Algérie

TAOUNT, VILLAGE BERBERE



TAOUNT, VILLAGE BERBERE
PHOTO : LES VESTIGES DU CHATEAU DE TAOUNT

Les Beni-Mansour, tribu berbère qui faisait partie des peuplades Mathghariennes et habitaient alors la région, pendant la domination des Almohades (1145-1238), furent placées pendant un certain temps sous l’autorité d’Abd-el-Moumen, le fondateur de la dynastie, successeur de Mahdi ibn Toumert. Elles avaient pour chef Khalîfa qui aurait bâti la forteresse de Touent pour les protéger. Après la chute de l’Empire Almohade, Touent fut, à diverses reprises le théâtre des guerres entre les Beni-Abd El Wâd, rois de Tlemcen et leurs cousins, les Mérinides, rois de Fez.

Par deux fois assiégée, elle connut les rigueurs de la guerre et partagea le plus souvent les destinées de Tlemcen et les vicissitudes de sa voisine Nédroma, passant successivement des mains des Beni-Abd El Wâd dans celles des Mérinides et vice-versa.

La tribu des Beni-Mansour était donc une fraction des Matghâra qui avaient alors pour cheikh Haroun ben Mouça ben Chalifa el Meghari, petit-fils de Khalifa, fondateur de Touent. Lors de la guerre des Mérinides contre les Beni-Abd El Wâd , Haroun ben Mouçca s’étant déclaré pour le sultan Mérénide, Abou Yacoub Yousôf ben Ya’Qoûb ben ‘Abd el Hâqq, commença par s’emparer de Nédroma en profit de son maître. Mais le roi de Tlemcen, Yaghmorâsam ibn Zîan, (fondateur de la dynastie des Beni-Abd El Wâd ou Beni Zeiyan) réussit à lui reprendre cette ville ainsi que Touent.

En apprenant cette mauvaise nouvelle, le sultan mérinide accourut aussitôt au secours de son partisan avec une forte armée et réussit à chasser les forces Beni-Abd El Wâdites. C’était en août 1272. Mais avant de reprendre la route de Fez, il confia le commandement de ses nouvelles conquêtes à Haroun Ben Mouça et, comme la forteresse de Touent touchait à la frontière du pays qui formait le royaume de son ennemi, il la remplit d’approvisionnements.

Mais une fois installé dans Touent, Haroun Ben Mouça ne tarda pas à proclamer son indépendance. Mais dès que son vainqueur fut parti, Yaghmorâsam revint encore à la charge, s’empara de Nédroma et assiégea Touent pour la deuxième fois.

Ce n’est qu’après cinq années de farouche résistance que Haroun ben Mouça, ayant obtenu des conditions avantageuses, résolut de capituler. Il livra donc la forteresse au roi Yaghmorâsam en 1276. Laissant le commandement des Matghâra à son frère Tâchefin, il se rendit auprès du Mérinide Ya’Qoub Ben Abd el Haqq qui l’autorisa à prendre part à la guerre sainte. Mais il mourut en Espagne sur un champ de bataille.

Bien que devenue possession des Beni Abd el Wâd, Touent ne profita pas longtemps de la tranquillité qu’elle espérait avoir obtenue. En effet, après la mort de Yaghmorâsam qui survint quelques dix années plus tard, le 28 février 1283, c’est son fils Abou Saïd qui lui succéda. Mais le règne de ce nouveau sultan fut marqué, hélas, par la perte de Nédroma et Touent au profit des Mérinides du Maroc. Cette perte survint après le quatrième siège de Tlemcen grâce à la félonie, en 1298, du gouverneur de Nédroma, Zakarya-ibn-Yakhelef el Matghari et seigneur de Touent à cette époque.

Ces évènements se déroulèrent de la manière suivante. Comme Tlemcen résistait encore malgré sous ses efforts, Abou Yacoub, sultan mérinide, leva le siège vers le milieu d’octobre 1298. Passant par Oujda, il y laissa son frère Abou Yhaya ibn Yacoub avec le corps Askéride qui avait tenu garnison à Taourîrt, près de Tlemcen. Suivant ses instructions, cette troupe se mit à faire de fréquentes incursions dans le territoire Abd el Wâdite et à dépouiller les voyageurs. Les habitants de Nédroma se voyant délaissés par leur souverain perdirent alors tout espoir d’être secourus par lui, et craignant pour leur vie, envoyèrent une délégation à l’émir Abou Yahya.

