Algérie

Tebboune met la pression sur le gouvernement



Sans les tout derniers soubresauts du marché mondial du pétrole, les données n'étaient déjà pas franchement favorables pour espérer remettre le pays dans le droit chemin sur le plan économique. Que dire alors de ces dernières semaines, couronnées par le scénario ayant prévalu lundi, qui n'ont, en définitive, fait qu'acter la tournure pas du tout favorable prise par les événements depuis le début janvier, lorsque le pétrole entamait sa chute.Une tournure des événements, donc, qui a de quoi mettre entre parenthèses l'ambition déclarée de remédier, tout au moins entamer, le grand chantier économique auquel est confronté le pays. «L'état des lieux hérité de la gouvernance antérieure traduit de grandes menaces qui continuent de peser sur la situation économique et sociale du pays», expliquait, il y a deux jours, le chef du gouvernement lors de l'installation du nouveau président du Conseil national économique et social (Cnes) pour faire état de l'héritage laissé par les gouvernements précédents.
Une situation peu enviable qui s'est rudement accentuée avec les toutes récentes données ? la chute des prix du pétrole ? pour que le président de la République convoque le Premier ministre, les ministres des Finances, de l'Energie, de l'Industrie et des Mines, de l'Agriculture et du Développement rural, du Commerce, et le gouverneur de la Banque d'Algérie pour «une réunion consacrée à l'évaluation de la situation économique, au lendemain de la chute drastique du prix du baril de pétrole sur le marché international».
Conjoncture certes difficile, mais face à laquelle l'Etat dispose de moyens nationaux pour y faire face, selon la conviction du Premier magistrat du pays qui, en réponse aux exposés présentés par les membres du gouvernement, a réitéré les grandes lignes de ce qu'il entend mettre en place pour juguler les effets de la crise, à commencer par cette directive à l'attention du ministre des Finances pour établir une première mouture de la loi de finances complémentaire qui viendra corriger les incohérences de la loi de finances héritée du décrié gouvernement Bedoui qui a tant fait couler d'encre et surtout fait monter au créneau bien des pans de la société, entre citoyens et entités corporatistes dont les professions libérales 2020, comprend-on dans le compte-rendu officiel de la réunion lors de laquelle le chef de l'Etat a exprimé, apparemment de la manière la plus solennelle, son rejet du recours que ce soit au financement non conventionnel ou à l'endettement extérieur.
Abdelmadjid Tebboune met ainsi un terme à toutes les spéculations sur les moyens à mettre à la disposition des pouvoirs publics pour mener les «grands travaux» annoncés alors que, il y a quelques semaines, la possibilité du recours à l'endettement extérieur auprès d'institutions n'ayant pas mauvaise presse chez nous, à l'instar de la Banque africaine de développement, était sérieusement évoquée eu égard aux difficultés financières qui collent au pays depuis six ans maintenant. Difficultés qui valent à l'Algérie toutes les peines pour établir ses lois de finances qui se singularisent chaque année par des prévisions budgétaires problématiques, avec des déficits budgétaires et du Trésor abyssaux.
Le gouvernement Djerad devra donc, selon les instructions du président de la République, se débrouiller avec les moyens locaux sans possibilité de faire tourner la planche à billets ou recourir à des prêts de l'étranger. Dès lors, il tarde aux économistes et autres spécialistes du pays d'avoir sous les yeux cette première mouture de la loi de finances complémentaire commandée par le chef de l'Etat, document qui doit être destiné donc à «lever certaines incohérences de la loi de finances 2020, pour y inclure des mesures à même de contrer les effets financiers générés par la crise actuelle et recouvrer les recettes fiscales et douanières non perçues». Au ministre des Finances, il a été également recommandé par le chef de l'Etat d'accélérer le processus de création de banques privées, islamiques et autres.
En guise de mesures édictées lors de la réunion à la présidence de la République, le communiqué fait état également d'instruction en direction du ministre de l'Industrie et des Mines pour, entre autres, mettre «immédiatement» en place un dispositif devant permettre l'émergence d'une production nationale «basée sur une intégration d'au moins 70% de l'industrie légère, jusque-là maintenue artificiellement par la formule du CKD/SKD, et de relancer la construction mécanique avec un taux d'intégration, au départ, d'au moins 35%», selon les propos attribués au Président Tebboune qui, une fois encore, a évoqué l'encouragement «sans aucune restriction» de la création de micro et de petites entreprises et des start-up et de lever toutes les formes d'entraves réglementaires et bureaucratiques à leur développement. Comme le Président a également exigé du ministre de l'Agriculture d'augmenter «la production nationale afin de réduire d'au moins 50% l'importation de produits de consommation humaine et animale».
Puis, selon le communiqué sanctionnant la réunion, le gouverneur de la Banque d'Algérie a été instruit de s'impliquer dans ce programme de relance économique, de même qu'il lui a été ordonné, sous l'autorité du Premier ministre et en consultation avec le ministre des Finances, de verser à la réserve légale en or toutes les saisies douanières ainsi que le Fonds de solidarité nationale qui étaient gelés depuis plusieurs décennies à des niveaux qui ne leur permettaient pas de servir de garantie. De même, il a été chargé de veiller au remboursement des prêts accordés par les banques dans le cadre d'investissements privés.
Azedine Maktour


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