Algérie

Tebboune évoque une initiative algéro-tunisienne



Le Président Abdelmadjid Tebboune assoit une désormais tradition avec l'entrevue accordée dimanche dernier à des responsables de la presse écrite.L'occasion pour le chef de l'Etat d'aborder les questions de l'heure au double plan interne et externe. Les tensions régionales, induites notamment par la guerre civile en Libye, ont été une nouvelle fois au centre des préoccupations tant elles constituent une question de sécurité nationale pour les pays frontaliers. À l'heure où toutes les résolutions allant dans le sens d'une désescalade politico-militaire se sont avérées sans effets, l'impasse dans la crise libyenne n'a jamais été aussi flagrante.
Le rappel de la position permanente de l'Algérie pour une solution pacifique à mettre en place par un dialogue inclusif revêt toute sa pertinence, tandis que les ingérences étrangères ne font qu'aggraver une crise qui dure depuis plus de huit ans.
Et c'est sur le terrain que les conflits d'intérêts entre les multiples interventions sont criants. Cela est au demeurant de notoriété publique et rien n'indique que l'on s'achemine, à brève échéance, vers la paix à laquelle aspire le peuple libyen martyrisé.
Pour preuve de ce climat délétère, la concentration des forces des belligérants sur la ville de Syrte, porte d'entrée aux principaux terminaux pétroliers entre les mains ? pour l'heure ? du maréchal Haftar et que veut reprendre Tripoli, la capitale du GNA, gouvernement d'Union nationale d'El Serraj, aidé en cela par la Turquie d'Erdogan. L'ingérence de la Turquie, qui n'a pas réussi à entraîner dans son aventure la Tunisie, est tout simplement effarante, vu les immenses moyens logistiques déployés sur le sol libyen. Et cela est insupportable pour tous ceux qui voient là un gros risque de perdre une opportunité de faire main basse sur les richesses pétrolières.
C'est dans cet esprit qu'il faut saisir l'empressement germano-franco-italien à vouloir mettre le holà aux appétits turcs, si clairement affichés. C'est ainsi qu'en marge de la réunion du Conseil européen, samedi dernier, ils se fendent d'un communiqué dans lequel ces pays déclarent : «Nous sommes prêts à envisager un recours éventuel à des sanctions si les violations de l'embargo (décidé par le Conseil de sécurité de l'ONU) sur terre, sur mer ou dans les airs se poursuivent...» Un coup d'épée dans l'eau ou simple effet d'annonce ' Il reste que les coalitions des va-t-en-guerre affûtent leurs armes dans les coulisses et se délectent de ce conflit à multiples facettes.
En effet, depuis la conférence de Berlin en janvier dernier, il ne se dessine aucune esquisse de règlement, bien au contraire, nous assistons à une radicalisation des positions des deux parties en guerre. Mieux, elles font courir le risque d'un embrasement général à vouloir entraîner les tribus du Sud libyen jusque-là passives ' C'est donc dans ce contexte rendu encore plus complexe que le locataire d'El-Mouradia, tout en tirant la sonnette d'alarme face aux risques de déflagration et les dommages sur la sécurité nationale, en appelle à la sagesse à faire prévaloir à ce moment précis.
Par ailleurs, il n'a pas manqué devant les responsables des médias ce dimanche, d'affirmer que les démarches de paix de l'Algérie sont aussi empreintes de fermeté. Son atout est dans sa neutralité positive vis-à-vis de toutes les parties dans la course au pouvoir.
Ce qui lui vaut une écoute sur la scène politique libyenne, y compris dans la société civile dont la voix est étouffée par les bruits de canons. «La solution passe impérativement par la table de négociations et le dialogue» parce que «l'usage des armes n'est et ne sera jamais une solution». Face à l'échec des tentatives de coups de force (dont la prise de la capitale Tripoli par le maréchal Haftar, le réalisme politique algérien se trouve ainsi conforté.
Abdelmadjd Tebboune se dit optimiste quant à l'issue prochaine de cette sale guerre. C'est pourquoi il a évoqué une possible initiative commune algéro-tunisienne sur le dossier libyen, sachant par ailleurs que les deux pays partagent des frontières communes avec la Libye. Il ne faut pas oublier aussi que les parties libyennes en conflit sont des habituées des séjours à Alger dans le cadre de la recherche d'une plateforme d'entente. Bien sûr, ce serait utopique de croire que seules l'Algérie et la Tunisie parviendraient à faire taire les armes là où les autres puissances proches ou lointaines n'ont pas réussi.
Le chef de l'Etat n'a pas omis de déclarer que cette initiative s'inscrit dans la concertation avec notamment la Russie et la France , ainsi que la partie tunisienne représentée par le président Kaïs Saïed. Rappelons que ce dernier avait reçu au palais de Carthage, le 13 juillet, Sabri Boukadoum, le ministre algérien des Affaires étrangères. Il a été ainsi souligné la «grande convergence de vues et la nécessité de poursuivre la coordination sur la crise libyenne». L'initiative algéro-tunisienne évoquée s'inscrit donc dans cette logique qui condamne le binôme à conjuguer leurs efforts pour parer aux démarches aventureuses.
Brahim Taouchichet


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