Algérie

Tebboune pointe la Issaba



Le président de la République ne va pas par trente-six chemins pour accuser directement la fameuse bande d'être derrière la hausse vertigineuse des prix des divers produits, surtout ceux de très large consommation.M. Kebci - Alger (Le Soir) - Le président de la République est formel : les hausses que connaissent depuis des semaines les divers produits, dont notamment ceux de très large consommation et qui se trouvent être subventionnés par l'Etat, sont causées par la fameuse «bande» qui vise à créer la «confusion» et «l'anxiété» parmi la population. «L'ennemi juré de toute économie et du citoyen sont les spéculateurs et la spéculation», a-t-il affirmé, dimanche en soirée lors de sa traditionnelle rencontre avec des représentants des médias nationaux. Et à Abdelmadjid Tebboune de s'interroger : «Pourquoi les prix des pâtes en général augmentent même si nous n'avons pas augmenté les prix de la semoule, qui est restée subventionnée par l'Etat, ainsi que l'eau et l'électricité, qui restent, elles aussi, subventionnées '» Et de poursuivre : «Lorsque les prix des lentilles et des pois chiches augmentent au niveau international, nous essayons, en coordination avec l'OAIC, de ne pas les impacter sur les citoyens, mais lorsque le prix d'un produit local augmente, comme c'est le cas de certains légumes et fruits dont la production enregistre un excédent, cela signifie la présence de parasites qui suscitent ainsi de la confusion et de l'anxiété parmi les citoyens.»
Estimant que l'augmentation du salaire minimum de l'ordre de 25% a été «insuffisante» en raison, selon lui, de la «hausse des prix au niveau international ainsi que de la spéculation locale, triste ?uvre de spéculateurs qui sont le principal ennemi de l'économie», le chef de l'Etat a néanmoins rassuré, soutenant qu'ils «ne seront pas plus forts que l'Etat».
Comment ' À travers un projet de loi en cours d'élaboration par le ministre de la Justice et garde des Sceaux, qui devra être finalisé avant dimanche prochain et qui réserve 30 ans comme peine minimale dans les affaires de spéculation. «Toute personne prise en flagrant délit de spéculation risque désormais une peine pouvant aller jusqu'à 30 années de réclusion», a indiqué le président de la République.
Le président de la République a affirmé, toujours à l'effet de soutenir le pouvoir d'achat des citoyens pris entre le marteau des spéculateurs et l'enclume de la cherté de la vie, qu'en baissant les impôts et en augmentant les salaires, la balance retrouvera son équilibre.
«Nous avons essayé de diriger le choc de ces augmentations au Trésor public au lieu que ce soit les citoyens qui le reçoivent », affirme Tebboune, rappelant les dispositions préventives prises il y a à peine une année, comme l'exonération de l'IRG pour tous les salaires de 30 000 DA et moins et le relèvement du SNMG.
Un effort qui sera poursuivi mais corrigé l'année prochaine avec la réduction de l'IRG et l'augmentation du point indiciaire pour les fonctionnaires. «C'est une manière d'augmenter les salaires», a-t-il indiqué.
Pour une «immunité collective»
Abordant la crise sanitaire induite par la pandémie de Covid-19, le chef de l'Etat a clairement signifié son opposition à une «vaccination obligatoire». Ceci en dépit, a-t-il relevé, de la «lenteur de l'opération de vaccination et le peu d'empressement des citoyens à se faire vacciner». Et de plaider pour la recherche des «raisons derrière ce comportement face à la vaccination, tout en sensibilisant l'ensemble de la population au fait que la seule alternative pour vaincre cette pandémie et arriver à une immunité collective demeure la vaccination».
Assurant s'être «personnellement fait vacciner, et avoir aussi reçu le rappel», Tebboune a estimé que les gens sont plus tournés «vers la rumeur que vers la science et le savoir». Des rumeurs source de «peur» aux citoyens qui croient que le vaccin causerait de graves séquelles. Estimant que la vaccination est une question «technique et médicale et étudiée», le chef de l'Etat a rassuré en affirmant que l'Algérie a importé «suffisamment de vaccins et nous allons en fabriquer localement, tous doivent comprendre que ce n'est pas une question d'autorité qui a ordonné ou non, c'est pour se protéger et protéger les siens que chacun de nous doit se faire vacciner, c'est tout».
Et à Tebboune d'avertir quant à une «survenance d'un autre variant», d'où, selon lui, l'impérative «immunité collective suffisante pour y faire face».
«Nous sommes encore loin de nos prévisions et l'immunité collective nécessaire», soutient le président de la République au sujet de l'opération de vaccination qui continue, avec le vaccin qui est «disponible partout, même dans les coins les plus reculés de l'Algérie profonde et il ne reste aux Algériens qu'à se faire vacciner pour éviter un retour à la case départ».
