Algérie

Tébessa: La triste réalité d'une vie morose



En cette fin d'hiver 2020, les journées entament, petit à petit, leur étirement, dans la monotonie d'un mois de mars versatile, mi-figue, mi-raisin. Les gens s'en ressentent, cela se lit sur les visages anxieux, les réflexes caractériels, l'?il hagard.On comble comme on peut les vides d'une quotidienneté morose, à travers une errance guidée par l'ennui, qui s'impose pour certains, déambuler dans les rues pour oublier, le temps qui coule.
Les bancs publics font le plein d'une population dés?uvrée, les cafés affichent complets, quand on n'a rien à s'offrir, les loisirs, on les oublie, faute de pouvoir les créer, enfin les gens s'enlisent dans les ornières du déjà vu et vécu. On improvise des rencontres pour se raconter des histoires, pour parler du beau et mauvais temps, tiens justement, le changement brusque de temps, quelques gouttes de pluie qui redonnent espoir aux fellahs, après des semaines de sécheresse inquiétante. Les comportements se muent au gré des circonstances et des humeurs, les discussions se lient et se délient, autour de sujets vagues et confus, qui, faut-il le répéter, n'intéressent que très peu de personnes. Les dernières nouvelles, tantôt bonnes, pour ceux qui voient le verre à moitié plein, quelques lueurs d'espérance d'une actualité chargée, ce virus qui vient nous gâcher la vie et nous interpelle sur certaines règles élémentaires d'hygiène, de bienséance et de tenue. S'isoler n'est guère la solution, alors faudra-t-il procéder autrement, se munir du minimum de précautions nécessaires, s'armer de patience et de vigilance, ce virus, aussi dangereux soit-il n'est finalement pas une fatalité, on en a vu d'autres, de plus virulents. Et puis, ce volet d'une actualité politique et sociale qui fait réagir les gens, sous différents angles d'analyse, qui se veut lucide, quand il s'agit des retombées directes de la crise socio-économique, à plusieurs variantes, sur le citoyen monsieur tout le monde, considéré dans sa dimension sociologique et économique, notamment quelle sera sa réaction, lorsque les aspects rudimentaires de sa vie se voient bouleverser par tant de difficultés supplémentaires ' Comment sera fait son avenir proche, dans une conjoncture qu'il ne maitrise plus ' Tout ceci se ressent dès que l'un d'eux prend la parole pour évoquer le pouvoir d'achat, en net recul, des acquis sociaux, autrefois fierté de notre pays, de la dernière protestation, concernant un problème de raccordement aux réseaux d'AEP ou d'assainissement, d'une chaussée défoncée qui tarde à se faire retaper, d'une cité sans éclairage public, d'une école dépourvue de transport scolaire.
Les doléances s'enlisent dans la bureaucratie
Cela est l'échantillon représentatif des préoccupations des gens, quand, au même moment, leurs doléances soulevées aux autorités locales s'enlisent dans les lourdeurs bureaucratiques. Ceux-ci sont aujourd'hui sous la menace d'une panne sociale multiforme. Certains vous montrent du doigt son impact et ses effets immédiats, sous divers aspects, d'une vie de plus en plus compliquée. Quelles garanties pourraient-ils avoir, quand on s'oriente vers des changements, parfois radicaux, nous annonce-t-on, brusques, dans les méthodes de gouvernance au risque de chambouler un mode de vie hérité d'une société habituée à des règles de conduite ancrées dans des pratiques ancestrales, les gens seront-ils prêts à se défaire rapidement d'un ensemble de rambardes de protection sociale. Les listes des logements qui seront distribués, l'emploi comme priorité sociale, les échéances politiques prévues, sont autant d'escales passées en revue, avec le commentaire acerbe, en plus, comment sera demain ' En somme, le présent se conjugue au futur, on se projette dans l'avenir, les pieds bien englués dans les méandres d'un passé lourd. Le vent balaie la place de la Victoire (ex-Carnot), d'un hiver qui nous fait ses adieux, laissant derrière lui quelques regrets, des laissés pour compte, quelques pessimistes accrochés à leurs idées toutes noires et des chimères alimentant notre imaginaire. Pendant ce temps-là, les ruelles de l'ancienne ville de Tébessa hument les senteurs d'un passé révolu, au relent de la nostalgie, on se remémore les dates et les personnages d'une cité marquée de stigmates indélébiles, de ce que furent ses habitants, leurs espoirs et leurs malheurs. Les gens font dans le recommencement, dans le rituel, quand la ville oublie quelque peu ses marques, son parcours, ses valeurs, ses horizons, ses couleurs et sons de jadis, sa générosité, enfin la ville d'adoption, de l'enfance et de la jeunesse de Malek Bennabi donne l'impression de faire du surplace, avec le lourd handicap de ne pas pouvoir postuler à mieux, sans se délester des scories d'un marasme ambiant. Quand Tébessa relèvera la tête, en scrutant l'horizon, pour se dire tout est possible, il suffira d'ouvrir la fenêtre et aspirer une grosse bouffée d'oxygène et demain sera beau.


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