Dans le sillage de l'adoption, par le Conseil des ministres, de la version définitive de la révision constitutionnelle, la présidence de la République a rendu publiques les milliers de propositions formulées par le s partis politiques et des citoyens.Comme il fallait s'y attendre, les sujets liés à l'identité nationale, notamment l'officialisation de tamazight et la place de la religion et de la femme, ont suscité de nombreuses propositions.
En plus de paragraphes entiers contenus dans le préambule, notamment celui lié aux référents historiques de la nation algérienne, l'article 4 du projet de la révision constitutionnelle, qui porte sur l'officialisation de la langue amazighe, a focalisé beaucoup de propositions d'amendement.
Hormis quelques personnalités académiques connues, telles que Boudjema Souilah qui a proposé une officialisation pleine et entière de la langue, la plupart des autres l'ont refusée.
Certains, qui se présentent par exemple comme "professeurs d'université", ont même versé dans le déni : à la place de l'article 4, ils proposent carrément la répétition de l'article 3 qui porte sur le caractère officiel de la langue arabe.
Plus provocateurs, certains lient l'officialisation de tamazight à l'usage du français. C'est le cas du parti islamiste Ennahdha qui a proposé l'ajout, dans l'article consacré à tamazight, d'un paragraphe pour "criminaliser l'usage du français dans les correspondances officielles".
Pis encore, le parti islamiste El-Binaa, qui a publiquement affiché son aversion pour l'officialisation de la langue amazighe, a proposé de noyer cette question dans un article qui évoque "la reconnaissance de toutes les variétés linguistiques pratiquées dans notre pays".
Autre sujet qui a suscité des réactions parfois inattendues : le droit des femmes. Ainsi, l'article 40, qui évoque "la protection de la femme contre toute forme de violence", a provoqué des commentaires qui trahissent souvent des positions idéologiques radicales.
C'est le cas d'Ennahdha qui propose d'ajouter "d'autres catégories fragiles" de la société à celle des femmes. D'autres organisations et des citoyens, parmi lesquels d'anciens magistrats et des avocats, proposent de supprimer carrément la référence à la protection des femmes sous le prétexte que cela est "discriminatoire".
Dans le sillage de ces propositions, l'article 51, qui porte sur le respect de "la liberté d'opinion" et de "la liberté de culte", a eu également sa part de critiques. Si la plupart des suggestions ne demandent pas la suppression de l'article, une bonne partie demande de rajouter une référence "au respect de la tradition des Algériens" ou encore "de la religion majoritaire des Algériens".
C'est le cas de certains syndicats, dont celui des imams, et du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE), qui demandent soit de "préciser le sens de la conscience" ou carrément de "ne pas mettre sur un pied d'égalité l'islam et les autres religions". D'autres ont carrément proposé de préciser que cette "liberté" doit concerner "uniquement les religions du Livre".
Mais ces articles ont été exclus, dès le début, du débat par le chef de l'Etat. Ces propositions n'ont donc pas été prises en compte.Parmi ces propositions, évaluées par la commission Laraba à plus de 5 000, on trouve certaines émanant des institutions, à l'image du ministère de la Défense nationale, de l'Assemblée populaire nationale ou du ministère des Affaires étrangères.
Certaines propositions émanent d'anonymes, tandis que, bizarrement, des partis politiques, à l'image du FJD (Front justice et développement) de Djaballah, a démenti avoir formulé des propositions, alors que le nom de son parti figure en bonne place dans le document rendu public par la présidence de la République.
Ali BOUKHLEF
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Posté Le : 13/09/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali BOUKHLEF
Source : www.liberte-algerie.com