? Il était une fois, il y a une vingtaine d'années déjà, Tébessa organisait son festival du cinéma.Durant la décennie noire, l'Algérie offrait l'image d'un pays debout, seule contre l'hydre immonde du terrorisme. Le 7eme art véhiculait donc ce message fort d'une Algérie défiant toutes les difficultés et pour preuve cette manifestation culturelle tenue contre vents et marées. Et c'était grâce à la volonté affichée par les pouvoirs publics, les walis Zoubir Bensabane et Larbi Merzoug, entre autres, et puis le désir ardent d'un groupe d'amis de l'association «Amel» et son président Djamel Hariz, tous fans de cinéma, volontaristes à souhait. Une bande de copains qui parvenaient à tenir leurs engagements, pendant une huitaine de jours la ville de Tébessa vibrait aux effets magiques des couleurs et sons d'un cinéma renaissant de ses cendres.
Toute une génération ignorait ce que c'était un grand écran, puis d'un coup les projections se succédaient aux projections, dans une salle de cinéma unique «El Maghreb» devenue exiguë, devant l'engouement d'un public longtemps sevré de cinéma grandeur nature. Nos invités cinéastes et comédiens débarquaient et dans leurs bagages des ?uvres artistiques, des films de tous les goûts. Les regrettés Mustapha Badie, Larbi Zekkal, Sid Ali Kouiret, Mohamed Makhtari, Amar Laskri, le directeur de photos hors pair, Youcef Sahraoui et les autres Ahmed Benaïssa, Farida Saboundji, Moussa Haddad, Bahia Rachdi, sans oublier l'ami du festival venant spécialement d'Oran, Mohamed Bensalah, universitaire, spécialiste de l'audiovisuel.
Tard dans la nuit, des cinéphiles passionnés débattaient du long métrage de Mohamed Chouikh «L'arche du désert». Sid Ali Kouiret, le héros de «L'opium et le bâton» d'Ahmed Rachedi et «Le retour de l'enfant prodigue» de Youcef Chahine, «Ali mout ouakef» célèbre réplique du défunt Abdelhalim Raïs, prenait un bain de foule auprès de ses nombreux admirateurs. Pendant ce temps-là, les gens ne se lassaient pas de poser avec les comédiens étrangers invités pour ce festival, Samiha Ayoub, Mouna Wassef, le cinéaste égyptien Kamel Cheikh. Le réalisateur français, encore un disparu, René Vautier discutait avec les jeunes de ses escapades durant la révolution algérienne, près des frontières, pour filmer les premières images de la lutte de libération, des photos-choc, prises à El Kouif, El Meridj et Ouenza.
Pendant quelques années, le festival continuait d'émerveiller les citoyens et subitement le projecteur tomba en disgrâce, l'écran devint noir et la magie du 7eme art s'éloigna, pour laisser la place à un vide artistique et culturel que quelques rendez-vous événementiels n'arrivent plus à combler. De grâce, remettez en activité l'historique salle El Maghreb, peut-être en cinémathèque comme disaient certains.
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Posté Le : 05/08/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali Chabana
Source : www.lequotidien-oran.com