Algérie

Tayeb Saâd, enseignant à l'ENA, lors d'une conférence à Alger 'La transition démocratique en Algérie est inachevée'



Tayeb Saâd, enseignant à l'ENA, lors d'une conférence à Alger                                    'La transition démocratique en Algérie est inachevée'
À contre-courant des discours triomphalistes et lénifiants du pouvoir, de ses relais et de ses satellites, des voix continuent à considérer que l'Algérie est loin d'avoir achevé sa transition entamée au lendemain des évènements d'octobre 1988. Même si des acquis, non négligeables du reste, comme l'institutionnalisation de tamazight, les droits des femmes, à titre d'exemple, ont été enregistrés par la société algérienne, l'établissement d'une véritable démocratie demeure encore au c'ur de la problématique algérienne. Invité par la fondation Slimane-Amirat,
M. Tayeb Saâd, enseignant à l'école nationale d'administration (ENA), a estimé, samedi, dans une remarquable conférence sur le thème 'Société civile et la transition démocratique', que la 'transition démocratique en Algérie est inachevée'. Après avoir décliné les différentes définitions que le concept de la société civile a pris au fil des temps, M. Tayeb Saâd a affirmé que celle-ci est 'hétérogène et disparate'. 'La société civile est organiquement distincte de l'Etat, autonome des partis et défend des valeurs démocratiques'. 'Il ne peut y avoir de société civile sans Etat démocratique. Et elle n'a pas vocation à se substituer à l'Etat', a-t-il dit devant un parterre de cadres et certains diplomates. Or, en Algérie, des facteurs tendent à faire accréditer à certains que le concept de la société civile n'est pas transposable chez nous. La confusion entre la politique et la religion, le politique et l'Etat, l'absence de séparation entre l'Etat et le privé, l'attente à la loi, instrument de régulation sociale, une société encore prisonnière par certains aspects d'attaches clientélistes, tribales, régionalistes sont autant de tares qui ne concourent pas à l'émergence d'une société civile. 'Les intérêts du groupe priment sur ceux de la société', affirme l'enseignant. Cependant, d'autres facteurs, comme la citadinisation et l'école, entre autres, peuvent rendre possible le transfert. Comment la société civile a pesé sur la transition démocratique ' Selon Tayeb Saâd, le mérite revient sans conteste à l'activisme de nombreux acteurs dont le mouvement berbère de 1980, le mouvement des femmes, aux ligues des droits de l'homme et au MJA, entre autres.
Ces segments ont contribué au changement et ont permis l'ouverture connue par le pays à partir de 1989. Mais après l'arrêt du processus électoral, de nombreuses associations crédibles se sont effacées, ayant constaté que le pouvoir, qui a compris l'intérêt de la société civile en tant que relais dans la société, cherchait seulement une onction. Le pouvoir a également joué la carte de la division des associations et permis à des responsables associatifs de devenir des acteurs politiques, a observé Tayeb Saâd. Conséquence ' 'La société civile a joué un rôle moins dans la consolidation de la transition.'
Le professeur n'a pas manqué enfin de relever, en conclusion, que le mouvement islamiste est celui qui a eu le plus d'acquis. Une situation, conjuguée au travail en profondeur des salafistes, qui pourrait lui faire gagner les élections.
K. K.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)