Algérie

Taux officiels de croissance et de chômage fictifs... (I)



Taux officiels de croissance et de chômage fictifs... (I)
Selon les données officielles, pour les réalisations entre 2009 et 2011, l'économie algérienne aurait un taux de croissance hors hydrocarbures des plus élevés, un taux de chômage des moins élevés et un taux de réussite au baccalauréat des plus élevés, comparé aux pays développés et émergents. Face à ce miracle algérien, qui ferait pâlir la majorité des pays de la planète, le ridicule ne tuant pas, nos responsables ne doivent-ils pas espérer le prix Nobel d'économie ' En contradiction avec leurs discours, la majorité des responsables algériens envoient leurs enfants à l'étranger pour une meilleure formation. Aussi, les intellectuels algériens, grâce à un débat contradictoire fondé sur la tolérance, ont une lourde responsabilité devant l'histoire pour avancer des propositions constructives et démystifier certains propos démagogiques. C'est l'objet de cette contribution.
I) Le taux de croissance moyen (3 %) entre 2004 et 2011 est presque identique au taux de croissance de la population active (400.000 demandes d'emploi additionnelles par an) avec des emplois qui disparaissent et d'autres qui naissent du fait des mutations mondiales. Cela renvoie au nouveau système socio-éducatif qui se met en place au XXIe siècle supposant un niveau élevé de connaissances. Dans ce cadre, tout en se demandant ce que deviendront les deux millions d'étudiants sortis à l'horizon 2020 sans relance économique, le taux de réussite à l'examen du baccalauréat en 2011 ayant atteint 62,45 %, 220.518 candidats qui entreront à l'Université où selon le ministère de l'Education nationale, ces résultats exceptionnels sont le fruit d'une nouvelle culture impulsée dans le sillage des réformes. Or, contradiction, la publication du rapport international établi le même jour, c'est-à-dire le 06 juillet 2011, par l'INSEAD, une école de commerce international française qui note une dévalorisation de la connaissance en Algérie. Pour preuve, le poste assistance technique (appel aux compétences étrangères et exode de cerveaux algériens) est passé de 4 milliards de dollars en 2004 à plus de 11 milliards entre 2010/2011. Le classement mondial a été établi en référence à 125 pays et le plus mauvais score enregistré appartient à l'Algérie, qui n'ayant obtenu que 19,79 points, dégringole à la 125e et dernière place, soit un recul de quatre places par rapport à 2010 et de 17 places par rapport à 2009. En d'autres termes, l'Algérie représente le pays le moins performant au monde en matière d'innovation. Elle est classée dernière le Soudan (124e), le Yémen (123e) et le Niger (123e). Sur le plan régional, l'Algérie se trouve dépassée et de loin par la Tunisie (66e), l'Egypte (87e), et le Maroc (94e). Ce rapport corrobore la récente enquête inquiétante de l'importante revue américaine Foreign Policy de 2010, classant l'Algérie parmi les plus vulnérables pays au monde avec une note de 8,6 sur 10 pour la disparition et la dispersion de l'élite, une des notes les plus mauvaises du monde. Et de conclure : «L'Algérie risque de se retrouver sans son intelligentsia pour construire son avenir». Cela explique également que l'Algérie, dans le classement des grandes universités du monde établi depuis 2003 par l'université chinoise de Jiao-Tong de Shanghai pour 2009/2010, ne figure pas dans le top 500 et encore moins dans le top 3.000. Pour avoir passé plusieurs décennies entre les secteurs économiques et l'Université, je peux affirmer, quitte à choquer certains collègues, que les innombrables laboratoires de recherche, malgré les nombreuses compétences, mais du fait de la gestion bureaucratique, sont plus considérés comme des compléments de salaires, participant très peu pour ne pas dire pas à l'innovation, assistant d'ailleurs tant à une déconnection université-université (peu de travail en réseaux) qu'université-environnement. II) Lié au taux de chômage, paradoxalement, l'ONS annonce en moyenne en 2009/2010 un recul de 30 % de la création d'entreprises productives et, en termes de structures, plus de 50 % activent dans le secteur du commerce, car n'étant pas en majorité des services marchands créateurs de valeur ajoutée, le reste des entreprises étant les secteurs de l'immobilier avec 14 %, la construction et les travaux publics (12 %) et enfin les industries manufacturières (11 %), taux dérisoire montrant la désindustrialisation du pays. Paradoxalement, pour l'officiel, l'Algérie aurait un taux de croissance hors hydrocarbures des plus élevés du monde, loin devant tous les pays de la région Mena, de la Chine, de l'Inde, du Brésil, pour ne pas parler de l'Europe, des Etats-Unis d'Amérique ou du Japon, les segments hors hydrocarbures constituant la majorité de leurs segments. La technique de la triangularisation du tableau d'échange interindustriel permet de démontrer que les hydrocarbures irriguent presque l'ensemble de l'économie et le segment hors hydrocarbures l'est à plus de 80 % et montre clairement qu'il reste aux seules véritables entreprises créatrices de richesses une participation réelle inférieure à 15/20 % du total du produit intérieur brut (PIB) et ce, compte tenu de l'accroissement de la valeur ajoutée agricole en 2009/2010 toujours selon des facteurs exogènes, grâce à une bonne pluviosité et non grâce à une bonne gestion, comme le montre l'échec relatif du PNDA, qui a englouti des dizaines de milliards de dollars, dont la facture alimentaire pour 2011 avoisinera certainement 7 milliards de dollars. Aussi, face à cette situation, résultat de la panne de la réforme globale et du retour à la gestion administrative des années 1970, il est techniquement impossible de créer 3 millions d'emplois entre 2010 et 2013 et la fuite en avant serait de créer des emplois non productifs dans l'administration non créateurs de valeur. Dès lors, si l'on redresse par le fléchissement de 30 % de création d 'entreprises productives, supposant la même tendance en 2011, en pondérant par un taux de participation de la population féminine que de 50 % contre 84 % pour les hommes et en enlevant les emplois temporaires improductifs créés artificiellement par la rente, nous aurons alors un taux de chômage qui dépasse largement 20 % de la population active. En soustrayant la sphère informelle qui, selon le ministre du Travail, contribue à 25 % à la création d'emplois, et en nous tenant à la sphère réelle, le taux de chômage dépasserait 35 % en moyenne en 2010/2011.


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