Algérie

Tamazight et les vautours autour



La pensée unique, l'idéologie destructrice, l'islamisme radical avec tout ce qu'ils portent de haine et de rejet de tout ce qui est différent de leur monde ténébreux ont engendré une phalange d'individus et de groupes qui veulent étouffer dans l''uf tout espoir de vivre ensemble et en harmonie et de nous réconcilier avec notre histoire et notre identité.Ces gens, qui ont tout le temps combattu tamazight et toutes ses dimensions et qui se sont toujours tus devant les crimes commis contre cette population amazighofone, dont l'unique tort est d'avoir refusé l'assimilation et de rentrer dans une peau qui n'est guère la sienne et troquer son identité contre une autre imposée par les décideurs.
Cette clique malintentionnée sort ces derniers jours de son ombre malsaine pour occuper les plateaux de certaines chaînes de télévision et les colonnes de la presse arabophone afin d'imposer son idée de transcrire la langue amazighe en caractères arabes, tantôt au nom de l'islam et tantôt au nom de l'unité nationale sans présenter aucun argument scientifique ou logique à ce choix.
Elle essaye de tirer le voile sur l'immense travail réalisé depuis des décennies et sur tous les ouvrages littéraires, de recherches, de grammaire d'orthographe? transcrits et édités en caractères latins. Ce qui est décevant et attristant en même temps, ce sont ces militants de la cause, même qu'on peut les compter sur les doigts d'une seule main qui épaulent cette brigade sans aucune raison technique, scientifique ou rationnelle, mais juste par amour à la langue d'El Bouhtouri.
Ce groupe d'individus soutenu par des forces occultes jette de tout son poids pour mettre devant le fait accompli la future académie qui n'a pas encore vu le jour en lui imposant ce caractère arabe. Comment des gens dont l'écrasante majorité ignore tout de cette langue, qu'ils ne savent ni lire ni écrire, et qui sont même dans l'incapacité de prononcer certains mots, peuvent-ils trancher sur le caractère qui lui convient '
Comme par magie, ces groupuscules se sont transformés en linguistes, grammairiens, sémanticiens et stylisticiens d'une langue qui leur est étrangère. Des associations comme celle des oulémas, l'ennemi historique de tamazight et d'autres figures du salafisme wahhabite qui ne reconnaissent même pas l'Algérie comme Etat, mais comme un banal morceau de cette utopique nation arabe.
Ces personnes qui croient que pour être musulman, il faut forcément être ou se transformer en arabe et qui croient aussi dur comme fer que la langue du paradis est l'arabe. Ces gens qui confondent la prédication et la politique oublient ce pouvoir et préfèrent tirer à boulets rouges sur l'un des fondements de la nation algérienne qui est l'amazighité.
Le but satanique enveloppé dans le chauvinisme et l'islamisme ne peut échapper à tout être lucide. Cette convoitise est de faire main basse sur la future académie de la langue amazighe en lui imposant des personnes gavées de leur idéologie rétrograde afin de la paralyser et de l'asphyxier et effacer d'un revers de la main tous les acquis arrachés par le sang et la souffrance.
Leur volonté de nuire ne laisse nul terrain pour justifier leur choix. Ils bûchent sans cesse dans l'histoire de la Kabylie pour argumenter faussement leur choix. Ils se réfèrent à certaines personnalités religieuses ou culturelles qui ont écrit tamazight en caractères arabes, tout en oubliant volontairement que la primauté sociale est avant la primauté historique.
En dépit de cela, des dizaines de chercheurs et d'intellectuels comme Amar Oussaïd Boulifa au XIVe siècle, Belaïd Ath Ali et Mouloud Mammeri, Salem Chaker, Ramdan Achab, Youcef Alioui, Omar Ath Amara et beaucoup d'autres ainsi que des milliers d'ouvrages poétiques, prosaïques et scientifiques ont été publiés en ce caractère latin et non français comme ils veulent le faire croire aux petites gens afin de jouer sur leur sensibilité vis-à-vis du drame colonial.
