Algérie

Tamazight : le dossier sur le bureau de l'APN


Les parlementaires, qui se recrutent dans plusieurs chapelles partisanes, proposent de réviser la loi n°08-04 du 23 janvier 2008 portant loi d'orientation scolaire.Deux années, presque jour pour jour, après son inscription dans la Constitution (révisée le 16 février 2016), comme langue "nationale et officielle", tamazight n'est toujours pas généralisée dans l'enseignement. Ceci, quand bien même cette langue ancestrale est intégrée dans le système éducatif depuis les années 90, dans la foulée de la création du Haut-Commissariat à l'amazighité. Se sentant interpellé, un groupe de députés vient de déposer officiellement auprès du bureau de l'Assemblée nationale une proposition de loi portant amendement de la loi n°08-04 du 23 janvier 2008 portant loi d'orientation sur l'éducation nationale. L'objectif recherché derrière cette proposition, initiée par le député indépendant de Béjaïa, Brahama Benadji, est d'imposer le caractère obligatoire de l'enseignement et de l'utilisation de la langue amazighe à travers tout le territoire national. Se sont joints à la proposition plusieurs autres députés indépendants du Front El-Moustaqbel, ainsi que du parti des travailleurs (PT), à l'instar de Nadia Chouitem qui n'est autre que l'auteur de l'amendement déjà proposé sur le même sujet dans le cadre de la loi de finances 2018 et dont le rejet par la majorité parlementaire avait provoqué, en décembre dernier, des manifestations en Kabylie et dans les Aurès... La proposition porte particulièrement sur la modification complétant l'article 34 portant orientation de l'éducation nationale, lequel article confère le caractère "facultatif" pour tamazight dans l'enseignement. Le groupe de députés signataires de cette proposition préconise que cet article stipulerait dorénavant ceci : "L'enseignement de la langue nationale et officielle amazighe est généralisé dans le système éducatif national à travers tout le territoire national, y compris les institutions d'enseignement privées", que "l'Etat, à travers notamment le secteur de l'éducation nationale, arrête et concrétise la mise en ?uvre graduelle de cette disposition par un programme étalé sur des échéances organisées sur le court, moyen et long terme et articulé autour de la mobilisation des moyens humains, financiers et matériels nécessaires" et que "le ministère de l'Education nationale présente, à la fin de chaque année scolaire, devant l'Assemblée populaire nationale et le Conseil de la nation, un rapport sur l'état d'exécution et les projections de mise en ?uvre des présentes dispositions". Les députés proposent également un article 34 bis où il y sera inscrit que "l'Etat veille à garantir l'édition et la diffusion nationale du livre scolaire de la langue amazighe". Enfin, le groupe de députés propose que cette loi, une fois modifiée et complétée, soit publiée dans le Journal officiel. Dans l'exposé des motifs, l'initiateur de ce projet d'amendement regrette que "la mission d'étendre l'enseignement de tamazight sur le territoire national piétine en l'absence d'un cadre planifié légal et d'une volonté politique active et permanente de la part des pouvoirs publics". Rappelant que le président Bouteflika avait instruit, lors du Conseil des ministres du 27 décembre, de la promulgation d'une loi organique portant création de l'Académie algérienne de la langue amazighe, ainsi que de procéder, par tous les moyens, à la généralisation de l'usage et de l'enseignement de tamazight, les signataires de la proposition exigent que "l'enseignement de la langue tamazight doit acquérir un statut national et obligatoire, voie idéale pour sa promotion et à même de lui donner une assise scientifique et économique stable et durable". Désormais, c'est même un "noble objectif" que se fixent désormais les signataires de cette proposition soumise, par ailleurs, au reste des représentants du peuple, lesquels, regrette Braham Benadji, ont refusé de se joindre à l'initiative. Ce qui donne d'ores et déjà un avant-goût du sort qui sera réservé à cette initiative...
Farid Abdeladim
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