Algérie

Tapis rouge pour un sulfureux ministre



Le domaine dans lequel le partenariat algéro-français mérite réellement d'être qualifié d'exceptionnel est celui du sécuritaire. Si exceptionnel en effet qu'il n'est nullement affecté par les turbulences ou bouderies que les relations politiques entre Alger et Paris traversent épisodiquement. C'est un secret de Polichinelle que les ministères de l'Intérieur des deux pays en charge de cette question cruciale et leurs services spécialisés en la matière ont des contacts et des échanges fréquents et suivis.
A cet égard, la visite effectuée hier à Alger par Claude Guéant, le ministre français de l'Intérieur, s'inscrit d'abord et avant tout dans ce cadre. Officiellement, Guéant est venu à Alger en exécution d'un calendrier sur lequel lui et son homologue algérien se sont entendus au cours de leur précédent contact à l'occasion du sommet à Paris du G8 en mai 2011 consacré aux actions internationales contre le trafic de drogue.
Il y a cependant que cette visite soulève des questionnements et des interrogations du fait qu'elle intervient dans un contexte où la donne sécuritaire dans la région sahélo-saharienne est marquée par des opérations terroristes à répétition ayant eu pour cibles des ressortissants étrangers, français notamment. Serait-ce donc que ministre français de l'Intérieur est venu à Alger pour d'abord et avant tout solliciter la collaboration des autorités algériennes à la traque engagée par les services français en vue de repérer et de neutraliser les ravisseurs et libérer les ressortissants étrangers pris en otage '
Pour aussi exceptionnel que soit le partenariat algéro-français en matière de lutte antiterroriste, il pâtit néanmoins de la divergence qui existe entre Alger et Paris sur la façon dont ils conçoivent la stratégie sur laquelle doit reposer cette lutte dans la zone sahélo-saharienne. L'Algérie estime en effet que cette lutte est affaire de coopération entre Etats riverains de la région et que la contribution extrarégionale doit se limiter à une aide technique et logistique excluant l'intervention directe des puissances qui l'accordent. La France, dont les intérêts dans la région sont grands, veut au contraire s'impliquer au-delà de ce que les Algériens préconisent. Ce qui, au final, se traduit en une lutte d'influence entre les deux Etats auprès des autorités des pays de la zone sahélo-saharienne.
Claude Guéant n'est pas seulement ministre français de l'Intérieur. Il est aussi l'un des hommes de confiance du président Sarkozy, qui lui confie les missions les plus délicates. La problématique sécuritaire dans le Sahel est en soi une pomme de discorde entre Alger et Paris. Ce qui parasite les rapports algéro-français, qui le sont d'autant plus que les capitales ont d'autres contentieux, comme celui qui les a opposés sur la crise libyenne et le traitement dont elle a fait l'objet à l'instigation contestable de la diplomatie française. Ou celui né de l'instrumentalisation qui est faite par Paris de la question de l'émigration à des fins électoralistes, dont les Algériens, qui en sont les éléments les plus directement visés, pâtissent injustement et au mépris de la relation historique entre les deux pays. Sur ce dossier, c'est spécialement Claude Guéant qui est à la man'uvre de façon choquante et révoltante.
Le comble serait qu'il soit venu à Alger pour obtenir des autorités qu'elles ferment les yeux sur le comportement de Paris en la matière. Si tel est le cas, sa démarche doit être accompagnée d'un donnant-donnant que Paris doit estimer acceptable par Alger, dont le pouvoir est en quête d'appui et de compréhension internationaux en ces temps inquiétants de «printemps arabe».


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