Celui-ci leur accorda sa protection à condition que ses troupes occupent leur ville et qu’ils reconnaissent l’autorité du sultan du Maroc. Le peuple de Touent suivit cet exemple et vers la fin de mars 1299, tous les cheikhs arrivèrent à Fez et présentèrent leurs hommages au souverain mérinide dont ils devenaient ainsi les vassaux. Ils le supplièrent aussi d’aller secourir leurs frères et de les arracher leur pays à la domination de leur ennemi, le fils de Yaghomrâsam. En décrivant la tyrannie de ce prince et la faiblesse de ses moyens de défense, ils inspirèrent au sultan la résolution de renouveler ses tentatives pour s’emparer de Tlemcen.

C’est ainsi que Touent se trouva au pouvoir des Mérinides au XIIIème siècle. Mais vers la fin de la première moitié du XIVème siècle, elle redevint possession des Abd el Wâdites de Tlemcen.

Après cinq années de farouche résistance, Haroun Ben Mouça ayant obtenu des conditions avantageuses, résolut de capituler. Il livra la forteresse de Taount au roi de Tlemcen en 675 (1276-7) et, ayant laissé son frère Tâchefin le commandement des Matghara. Il se rendit auprès du mérinide Ya’Qoub ben ‘Abed el Haqq qui l’autorisa à prendre part à la guerre sainte. Il passa donc en Espagne et mourut sur le champ de bataille. Quant à Tâchefin, il mourut en 732 (1303-4), laissant à sa famille l’autorité qu’elle conservait encore à l’époque où Ibn Khaldun écrivait son Histoire des Berbères.

Devenue la possession de Beni Abd el Wâd, rois de Tlemcen, Taount ne devait pas jouir longtemps de la tranquillité. Yaghmorâsam mourut une dizainz plus tard, le 28 février 1283, laissant son royaume à son fils Abou Saîd. Le règne de ce nouveau suktan fut marqué, après le quatrième siège de Tlemcen, par la perte de Nédroma et Tlemcen, au profit des Mérinides du Maroc en 1298, en raison de la trahison du gouverneur de Nédroma Zakharya ibn Yakhelef el Matghari, seigneur de Taount.

Comme la ville (Tlemcen) résistait encore malgré tous ses efforts, il (Abou Yacoub, sultan mérinide) leva le siège au commencement de l’an 698 (milieu d’octobre 1298) et, passant par Oujda, y laissa son frère Abou Yahya ibn Yacoub, avec le corps Askéride qui avait tenu garnison à Taourîrt. D’après ses instructions, cette troupe se mit à faire de fréquentes courses dans le territoire Abd el Wâdite et à dépouiller les voyageurs. Les habitants de la ville de Nédroma perdirent alors tout espoir d’être secouru par leur souverain et de reconnaître l’autorité du sultan.

Le peuple de Taount suivit cet exemple et vers la fin de Djomada (mars 1299) tous leurs cheikhs arrivèrent à Fez et présentèrent leurs hommages au souverain mérinide. Ils le prièrent en même temps de marcher au secours de leurs frères et d’arracher le pays à la domination de leur ennemi, le fils de Yaghomrasâm.

En décrivant la tyrannie de ce prince et la faiblesse de ses moyens, ils inspirèrent au sultan la résolution de renouveler ses tentatives contre Tlemcen. (cf. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, traduction de Slane, tome III, pp140-141).

A la fin du XIIIème siècle, Taount se trouva ainsi au pouvoir des Mérinides. Elle dut suivre ensuite le sort de Nédroma qui, d’après M’hammed ben Rahal, était le chef de-lieu de l’amalat de Metghara, qui comprenait Nédroma, tous les Trara, les Suwâhliya, Djabâla, les M’Sirda et toutes les tribus riveraines du Kiss. (cf. Aga si Hamza ben Rahal, Histoire de Nédroma, traduite par son fils, Si M’hammed ben Réhal, en 1877).


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