Le LPP a fait l'ombre aux autres formules de logement (social, LPA, AADL...) lors de la visite de M. Tebboune, à Oran. Aussi bien, durant la supervision des différents chantiers que lors du point de presse.L'appartement-témoin de haut standing, d'un projet LPP, du côté de Hayet Regency, a suscité plus d'intérêt que le tableau de bord local du secteur, présenté au ministre, à l'issue de son périple.Plus qu'une simple formalité classique inhérente aux visites de chantiers de logements, l'appartement-témoin, présenté à la presse, sur le chantier des 4.400 unités LPP, réalisé par les Chinois, à proximité de l'hôtel ‘Hayat Regency' à cheval entre l'USTO et la Cité Djamel, se voulait surtout un contre-argument ministériel à ceux parmi les souscripteurs qui jugeaient excessif le montant de 1 million de DA, fixé par les pouvoirs publics, au titre de la 2ème tranche pour l'acquisition d'un logement promotionnel publicL'idée de M. Teboune a bien marché. Sans parti-pris, la haute qualité du F4 de 100 m2, clim, chauffage et équipement de cuisine intégrés, ont fait dire, à tout le monde, que ça valait bien le coup. Après cette démonstration, le ministre de l'Habitat n'avait pas besoin de forcer le trait pour réfuter, lors du point de presse, les «arguments», à la base de la requête (qui s'est radicalisée, pour prendre la forme de protestation, devant les sièges régionaux du promoteur public l'ENPI) formulée par des souscripteurs contre la somme trop élevée, selon eux, du 2ème versement. «Ils doivent payer ce montant s'ils veulent acquérir. Le débat est clos», tranchera le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville. «Le LPP était le dernier anneau à mettre en place, dans la chaîne des formules de logement. Il est destiné à la classe supérieure moyenne. L'Etat ne peut pas faire du social pour cette catégorie aisée (...) Pour le social, le prix est fixé par le Trésor public. Pour le LPP, c'est du commercial. Plusieurs paramètres commerciaux entreront en ligne de compte, dans le calcul du prix de vente. Le tarif estimatif, en attendant le tarif exact, serait dans une fourchette de 8,5 à 9,5 million de DA, le logement», a indiqué M. Tebboune. Pour lui, «pourquoi ne pas être positif ou franc, à tout le moins, et dire que quel que soit le prix du LPP qui sera arrêté, il restera, nettement, en-deçà des cours pratiqués sur le marché immobilier.«LE LPP, C'EST LE TIERS DU PRIX CHEZ LE PRIVE»C'est le tiers du prix proposé chez les promoteurs privés, pour un appartement équivalent, avec une qualité inférieure, à celle du LPP, en plus. Chez le privé, c'est à partir de 2 milliards et demi et un premier versement qui peut aller jusqu'à 30%». A la question : «si le LPP est purement commercial, comme vous le soutenez, pourquoi son produit, équivalent chez le privé, vaut trois fois plus cher ' N'y aurait-il pas donc, quelque part, du social dans le LPP '», le ministre apporte cette réponse : «l'explication réside dans le simple fait que nous ne faisons pas dans la spéculation. Pas de bénéfice sur le dos de la classe moyenne. L'ENPI ne prend que ses frais». Or, il faut savoir que si cette formule, destinée aux citoyens dont le revenu se situe entre 6 et 12 fois le SNMG (108.000 à 216.000 DA), n'est pas soutenue par une aide directe CNL comme c'est le cas pour le LSP, le LPA et l'AADL, elle bénéficie, néanmoins, des abattements sur l'assiette de terrain. Peu avant le point de presse, et au moment où il recevait des explications de la part des responsables locaux, sur l'état d'avancement des sites de 2.100 logements et de 4.100 unités, relevant du programme global LPP de 13.000 unités réservées à la wilaya d'Oran, M. Tebboune a répercuté cette instruction gouvernementale : «Ne bâtissez pas un seul logement LPP, sans en avoir perçu d'avance l'apport personnel du souscripteur.»LPP : CONSTRUIRE A LA COMMANDELe LPP, c'est exclusivement à la commande. On ne construit pas puis on cherche preneur comme on fait, généralement, pour les autres formules». En fait, cette directive a tout l'air