«Celle de Kissa est la meilleure, elle est peu acidulée, juteuse et bien charnue » disait quelqu'un tout en avalant une figue (kourd en jargon local) chez un vendeur installé tout près du mausolée de Sidi Bensaid, au centre de l'ancienne ville de Tébessa.
Un endroit tout indiqué, pour que le vénéré saint couvre de sa bénédiction, les gens venant goûter à ce fruit sauvage qu'on désigne par le vocable hindi'.
Autrefois appelé le fruit des pauvres, par ce qu'il était à la portée des petites gens, on allait la cueillir gratuitement à la campagne, sur les bords escarpés des oueds. De nos jours, la figue de barbarie est tout simplement élevée au rang de roi des fruits (soltane el ghala), tant son arrivée sur le marché (août-septembre) fait reléguer les autres fruits (pastèque, melon, raisin
) au second plan.
Et puis, c'est une découverte pour beaucoup d'entre nous, les bienfaits et vertus diététiques de ce fruit d'or, d'un cactus originaire du Mexique. Les vendeurs apparaissent comme à l'accoutumée sur les places publiques, qui de sa brouette remplie à ras le bord, qui de ses caissons exposés devant les passants, des fruits entretenus et arrosés à l'eau, pour leur donner cette brillance synonyme de leur fraîcheur.
Les connaisseurs estiment la qualité de la figue de barbarie selon trois critères: sa grosseur, la couleur de sa peau et sa saveur.
Depuis toujours, ce fruit domestiqué draine ses adeptes par groupes d'amis, qui n'hésitent pas à se déplacer, là où la figue de barbarie «karmous n'ssara» (figue des chrétiens) est considérée d'excellente facture. Celle de Kissa évidemment, dans la commune de Boulhaf Dyr mais aussi celle de Bir El Ater, El Meridj, Ain Zerga, Hammamet, elles aussi sont excellentes, mieux que celle introduite de Tunisie soutiennent certains.
En sus de sa nature de fruit comestible, la figue de barbarie a d'autres atouts, sa richesse en vitamine C.
Le cactus sauvage offre d'autres usages, l'alimentation animale (raquettes utilisées dans le fourrage), une formation végétale érigée en haies défensives contre l'érosion du sol. L'huile extraite de la figue de Barbarie est, paraît-il, parmi les plus chères au monde, elle est utilisée dans l'industrie des cosmétiques, entre autres.
En 2017, on fêtait la figue de barbarie, sous l'égide du Haut-commissariat de développement des steppes, de l'Association nationale de développement de la culture de la figue de barbarie et de la direction des Services agricoles. Une sorte de promotion de la filière, d'autant que la wilaya de Tébessa regorge de vastes vergers de figue de Barbarie, plusieurs milliers d'hectares, longtemps abandonnés à leur triste sort. La promotion consiste à la préservation des superficies existantes et leur extension, pour parvenir un jour à l'exportation des produits dérivés de la figue de barbarie transformée.
Pour l'instant, les gens dégustent leur hindi', en savourant son goût succulent, car dans quelques semaines la figue de barbarie, le fameux nopal amorce son crépuscule pour nous dire au revoir et à l'année prochaine.
Photo illustrative du présent article ajoutée par Akar Qacentina
Ali Chabana
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Posté Le : 16/08/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Ali Chabana
Source : Le Quotidien d'Oran du dimanche 16 août 2020