Le mois du ramadhan n'est plus l'apanage des seuls adultes, les enfants
eux aussi y viennent se mêler, comme pour revendiquer leurs parts du festin.
Sur les places publiques ou dans les alentours des marchés, ils sont de
plus en plus nombreux, on les voit débarquer dès les premières heures de la
matinée, chacun s'activant à sa manière à préparer son étal.
Ces petits commerçants arrivent des quartiers défavorisés, traînant
derrière eux des ballots ou des couffins remplis de produits alimentaires et
autres, prêts à la vente. Ces bambins d'une dizaine d'années prennent place
tout au long des chaussées, à proximité du marché central des légumes et fruits.
Ils s'appellent Nassim, Djamel ou Brahim, certains
sont exclus du système scolaire. Yacine (12 ans) au corps frêle, des yeux
pétillants d'innocence juvénile, nous propose ses feuilles de brik préparées à
la maison par sa maman. Plus loin, un autre garçon, Ahmed (14 ans), renvoyé de
l'école ou plutôt il l'a quittée pour venir en aide à sa famille, lui sa
spécialité, ce sont les petites herbes, persil, thym, menthe, des bouquets
exposés sur un cageot qu'il ne s'arrête pas de les asperger d'eau. Issu d'une
famille nécessiteuse dont le père est au chômage depuis des mois, le jeune
Ahmed pratique ce genre de commerce occasionnel, même en dehors du mois de
ramadhan, avec le pécule engrangé, il s'achète quelques vêtements ou aide sa
sÅ“ur aînée, élève du secondaire, ainsi, il se met déjà dans la peau d'un adulte
prenant en charge sa famille. D'autres enfants du même âge proposent à la
myriade de clients empressés leurs marchandises. La concurrence est légion dans
cette zone et chacun fait de son mieux. Ainsi, ils passent la journée à crier
et à attirer la clientèle, de plus en plus difficile à capter, jusque tard dans
la soirée, pour enfin plier bagages et retourner chez eux là où tout n'est pas
beau, des quartiers populeux sans grand attrait, en pensant à demain, un autre
jour de labeur pour tous ces petits que rien ne les prédisposent à être dans
cet état et pourtant leur ultime espoir, c'est de s'en sortir, au plus vite. Durant
tout ce mois de clémence, ces gosses mettent toute énergie dans un semblant
d'occupation, «mieux que rien», nous dit l'un d'entre eux.
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Posté Le : 06/08/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Chabana
Source : www.lequotidien-oran.com