Tebboune et la presse

Jamais sans doute une rencontre entre un président de la République et des responsables de la presse algérienne, toutes teintes confondues n'avait était aussi dépouillée de la moindre solennité comme celle qui s'est déroulée mardi. Sa tonalité avait une épaisseur remarquable par la franchise d'un chef d'Etat décidé à ne pas s'embarrasser des évitements routiniers du vocabulaire imposé dans de semblables circonstances. Les mots n'avaient pas de creux pour laisser glisser les non-dits habituels et pour qu'un débat de plus de quatre heures soit empreint d'une simplicité rare contrairement à la coutume. Aucun sujet n'a été évité, y compris les plus tabous dont certains avaient la densité de l'Etat. Les éclairages, les explications et les justifications donnés sur des faits et des événements importants par le chef de l'Etat ont été à l'évidence des moments forts de la rencontre. A aucun moment il n'a donné l'impression de discourir, ni à faire figure d'un enseignant. Mais le dialogue particulièrement riche et varié en enseignements a installé l'impression que la sacralité du siège de la Présidence a été mise entre parenthèses.Une telle marque de confiance accordée par Abdelmadjid Tebboune aux directeurs de presse est d'abord dans son esprit un appel à la responsabilisation d'acteurs qui par moments ne mesurent pas à leur juste valeur les travers de la manipulation des informations. Cette responsabilisation est synonyme de maturité qui doit guider une presse nationale tanguant entre des conceptions différentes, souvent opposées sur une profession fragilisée par les remous grandeur nature, économiques, sociales et politiques. Elle n'a pas échappé elle non plus aux turbulences qui ont touché d'autres secteurs de la vie nationale. Elle couve en elle du bon, du mauvais et du pire.
Cependant, le président de la République est revenu une fois encore sur son attachement à la liberté d'expression et a assuré qu'aucune limite ne fait obstruction à la liberté totale d'informer. Elle doit cependant reposer sur la réalité et l'objectivité pour gagner en crédibilité. Sans doute que l'heure est venue pour elle d'entamer sa décantation.