Algérie

Taux de réussite au bac en déclin à Constantine



Taux de réussite au bac en déclin à Constantine
Si le taux de réussite au baccalauréat 2015 a baissé à Constantine, c'est à cause du nombre important de redoublants?» On connaissait le florilège de justificatifs de l'ex-coach Saâdane à chaque déconvenue de l'équipe nationale, l'on découvre à présent l'argumentaire abracadabrantesque de Mohamed Bouhali, directeur de l'éducation de Constantine.Un «chef-d'?uvre» d'absurdité qui a indigné l'opinion publique et renseigne sur la légèreté avec laquelle l'école est gérée dans la wilaya de Constantine. L'équation «échec-redoublants» ainsi élaborée par le n°1 du secteur de l'éducation de la wilaya n'est en fait que la résultante d'une accumulation de bides retentissants qui confèrent à «madinet el îlm wel oûlama» (la ville du savoir et des savants) des scores décevants sans que les responsables concernés ne soient priés de rendre des comptes.Ainsi, le temps où Constantine figurait dans le top 5 en matière de réussite au bac est révolu. Le taux de réussite est en réel déclin depuis trois ans. La chute libre a commencé en 2013, année où Constantine a enregistré plus de 55% de réussite contre? 72% en 2012. En 2014 et 2015, le pourcentage des bacheliers a encore connu une baisse inquiétante avec des taux respectifs de 49,15% et 47,65%. Entre 2005 et 2011, cette wilaya se classait pourtant parmi le peloton de tête ; à présent elle enregistre des résultats peu honorables pour la troisième ville du pays.Pour seule explication, M. Bouhali a imputé cette baisse aux «candidats redoublants» comme si à Tizi Ouzou, qui détient le meilleur taux de réussite au bac au niveau national, il n'y avait pas de redoublants !L'explication de M. Bouhali est loin d'être partagée par un cadre de la direction de l'éducation (DE) qui fait, quant à lui, porter le chapeau à cette institution rongée par «le laxisme et l'impunité». S'exprimant sous le sceau de l'anonymat, ce cadre attribue la chute libre des résultats au bac 2014 et 2015 au «lourd héritage légué par l'ex-directeur de l'éducation Ahmed Guellil, à la retraite après un passage par la direction de l'éducation d'Oran, qui a régné dix ans à Constantine et a placé certains de ses proches aux compétences insuffisantes à des postes de responsabilité». Cet héritage aurait pesé lourd, selon ce cadre, sur la nature de la gestion du secteur de l'éducation à Constantine, «livré à la décadence et au laisser-aller».Du côté du Cnapeste, l'on attribue la baisse du taux de réussite au bac à la surcharge des classes, aux grèves et à l'instabilité. «Avec le relogement de centaines de familles à la nouvelle ville Ali Mendjeli, on s'est retrouvé avec des classes de près de cinquante élèves, ce qui se répercute immanquablement sur la qualité de l'enseignement et les résultats aux examens.Il y a aussi le problème des cours de soutien qui sont parfois dispensés par des personnes qui n'ont jamais enseigné et ne connaissent rien au programme et à la pédagogie, mais aussi celui des élèves dont certains arrêtent les cours au deuxième trimestre et ne se présentent même pas à l'examen blanc, alors que cela est essentiel pour la suite», commente un membre du Cnapeste. Interrogé à ce sujet, le président de l'association de parents d'élèves d'un établissement scolaire situé au centre-ville de Constantine ne mâche pas ses mots et pointe un doigt accusateur en direction de la DE, «coupable de laxisme». «Les raisons de ce recul sont multiples, à mon avis.Il y a en premier lieu la qualité de l'enseignement, le manque de relève de qualité, l'absence de pédagogie, le manque de formation des enseignants à leur sortie de l'ENS, ainsi que l'absentéisme des enseignants lesquels bénéficient parfois de la complicité de l'administration de l'établissement. Il y a aussi l'absentéisme des élèves et la violence au sein des écoles, essentiellement les lycées, contre laquelle la DE ne fait malheureusement rien du tout», relève-t-il.Notre interlocuteur incombe également ces résultats décevants à «la défaillance de la carte scolaire au niveau de la wilaya», sachant qu'à la rentrée précédente une école primaire située à l'UV7 de Ali Mendjeli a été inutilement ouverte puisqu'elle n'a reçu aucun élève. La raison ' «Les bénéficiaires n'ont pas occupé leurs logements et n'ont donc pas inscrits leurs enfants, alors que d'autres établissements étaient surchargés».Au demeurant, les raisons du déclin des résultats du bac à Constantine tendent à converger vers un dénominateur commun : l'inertie de la DE. «Son rôle est capital pour combattre l'impunité et la déliquescence qui sévissent dans les établissements scolaires, du primaire au secondaire, et ce avec la bénédiction de nombreux parents qui préfèrent fermer l'?il sur certaines défaillances au lieu de les dénoncer», indique-t-on. Tout un programme, qui exige avant tout du sang neuf !




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