Il n'est un secret pour personne que le caractère latin est celui de l'Anglais, de l'Italien, de l'Espagnol, du Portugais, de l'Allemand? et même du Turc, pays de l'islamiste Recep Tayyip Erdogan. En Algérie, l'écrivain Tahar Ouatar, le partisan et le protecteur sans contestation de la langue arabe, n'a-t-il pas choisi le caractère latin dans la traduction de son livre Romana, la grenade en tamazight '
Même le HCA, cette institution attachée à la présidence de la République, créée en 1995 après l'année du boycott scolaire ou la grève du cartable comme l'appellent d'autres, a toujours utilisé dans ses activités et ses publications le caractère latin. Va-t-on jeter aux oubliettes tous les efforts fournis par cette institution et mettre à la poubelle la totalité des ouvrages édités, comme si de rien n'était, juste pour satisfaire une certaine idéologie destructrice '
Si nous faisons un bilan en toute rationalité et neutralité sur le volume d'ouvrages édités en caractères arabes, nous trouverons qu'il est minime et cela loin de toute comparaison, mais le réel et l'existant sautent aux yeux. C'est depuis des années que les universités forment des étudiants en caractères latins. Va-t-on remercier ces milliers de diplômés ou les rappeler pour refaire leur long cycle en caractères arabes ' Et ces centaines de milliers d'ouvrages qui ont vu le jour, va-t-on les brûler juste pour satisfaire les ennemis de cette culture '
Messieurs les idéologues, calmez-vous et soyez raisonnables ! Si vous arrivez en retard, ce n'est guère la faute de ceux qui ont sué, bûché et produit. Cette idéologie funeste que vous véhiculez était depuis l'indépendance la mission des intellectuels arabophones qui se sont toujours positionnés du côté du régime pour réprimer tamazight et ses militants.
Ils étaient toujours contre cette langue, ils n'ont jamais proposé de la transcrire en caractères arabes que vous chantez à présent, ils ne voulaient que la démolir, l'anéantir et la pulvériser même de la mémoire collective de ce peuple autochtone. Alors de grâce, taisez-vous ! Car vous n'avez fait qu'hériter de vos prédécesseurs de cette morbide mission juste d'une manière plus malicieuse et plus rusée.
Malheureusement, jusqu'à ce jour, cette élite arabophone refuse de rejoindre le choix de ces millions d'Algériens et cette juste cause, exceptés les rares illuminés comme Amin Zaoui et H'mida Ayachi. En dépit de tout cela, gardons notre sang-froid et regardons les choses en toute lucidité sans prononcer des jugements non fondés. Il est de notre devoir de prendre en considération toutes les composantes et les propositions en vigueur sans en exclure aucune.
Prenons comme exemple l'ibadisme chez les M'zab ; n'est-il pas exclu abusivement de l'école algérienne ' Est-ce une décision équitable envers cette population authentiquement algérienne dont est issu Moufdi Zakaria, surnommé le poète de la Révolution, auteur de l'hymne national et de l'Iliade de l'Algérie '
Nous ne pouvons nullement ignorer l'existence des différents penchants sur le choix du caractère qui convient à tamazight. Les Touareg au sud optent et utilisent le tifinagh et les Chaouia ont aussi différents choix, mais cela ne nous empêche guère de regarder la réalité en face et de prendre en considération l'existant.
L'écrasante majorité d'ouvrages de recherche et de création dans différents domaines en cette langue est exclusivement kabyle et rédigés en caractères latins. Evitons les faux débats et les confrontations stériles et prenons tout ce travail accompli durant des décennies de douleur et de larmes comme un butin commun et un avantage sur lequel on doit baser l'élévation de notre culture et de notre langue tout en associant les différentes composantes pour aller de l'avant au lieu de refaire tout à zéro dans ce monde où le temps est précieux.
