Tazmalt (Béjaïa) - Tazniqt n yedlisen «Un bain de foule» pour les livres

Une ruelle de la ville de Tazmalt, 85 km au sud-ouest de Béjaïa, s’est animée trois jours durant en abritant un «salon» du livre dans une ruelle qui a continué à servir parallèlement pour la circulation automobile.

Tazniqt n yedlisen, la ruelle des livres, a offert à la littérature un bon «bain de foule».

Le concept est nouveau dans une ville qui regorge pourtant d’hommes de culture: Brahim Tazaghart, Rachid Oulebsir, Malek Houd, Farid Abbache … et la liste est longue.

La manifestation s’est déroulée du jeudi à samedi derniers à l’initiative de l’association La cité des lettres et du cinéma et de la librairie Saïd Mekbel.

Un bout de la rue Azwaw Amrane, qui passe par le lycée Abdelmalek Foudala, a été occupé par des stands qu’on monte chaque matinée et démonte chaque fin de journée pour les replacer le lendemain. Ils ont pris place face au lycée qui a ouvert ses portes pour permettre à ses élèves de rencontrer des auteurs le temps d’un échange et d’une dédicace.

Ouverte jeudi, la manifestation a continué à donner à la rue Azwaw une animation qu’elle n’a pas l’habitude de connaître, comme tout le reste de la ville, pendant les journées de vendredi. Des lycéennes et des jeunes de la ville se sont investis pour réussir ce rendez-vous culturel qui a fait sortir le livre dans l’espace public à ciel ouvert et faire rencontrer auteurs et lecteurs dans des séances de vente-dédicace. Les moyens ont quelque peu manqué pour les organisateurs qui ont dû louer des chapiteaux malgré l’implication de rares associations qui ont consenti à mettre la main à la pâte.

Barzakh, Frantz Fanon, Koukou, Tira, Afriwen, Tafat, Odyssée, Cheikh Mohand Oulhocine, Amal…quatorze maisons d’éditions ont pris part à l’événement, venues d’Alger, de Tizi Ouzou, Bouira, Sétif et Béjaïa, dont celles qui ont fait le plein du stand avec une cinquantaine de titres.

Elles ont proposé à la vente un éventail de titres qui va des quelques classiques de la littérature française, à la littérature foisonnante, entre romans et poésie, dans les langues amazighe, française, arabe et anglaise, en passant par de nombreux essais, contes, livres pour enfants, guides scolaires et autres ouvrages. N’était le manque de chapiteaux, quatre maisons d’édition auraient pu enrichir les stands dès le premier jour. Deux d’entre elles ont fini par être installées sous le soleil.

«Les deux autres, nous ne pourrons pas les installer», se désole l’entreprenant Hammouche Tazaghart, gérant de la librairie Saïd Mekbel et non moins jeune poète en langue arabe, qui veille au grain.

«C’est un petit Salon du livre dans la rue», nous dit-il.

«Nous devions le faire le 3 décembre 2020, date coïncidant avec l’anniversaire de l’assassinat de Saïd Mekbel, pour lui rendre hommage, mais la crise sanitaire nous en a empêchés», précise notre interlocuteur, membre actif aussi de l’association communale La cité des lettres et du cinéma, qui s’efforce à animer la scène culturelle dans la commune avec des projections de films et des journées de courts métrages.

«C’est pour la première fois qu’on voit une telle manifestation dans la rue à Tazmalt et c’est formidable. Des femmes et des enfants y ont participé. Nous l’avons fait avec le cœur et ça a réussi», conclut notre jeune libraire.

Tazniqt n yedlisen, la ruelle des livres, est une expérience que ses initiateurs n’excluent pas de renouveler d’ici la rentrée littéraire en septembre prochain.

«Si la crise sanitaire nous le permet», précise notre interlocuteur.

Elle vient en tout cas couronner un foisonnement d’idées qui avait engagé le même groupe de militants culturels sur des projets inaboutis de La ruelle des Arts, d’une exposition de peintures et du Jardin du livre.

La ruelle des livres demeure une manifestation renouvelable et exportable à d’autres localités.



Photo: Des stands de livres sur la ruelle Azwaw Amrane.

K. Medjdoub