Technicotactic

Si j'étais moi le raïs de ce bled, je me comporterais en dictateur. Attention, par dictateur, il ne faut pas penser tueur ou «emprisonneur». Il n'y aura ni asile ni geôle. Rien de tout cela. La dictature à moi est plus douce, humaine. J'entretiendrais fi bladi un vivier d'illettrés en réduisant a minima le degré d'éducation scolaire.
Ainsi préparé, du chaâb, on en fait des laborieux, fortunés ou pas, auxquels il sera demandé beaucoup de sacrifices. Oui, mais j'insisterai pour leur procurer bezzaf el-ma, parce que la soif peut provoquer la colère. Sous mon règne, il y aura de l'électricité à gogo, des prises partout. Il sera fait de sorte que le poste de télévision soit à la portée de toutes les bourses. Il sera même subventionné par ma houkouma comme produit de première nécessité (pour mon règne, bien entendu). Hakda, ils la regarderont tous les jours, koul youm, dès leur plus jeune âge.
Dans cette télévision, je mettrais de faux dieux à adorer et un joli programme paissant au pied d'un arbre squelettique qui cacherait des forêts entières de connaissances. Afin qu'au bout d'un certain temps, l'ignorance et la bêtise deviennent les attributs majeurs de mon peuple moutonnier.
A ces kabache, je donnerais aussi un téléphone portable gratuitement, pour qu'ils ne se sentent pas seuls et se rassurent les uns les autres en parlant, avec les quelques kalimette apprises à l'école buissonnière, des stars qu'ils auraient vu briller à la télévision. Ils auront tous la liberté de se livrer aux songes en plein jour sous l'influence du film, la pub, la météo, le tirage du Loto, les documentaires animaliers, les émissions de divertissement, sans parler du sport, du sport et des sportifs, leur vie, leur fortune..., l'identification obligatoire des dieux du stade, les archétypes d'un esprit sain dans un corps sain.
Avez-vous déjà fait attention au nombre impressionnant d'antennes paraboliques plantées sur la tête de notre pays, comme des oreilles tout ouie, oui, oui... Des oreilles bonnes à tirer '