Tayeb et Boubekeur sont dans un bateau
Entendu à la radio. Dans les prisons algériennes, pudiquement dénommées « centres de rééducation », les taux de réussite au baccalauréat sont meilleurs que ceux des lycées du pays. C?est-à-dire que par rapport au nombre de candidats qui se présentent à l?épreuve à partir des prisons, les réussites sont plus importantes que dans les lycées. Et les candidats sont nombreux, aussi nombreuses que sont les prisons, puisque uniquement à Médéa, pour ne citer que cette petite ville, ils sont plus d?une centaine à passer le baccalauréat de leur cellule. On s?est souvent posé la question de la longévité extraordinaire de Boubekeur Benbouzid, l?inamovible ministre de l?Education. C?est simplement que le système est bien fait et qu?il n?a aucune raison de changer. Benbouzid construit des écoles qui chassent rapidement les élèves et Tayeb Belaïz, le ministre de la Justice, construit des prisons tout en autorisant les détenus à passer le baccalauréat. Le travail se fait ainsi en équipe et l?on comprend du coup pourquoi le Président tient à garder le même gouvernement. Benbouzid et Belaïz s?épaulent. D?ailleurs, régulièrement, le ministre de l?Education n?hésite pas à poursuivre des enseignants grévistes ou des syndicalistes, qui passent par la justice et peuvent même finir en prison. Pour les autres, la boucle est bien bouclée, de la naissance à la mort, le parcours est fléché : un Algérien naît par hasard, sans l?autorisation du ministre de l?Intérieur. A 6 ans, il entre à l?école, jusqu?à 12 ans, parce que c?est obligatoire. A 13 ans, il sort de l?école, trop peuplée et mal encadrée, pour entamer une formation gratuite de délinquant. A 15 ans, il est apprenti délinquant, professionnel à 17, ce qui l?emmène tout droit en prison. De sa cellule, il prépare son baccalauréat en candidat libre à 18 ans. S?il passe, il est réhabilité. Il peut même devenir ministre.
Posté Le : 11/06/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com