Deux Sommets à une semaine d'intervalle ont créé l'évènement, chacun à son niveau. Le premier s'est déroulé à Alger et a ouvert une nouvelle page dans les relations interarabes. Il s'agit du rendez-vous d'Alger, considéré par de nombreux observateurs, comme l'un des plus réussis dans l'Histoire de la Ligue des Etats arabes. Le second a eu pour décor la station balnéaire de Charm el-Cheikh et réuni plus d'une centaine de chefs d'Etat. L'enjeu planétaire du réchauffement climatique a mobilisé les dirigeants de la planète entière et mis l'Egypte à l'épicentre d'un évènement mondial, lui aussi, sans précédent dans les annales des Conférences de l'ONU sur le climat.Les deux Sommets ont trois points en commun. Le premier est qu'ils se sont tenus dans un contexte géopolitique très particulier. Le deuxième est qu'ils ont été organisés par deux pays arabes, l'Algérie et l'Egypte. Le troisième tient dans la participation de Abdel Fattah al- Sissi au rendez-vous d'Alger et la présence de Abdelmadjid Tebboune à Charm el- Cheikh où s'est tenue la COP 27. Ces trois coïncidences, qui ne le sont pas en réalité, permettent d'apprécier d'abord le poids des deux pays sur la géographie de l'Afrique, du Monde arabe et du monde. Le succès du Sommet d'Alger, dont l'apport égyptien n'est pas négligeable a permis d'entrevoir un retour du pôle arabe sur l'échiquier mondial. Les deux lettres de Vladimir Poutine et Xi Jinping au Sommet d'Alger confirment le nouveau poids de la nation arabe et le regroupement des Etats de la région autour de la cause palestinienne a tendance à redistribuer les cartes dans la perspective d'un nouvel ordre mondial multipolaire. L'Algérie et l'Egypte font figure de leaders de ce nouveau pôle arabe que Chinois et Russes appellent de leurs voeux. Il faut dire qu'une alternative géopolitique arabe renforcerait considérablement le caractère multipolaire d'un nouvel ordre mondial, forcément moins enclin à la domination d'un pôle sur les autres. Mais pour l'édifier, les Arabes ont certainement besoin de piliers solides au triple plan politique, économique et stratégiques. En cela, l'Algérie et l'Egypte qui, à eux deux, représentent près du tiers du potentiel démographique de la région, bénéficient d'infrastructures en bon état, d'une ressource humaine bien formée et d'une profondeur historique reconnue de tous sont à même, avec l'aide des pays du Brics, à susciter un nouvel élan stratégique au profit des sociétés nord-africaines et moyen-orientales.
Les deux tête-à-tête Tebboune-Sissi, en l'espace d'une seule semaine et à l'occasion d'événements internationaux de premier plan, amène à supposer des actions concertées entre les deux chefs d'Etat qui travaillent depuis plusieurs années à concrétiser un axe Alger-Le Caire. Depuis leur rencontre à Berlin autour du dossier libyen et malgré quelques mésententes sur certains aspects de cette crise, les deux hommes ont certainement pris conscience que l'un et l'autre sont à la tête de deux géants africains et arabes.
Le tandem algéro-égyptien a effectivement les moyens matériels et la ressource humaine pour soigner les plaies de nombreux pays arabes dans une logique économique gagnant-gagnant. L'exemple libyen est édifiant. Les entreprises des deux pays peuvent contribuer à plus de 40% de la reconstruction de la Libye, pour peu que les Libyens leur en donnent l'occasion. Les compétences algériennes et égyptiennes peuvent s'associer à la reconstruction de la Syrie, susciter de nouvelles dynamiques économiques en Somalie, aux Comores, en Tunisie, En Mauritanie et ailleurs dans les vastes territoires de la nation arabe. Alger et Le Caire, avec le soutien des Brics, ont du répondant au plan économique et peuvent fédérer beaucoup de pays arabes autour d'un objectif politique commun.
Une coordination entre les deux pays sur tous ces territoires donnerait des résultats autrement plus intéressants et par voie de conséquence, intégrerait toute l'Afrique du Nord et une partie de la région subsaharienne. Cette action pourrait se connecter aux ensembles économiques régionaux du continent africain, où l'on peut énumérer deux autres géants africains que sont l'Afrique du Sud et le Nigeria et tisser une importante toile de coopération intra-africaine.
Il y a eu la période des indépendances, suivie par celle des ingérences néocolonialistes occidentales, la réaction de l'Afrique a été le lancement du Nouveau partenariat pour le développement (Nepad). Les dirigeants ont fait montre de naïveté en espérant l'aide de l'Occident. La prochaine étape a déjà démarré avec la montée au créneau de nouvelles puissances économiques et la perspective d'un nouvel ordre international multipolaire. La guerre en Ukraine et le dérèglement climatique qui s'alimentent l'un l'autre, ouvrent une nouvelle brèche dans l'Histoire de l'humanité. Les Africains et les Arabes ont l'opportunité d'y trouver une place. Un axe Alger-Le Caire pourrait être la première pierre à l'édifice du nouveau monde...
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Posté Le : 09/11/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd BOUCETTA
Source : www.lexpressiondz.com