d'un «rectificatif» opéré, a posteriori, pour remettre sur les rails un processus de concrétisation du nouveau dispositif LPP, censé répondre à une logique commerciale offre/demande, qui a été gérée, à son début par une approche assez sociale -et donc, toujours, dans l'esprit de l'économie rentière- consistant à puiser, dans les fonds publics, pour lancer un maximum de chantiers, puis à faire dans la collecte de «contribuables» pour amortir l'investissement public. Il y a un autre risque bien pire, cependant. A savoir que le LPP, vu son rapport prix/qualité très attractif, par rapport au marché immobilier réel, devienne un fonds de commerce, un «autre» moyen d'enrichissement peu moral, mais tout à fait légal, en tout cas. Cette appréhension qui peut, facilement, muer en état de fait, M. Tebboune ne s'en détourne pas. «Nous avons déniché beaucoup d'indus demandeurs, lors du filtre administratif pour le LPP. La rigueur est de mise, notamment pour ce type de logements qui attise l'appétit. Il y a de quoi. Celui qui obtient (par des moyens tortueux) un logement LPP et le revend dans l'informel, il devient un petit milliardaire, du jour au lendemain. Alors faites très attention ! Il faut savoir que le fichier national du logement, où sont fichés même les acquéreurs chez les promoteurs privés, recense actuellement 5.520.000 citoyens, toutes formules de logements confondues», a mis en garde le ministre de l'Habitat.LES AVEUX DE TEBBOUNEUne autre directive, qui s'apparente plus à un rattrapage d'un laisser-faire, qu'un coup d'assainissement, pour mettre de l'ordre dans le paysage du marché du bâtiment et de la promotion immobilière, notifiée, sur place, par M. Teboune : «Dorénavant, vous devez, en tant qu'adjudicateurs, mettre à l'écart, lors des soumissions pour les marchés publics, tout promoteur n'ayant pas renouvelé son agrément et/ou n'ayant pas versé sa quote-part au Fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière (FGCMPI)». A ce sujet, le ministre n'a pas caché le fait qu'il y a eu, faute de garantie, auprès de cet organisme public, bien de cas d'affaires pour non-remboursement des acquéreurs par des promoteurs ayant failli à leurs obligations, notamment en ce qui concerne les avances effectuées par les acquéreurs, auprès des promoteurs, sur la base du contrat de vente sur plan.LOGEMENTS POUR EMIGRES : «CE FUT UNE IDEE»Dans un autre registre, interrogé sur le sort de la «fameuse» formule de location-vente de logements dédiés aux émigrés algériens, laquelle avait, on s'en souvient, constitué un thème électoral, outre-mer, lors de la campagne pour les présidentielles de 2014, M. Tebboune a répliqué sur un ton un peu énervé : «Ni le président de la République, ni Sellal, ni moi-même avons fait un tel engagement. Je défie quiconque, pouvant m'apporter la preuve, par un écrit ou un enregistrement de ce présumé engagement. Ce ne fut qu'une idée, une initiative proposée, mais jamais un projet, encore moins un engagement. Ceci dit, on est tous d'accord que notre communauté à l'étranger, en a le droit. Mais c'est dans les limites du possible et de nos capacités. Tenez, à Oran, puisque nous y sommes, vous avez plus de 90.000 recensés, dans des habitats précaires, des Planteurs à Canastel, qui attendent leur relogement. La priorité, tout naturellement, est pour les projets de logements publics destinés à ceux qui résident, dans le pays. Et puis, il y a émigré et émigré. Si on se réfère à la liste des ressortissants inscrits aux services consulaires, nous avons quelque 500.000 personnes. Comment peut-on vérifier celles qui ont un logement et celles qui n'en ont pas. Et la situation socio-économique des uns et des autres, leurs revenus... N'oubliez pas qu'ils sont dans des pays étrangers, d'où l'impossibilité de dispositifs de vérification et de tri d'éligibilité», a conclut le ministre.
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Posté Le : 12/10/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Houari Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com