Algérie

«Taswiqt» de l'Aïd ou l'initiation des enfants au marché



«Taswiqt» de l'Aïd ou l'initiation des enfants au marché

Malmenées par les dépenses du mois de Ramadhan, les bourses des ménages se doivent encore de se délier pour faire face aux «exigences» de l'Aid : indépendamment de leur condition sociale, les parents savent qu'en pareille circonstance, ils ne pourront pas manquer à l'obligation de satisfaire les caprices de leurs enfants.Par prévoyance et pour ne pas égratigner la sensibilité de leurs enfants, beaucoup de parents, de condition modeste, ont pris leurs devants en mettant de coté une tirelire nécessaire à l'achat notamment de vêtements et de jouets, une exigence que d'aucuns consentent à satisfaire, à la manière de l'accomplissement d'un rite destiné à «éloigner» les démons de la privation et à «rattraper» les manques endurés le reste de l'année, comme a-t-on coutume de considérer en des villages de Kabylie.Soucieux du bonheur de leur progéniture qu'ils placent avant tout, les parents acceptent souvent de sacrifier leurs économies pour contenter leurs petits, quitte à s'endetter et à se débrouiller par la suite pour le remboursement, plutôt que d'invoquer des raisons que ces derniers ne comprendront pas de toute façon, fussent-elles des plus fondées.Car, à leurs yeux, rien n'est plus insupportable que de voir leurs enfants chagrinés un jour de l'Aïd, synonyme de bonheur et de fête.Dans les villages du Djurdjura, il est encore d'usage de faire l'essentiel des achats le jour du marché «Taswiqt», intervenant la veille de l'Aïd.La liste des besoins est établie en conseil de famille, pour ne rien oublier des préparatifs, et permettre à tout un chacun d'émettre un v'u.Chose promise, chose due. Tôt le matin, les enfants accompagnent au marché leurs parents. Une fois sur les lieux, ils reluquent d'abord les devantures des magasins regorgeant de divers produits que les petits villageois ne voyaient que dans les rêves. Ce n'est qu'après avoir repéré les objets désirés et, surtout, comparé les prix, qu'il est procédé à l'achat de vêtements et de jouets convenus. Le père met toujours à profit cette occasion pour initier son rejeton à l'art du marchandage, afin d'obtenir des remises sur les prix, en lui disant : «sois prudent en affaires mon fils, le marché appartient toujours à celui qui se lève tôt». En se rendant au marché pour la première fois, le petit «amswaq» est propulsé ainsi au rang du maître de la maison.
Il a fait son baptême de responsable familial, lui permettant d'entrer dans la cours des «Grands».Pour le prouver, il ne doit surtout pas omettre d'en ramener des cadeaux pour sa mère et à ses frères et s'urs, qui l'accueilleront, au retour du marché avec des youyous, pour signifier son aptitude à assumer la responsabilité familiale ou suppléer à l'absence du père. De retour à la maison, il faudra s'abstenir de toucher aux vêtements et aux jouets neufs, conseille la mère à ses enfants.Pour qu'ils soient les plus beaux et enviés par vos copains, vous deviez, leur dit-elle, garder la surprise pour le jour de l'Aïd, en faisant preuve de discrétion.




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