Le v'u et le souhait les plus chers de tous ceux qui aiment cette culture et cette patrie, c'est de voir la composante de la future académie de tamazight constituée de compétents universitaires et spécialistes dans le domaine et non pas de personnes périmées, les notables et les lèche-bottes du pouvoir en place qui souhaitent se recycler sur le dos de notre identité et de notre culture ancestrales. En dépit de tout ce qui a été dit, nous ne pouvons en aucun cas ignorer l'existence d'ouvrages en caractères arabes, même en faible quantité, mais quand ' Et dans quelles conditions ont-ils vu le jour '
Ces ouvrages sont apparus lorsque nos mosquées étaient des écoles de lumière qui enseignaient la tolérance, la paix et l'amour de l'autre sous l'égide de la Tarika arahmania, avant qu'elle ne soit anéantie par les oulémas dont le but est l'arabisation avant la religion et les valeurs universelles.
Cette association rétrograde a transformé ces paisibles lieux de culte en zones de falsification de l'histoire avec la bénédiction du wahhabisme et du salafisme qui prêchent l'islam du golfe avec son intolérance et son rejet de l'autre. Ce phénomène diabolique a fait détourner les militants amazighs en général et kabyles en particulier de ce choix et ils se sont tournés vers des horizons plus cléments et plus tolérants.
Ces forces occultes ont tout le temps qualifié les militants qui ont opté pour le caractère latin de traîtres et de serviteurs de la France coloniale avec cette chanson apprise par coeur du pouvoir en place. Alors que si nous jetons un petit coup d''il à l'histoire récente de notre pays, nous trouverons que l'écrasante majorité des révolutionnaires de la première heure étaient des érudits dans la langue de Molière et personne parmi eux n'a levé le fanion blanc pour rejoindre l'ennemi. Ils ont combattu cette France jusqu'à la mort pour certains et jusqu'à l'indépendance pour les autres.
Le débat à ce désaccord est une nécessité, mais autour de la table du débat, il ne doit y avoir que ceux qui portent un amour à la cause et à la patrie loin des amazighophobes dont le seul but est de nuire. Que ces saboteurs sachent que les Algériens qui se reconnaissent dans cette identité authentique et cette langue millénaire ne présenteront jamais sur un plateau en or les sacrifices, les larmes et le sang de ceux qui ont lutté pour elle aux ennemis de la nation algérienne plurielle et de la vraie histoire. Malheureusement, les débats stériles veulent nous faire oublier tout un siècle de combat, de privation des droits les plus élémentaires, de marginalisation, d'humiliations, d'emprisonnement, de torture et d'assassinat.
Un demi-siècle de cette horreur, nous l'avons vécu dans l'Algérie indépendante. Aujourd'hui, la revendication légitime pour l'identité et la culture authentiques est déviée par la malhonnêteté de certains pour un débat infécond et vide de tout sens logique. Le vrai débat positif ne peut avoir lieu qu'entre les universitaires qui connaissent les rouages et les détails de cette langue, pas avec ses ennemis qui pour des raisons idéologiques, confessionnelles et même racistes veulent imposer le caractère arabe.
Pour faire barrage à tout avancement, ces derniers exploitent les failles de la dernière Constitution, notamment dans son préambule qui dit que l'Algérie est une terre arabe et son article 3 qui précise que l'arabe demeure la langue officielle de l'Etat. Ces deux points noirs de la Constitution servent d'alibi et d'argument à ces groupuscules pour traiter les nobles militants de la cause berbère de traîtres et d'ennemis de la nation. Cette lâche combine contre tamazight n'est qu'une autre façon de combattre l'identité, la langue, la culture et la civilisation amazighes par les arabo-baathistes et leurs relais islamistes et salafistes.