Pas de recours au FMI
À une question liée aux réformes économiques nécessaires, le président de la République a exclu toute sollicitation du FMI (Fonds monétaire international) pour un éventuel endettement extérieur. «Nous n'irons pas à l'endettement», a-t-il clairement affirmé». Une option à valeur, selon Tebboune, de «suicide politique». Pour lui, «l'économie est une science sociale, pas une science exacte, et ce qui est appliqué dans d'autres pays ne sera pas forcément applicable dans notre pays».
Et d'ajouter que «le FMI, au sein duquel nous participons avec la plus grande part, 5 milliards de dollars US, vient nous dire qu'il n'est pas encore temps pour les réformes structurelles, alors que tous les pays qui sont aidés par le FMI se voient recommander d'engager en premier lieu des réformes structurelles».
Ce qui n'est pas le cas de la Banque mondiale qui, selon le chef de l'Etat, «s'est dite ravie des capacités de résilience de l'économie algérienne au moment où le monde entier se débat dans des difficultés réelles». Sur un ton rassurant, le président de la République a estimé que la croissance économique devrait frôler 4% l'année prochaine, alors que le FMI la situe à 2%. Ceci, a-t-il expliqué, grâce aux «profondes réformes structurelles menées sans qu'il y ait eu aucune pénurie d'aucune sorte».
Deux autres indicateurs rassurants, «l'importation réduite de moitié. De 60 milliards de dollars les années passées elle est passée à 30 milliards cette année», et près de 4 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures, une première depuis plus de 25 ans, a-t-il rappelé.
Les réformes bancaires et financières en butte à des réticences et des blocages
Par ailleurs, le chef de l'Etat a tenu à renouveler son appel à «l'accélération de ces réformes dans le secteur bancaire et financier», estimant que « nos banques fonctionnent de la même manière qu'elles le faisaient il y a de cela quinze ans ou plus, cela ne peut plus continuer. Le Premier ministre est un spécialiste en la matière et la volonté existe aussi bien chez lui qu'à d'autres niveaux et les réformes se feront, même s'il y a des réticences et des blocages divers». Aussi, Tebboune a rassuré au sujet de l'amenuisement des réserves de change, affirmant, sur un autre plan, la capacité de l'Etat à «absorber les capitaux du marché parallèle sans aller vers une démonétisation du dinar» qui, selon lui, «affecterait en premier lieu les salariés et les fonctionnaires». Pour lui, «changer de monnaie n'est pas la solution idéale et le problème de l'économie parallèle doit être résolu par le dialogue».
Pas de médiation entre Alger et Rabat
Sur le volet des questions étrangères, le président de la République a clairement signifié le «refus de toute médiation entre nous et le Maroc», afin, a-t-il expliqué, «ne pas assimiler l'agresseur à la victime».
Au sujet des mesures conservatoires prises par l'Etat en réaction aux attaques répétées du Makhzen, Tebboune a affirmé que l'Algérie «n'a plus besoin de l'ancien gazoduc qui traverse le sol marocain pour alimenter l'Espagne en gaz naturel, mais nous n'avons encore rien décidé avant la fin du contrat, qui court jusqu'au 31 octobre».
Sur un ton menaçant, le chef de l'Etat a affirmé que «celui qui nous cherche sait où nous trouver. C'est ce que je dis en réponse à la coopération entre le Maroc et les sionistes. Nous sommes un peuple de résistance et nous connaissons la valeur des guerres et de la poudre à canon, mais nous voulons la paix». Ceci sans que Tebboune fasse l'économie de rappels historiques en ce qui concerne les précédents actes hostiles du Maroc envers l'Algérie.
«Nous n'oublierons pas ce qu'a fait le régime du Makhzen qui a tenté de tronquer un morceau de l'Algérie et de l'y annexer immédiatement après notre indépendance. Le régime marocain a hébergé les seigneurs du terrorisme dans les années 90 dans des villas sur son territoire. L'Algérie ne permettra à aucun pays, aussi puissant soit-il, d'implanter des bases militaires sur son sol», a-t-il affirmé. «Notre terre est sacrée et le devoir de respect à nos martyrs impose de ne tolérer l'implantation d'aucune base militaire en Algérie.»
Nous avons une armée nationale, pas de légions
Au sujet de la participation de l'Armée nationale populaire aux opérations militaires à l'extérieur du pays, Tebboune a rappelé la politique et la position de l'Etat sur cette question consistant à «veiller à ne pas s'enliser dans les bourbiers». «Nous n'avons pas de légions, mais une armée nationale dont les membres ne seront jamais sacrifiés pour de l'argent, comme le font les mercenaires», a-t-il soutenu. Et de signifier : «Pour toute opération militaire, nous avons besoin de l'aval des membres de notre armée et celui de leurs représentants à l'Assemblée nationale populaire (APN).»
M. K.


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