Algérie

Tébessa: le tapis des Nememcha, témoignage vivace de l’identité culturelle locale



Tébessa: le tapis des Nememcha, témoignage vivace de l’identité culturelle locale
TEBESSA - Patrimoine matériel et témoignage vivace de l'identité culturelle authentique, le tapis traditionnel des Nememcha plonge ses racines dans l'histoire de la région de Tébessa, préservant au fil du temps des caractéristiques uniques avec des couleurs et des motifs aussi expressifs que singuliers.

Les artisans spécialisés dans le tissage du tapis de Nememcha œuvrent, en dépit de l'évolution technologique, à préserver ce patrimoine culturel, léguer le métier aux générations montantes et promouvoir ce produit artisanal dans les différentes régions du pays et à l'étranger.

La qualité des matières utilisées comme la laine et les couleurs naturelles variées, en plus de la délicatesse du tissage et les motifs à la symbolique évocatrice de l'environnement, sont autant d'éléments qui confèrent au tapis des Nememcha de Tébessa une spécificité le distinguant des autres tapis algériens et charment les passionnés d'articles traditionnels.
Source de revenus pour plusieurs dizaines de ménages dans les communes de Bir Mokadem, Chréa, Bedjene et Tlidjene, le tapis des Nememcha marie authenticité et modernité à la faveur d'une remarquable alliance de couleurs pétillantes et de motifs conçus avec dextérité.

Selon l'artisan Dahbi Allouche, collectionneur d'objets du patrimoine et tisserand de tapis traditionnels, le tapis des Nememcha conserve toute sa place au sein des ménages de Tébessa, notamment ceux des régions rurales pour lesquels ce tapis reste un élément incontournable dans la maison.

Croisant les fils d'un tapis qu'il était en train de tisser avec habilité et délicatesse, cet artisan a fait remarquer à l'APS que "ce métier, qui exige beaucoup de patience et de perfection, n'est pas l'apanage des femmes puisque le tapis est tissé même par les hommes''.

''Les artisans passent entre deux à trois mois derrière leur métier à tisser pour confectionner un tapis en fils de laine aux couleurs multiples'', a-t-il ajouté, soulignant que cette activité constitue une source de revenus pour de nombreuses familles.
L'artisan a également affirmé qu'il existe différents types de tapis des Nememcha, tels que "El okda'', "Derraga'', "Hembel'' et "El Haouli'', autant de variantes utilisées quotidiennement pour s'assoir, se couvrir ou en guise de décoration.

Artisane activant dans ce domaine, Yasmina Brahmia a indiqué pour sa part, que de nombreuses familles des régions rurales et reculées de la wilaya de Tébessa, perpétuent encore ce métier et veillent à initier, notamment les jeunes filles, au tissage du tapis des Nememcha pour en assurer la sauvegarde et la pérennité.

Selon cette artisane, le tapis des Nememcha est tissé avec passion, d'ailleurs plus ses couleurs indélébiles sont belles et harmonieuses, et ses motifs attractifs, plus le résultat reflète l'attachement de ses fabricants à leur région.

Pour Mme Brahmia, le tissage du tapis des Nememcha nécessite de grandes quantités de laine ovine tondue d'une manière traditionnelle, puis soigneusement lavée et nettoyée avant d'être cardée et filée manuellement à l'aide du "kardech" et du "meghzel".

"La laine est par la suite teinte avec des produits totalement naturels à l'instar du khôl, du meswak, du henné, l'écorce de grenade et du safran'', a souligné l'artisane, assurant que les artisans effectuent cette étape "manuellement et sans aucun recours à des additifs chimiques''.
Après le séchage des fils de laine colorés, l'artisan entame le tissage du tapis sur Essadaya (métier à tisser) en usant de la Khelala pour tasser les fils entre eux, un travail minutieux dont la durée diffère en fonction des motifs, des couleurs et des dimensions du tapis, a précisé Mme Brahmia.



L'estampillage, tributaire du respect des critères exigés

L'estampillage du tapis Nememcha, destiné à la vente à l'intérieur du pays et à l'exportation, est une garantie de la qualité du produit, mais cela nécessite le respect de certains critères en vigueur, a considéré la directrice de wilaya du Tourisme, de l'Artisanat et du Travail familial, Amina Belghith.

Selon la responsable, l'estampillage réclame le respect des conditions légales ayant essentiellement trait à l'utilisation de produits naturels (laine, coton, colorants) pour le tissage du tapis, qui doit en outre être neuf, présenter une face et des côtés bien réguliers et symboliser l'authenticité et le patrimoine culturel.
L'opération relève du Centre régional d'estampillage du tapis (CRET) de Tébessa, quatrième du genre dans le pays, chapeautant 11 wilayas de l'Est en l'occurrence Tébessa, Batna, Oum El Bouaghi, Khenchela, Souk Ahras, El Tarf, Skikda, Mila, Annaba, Guelma et Constantine.

D'après les statistiques, le Centre a examiné 395 tapis des différentes wilayas depuis sa création en 2016 jusqu'au 31 mars dernier et estampillé 86 tapis, dont 21 au cours du premier trimestre de l'année 2021.

L'opération d'estampillage, a souligné la responsable, permet de préserver l'authenticité du produit et de le protéger de la disparition et de l'imitation, faisant savoir qu'une réflexion est engagée actuellement pour promouvoir ce tapis dont la production a nettement reculé suite à la pandémie de la Covid-19.


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