Cet ignoble acharnement n'a pour but que d'imposer un faux débat afin de détourner les activistes de l'essentiel et du travail qu'ils accomplissent pour anéantir définitivement cette composante nationale. Et aussi pour faire régner la zizanie, la brouille et le désaccord entre les militants de la même cause. La position passive et négative du régime algérien ne peut que nous faire croire qu'il veut reprendre d'une main ce qui lui a été arraché de l'autre main.
Le silence de l'Etat devant certains agissements malsains ne peut que renforcer nos doutes. Comme ces chaînes de télévision proches du cercle du pouvoir qui font des sondages malicieux sur l'acceptation ou le refus de tamazight en choisissant sur mesure les personnes qui ne portent que haine et mépris pour cette identité et cette culture. Ajoutons à cela les fatwas qui sont prononcées à partir des minbars des mosquées et sur les plateaux de ces chaînes occultes qui condamnent et rendent illicite même la salutation «Azul» et la célébration de yennayer.
Toute cette haine vomie dans les lieux de culte que nous avons bâtis nous-mêmes et dans les médias sur tout ce qui est amazigh. Si nous étions dans un Etat de droit, ces agissements anticonstitutionnels seraient sanctionnés et interdits par la force de la loi, mais en vain.
A quoi sert la reconnaissance de tamazight si on laisse la porte grande ouverte aux haineux pour l'insulter et l'injurier au vu et au su des garants de la Constitution ' Pourquoi ce deux poids, deux mesures '
Imaginons que l'une des constantes de la nation est attaquée comme on le fait contre tamazight. Nous n'avons nullement besoin de faire un dessin. La terre tremblera sous les pieds de celui qui osera et les fatwas pleuvront à torrent pour appeler à sa condamnation si ce n'est à son exécution. Mais quand il s'agit de tamazight, l'encre sèche dans les plumes, la voix de la raison se bloque dans les gorges, excepté quelques rares courageux qu'on ne peut compter que sur les doigts d'une seule main.
Les militants de la cause amazighe ne sont nullement dupes et ils ne sont guère étonnés de tout ce bruit, car l'histoire de leur cause a été toujours écrite en dehors des institutions étatiques. Ce combat pour l'identité a été réprimé par Messali Hadj et c'est sa voie que tous les Présidents successifs ont empruntée, y compris le Président actuel durant ses deux premiers mandats. Ils ont tous classé les militants de tamazight comme citoyens de seconde zone.
Maintenant que le pouvoir a lâché du lest et apparemment veut corriger ses fatales erreurs, une baltadjia est sortie de l'ombre pour saboter et faire avorter le projet en place. L'utilisation de la religion et l'unité nationale n'est qu'une couverture pour porter atteinte à l'amazighité au nom des cieux et de la nation, car le message divin est pour toutes les races et non spécifiquement aux Arabes.
Ces ennemis de la paix et du vivre-ensemble avec leur étroitesse d'esprit et leur radicalisme arabiste, wahhabite et salafiste veulent nous faire revivre les années de braise et d'intolérance qui ont fauché la vie de deux cent cinquante mille Algériens. Doit-on se laisser faire ou nous réconcilier avec nous-mêmes, notre histoire et notre identité et vivre nos différences comme richesse et non comme cause de conflit et de guerre sans suite '
Que le pouvoir en place ne soit pas mauvais élève et qu'il sache que la voie de la raison et la seule issue. Qu'il ne cède jamais à ces aventuriers extrémistes, fanatiques, sectaires comme ce Abdellah Djaballah et sa clique qui sont élevés pour la «fitna» et les conflits comme les a qualifiés Matoub Lounes. Sinon, c'est le valeureux peuple qui parlera et lorsque le peuple parle, aucune force sur Terre ne peut le faire taire et toute tentative de replâtrage ou de duperie ne fera jamais calmer la rue s'il explose et les conséquences ne seront que désastreuses, car tout extrémisme engendre à l'opposé un autre plus radical et plus ravageur.


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