actes illégaux de l?Exécutif et ses services de sécurité. Dans le même temps elle doit faire face à une autre tentation grandissante aussi des intérêts économiques à étendre les lieux et dispositifs de surveillance pour protéger leurs affaires. Le rapport de la CNIL note qu?en 2005, elle avait enregistré 300 déclarations de mise en place de systèmes de videosurveillance ; en 2006, le nombre est monté à 880. La sophistication des dispositifs est aussi frappante, tant les techniques se perfectionnent. L?Internet et la wi-fi permettent la saisie aussi du son, avec la possibilité de compter la clientèle à l?entrée et à la sortie des magasins. Ainsi que la détection immédiate de colis suspects. Le président de la CNIL pointe la complication des tâches de son instance par l?évolution technologique. « La technologie tend à devenir invisible. D?abord « parce que de plus en plus de traitements de données sont réalisés à l?insu des personnes et permettent de tracer leur déplacements physiques dans les transports en commun, leurs consultations sur Internet, leurs communications téléphoniques. Ensuite, parce qu?avec les nanotechnologies, à l?échelle du milliardième de mètre, il sera bientôt impossible de distinguer à l??il nu si une technologie informatique est présente dans un objet ». Entre autres protagonistes de la nouvelle forme de guerre par les images que d?aucuns inscrivent dans le sillage de la « troisième guerre mondiale », avec sa cohorte d?Etats sans autorité réelle sur de vastes territoires leur appartenant (Afghanistan, Irak, Somalie, Liban?), les cyberdjihadistes tracent leur toile de recrutement et de propagande. Conflits mais aussi concurrence y sont rudes. La chaîne américaine tout info CNN a réussi un coup d?espionnage samedi dernier en interceptant, avant sa mise sur le Web une vidéo de Ben Laden. Le document n?a circulé sur le Net que dimanche. De quarante minutes il est essentiellement composé d?anciens clips. Sans précision du lieu et du moment où les 50 secondes d?images de nouvelle apparition du chef d?Al-Qaida ont été tournées. L?interception du document opérée par CNN augure aussi des foisonnantes possibilités de propagandes et contre propagandes en gestation.


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