L'arrivée de l'hiver est marquée de changements climatiques notables, c'est
la saison du froid par excellence, du gel matinal, notamment dans les villes de
l'intérieur du pays, sur les Hauts Plateaux de l'Est, mais aussi un changement
dans certaines habitudes culinaires ; froid oblige on penche plutôt pour tout
ce qui est gras et chaud, très tôt le matin.
Ces ouvriers artisans ouvrent leurs boutiques exiguës, peu entretenues, ne
contenant ni chaises ni tables, faisant partie intégrante d'un circuit de
l'alimentation dite populaire, à bas prix, que beaucoup de personnes issues
notamment des milieux défavorisés, empruntent encore. Les lève-tôt sont servis
les premiers ; il y a ceux qui savourent sur place un beignet, encore brûlant, tout
juste retiré d'une vaste poêle utilisée pour la cuisson. Celle-ci ne dure
vraiment que deux à trois minutes, le temps nécessaire pour que le beignet
devienne croustillant. D'autres, en l'occurrence certains chefs de famille
attendent leur tour pour emporter quelques pièces servant au petit déjeuner de
toute la famille.
Le beignet est ainsi façonné dans une pâte onctueuse préparée la vieille ;
il est ensuite plongé dans une huile bouillonnante dont le crépitement donne
une atmosphère particulière à ces lieux. L'odeur de la friture se répandant en
dehors de la boutique, allèche les passants qui se pressent à l'intérieur de
l'échoppe, par ce matin nuageux et frais de ce mois de janvier.
Dans le temps, ce métier était considéré peu valorisant, une activité peu
lucrative que seuls les sans-grades pratiquaient afin
de faire vivre leurs familles nécessiteuses. La profession est transmise de
père en fils. Aujourd'hui encore quelques fabricants de beignets oeuvrent, telles
des reliques d'une époque révolue.
C'est le cas aussi de ces vendeurs à la criée de fèves ; celles-ci, bouillies
dans une sauce relevée de cumin sont dégustées sur les places publiques ou à
proximité des écoles. Avec l'avènement de produits alimentaires de fabrication
industrielle, les gens délaissent peu à peu, les produits du terroir pour le
«prêt à gober», aux vertus nutritives douteuses. Les étals des surfaces
commerciales et autres magasins dits spécialisés en sont carrément accaparés. Le
beignet, le bol de pois chiches ou de fèves sont réduits dès lors, à presque
rien et deviennent des curiosités. Ils sont encore quelques-uns à en tirer
profit et à les apprécier à leur juste valeur, aussi bien chez les
consommateurs que chez ceux qui les préparent. Des professions ancestrales qui
risquent de disparaître.
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Posté Le : 08/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Chabana
Source : www.lequotidien-oran.com