Algérie

Tamazight dans les médias : Une présence alibi



Sur près de 300 titres édités en Algérie, aucun n'est en langue amazigh. Pour un pays qui compte environ 25% de berbérophones, il n'existe qu'une chaîne de télévision lancée en mars 2009 et deux radios locales à Béjaïa et Bouira en attendant la réception de celle de Tizi Ouzou, en chantier depuis 22'mois. Quinze années après la prise en charge « officielle » de tamazight, en 1995, année de la création du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), cette langue peine à se faire une place dans l'audiovisuel et la presse écrite. Sa constitutionnalisation en 2002 en tant que langue nationale n'a pas eu les retombées institutionnelles escomptées, notamment dans les médias. En effet, les acquis de 30'années de lutte, depuis le printemps berbère d'avril 1980, sont maigres dans ce domaine. En mars 2009, une chaîne de télé publique en tamazight (kabyle, chaoui, mozabite, targui) a été lancée. Pour des observateurs, le premier objectif de cette chaîne, qui a commencé à émettre à la veille du scrutin du 9 avril, était purement électoraliste' ; le second est de renfermer la langue et la culture amazighs dans le folklore par le biais de programmes aseptisés et dépouillés de tout contenu politique, loin de répondre aux attentes des téléspectateurs en matière d'information et de divertissement.Pourtant, ce ne sont pas les moyens financiers qui manquent quand on sait que la chaîne mère (l'ENTV) a engrangé pas moins de 514'milliards de dinars en 2009 en recettes publicitaires, selon des chiffres publiés par le conseil marketing Media Reserch (Sigma), opérant en Afrique du Nord.« Les trois décennies de combat multiforme pour la réappropriation et le développement de l'usage de la langue amazigh n'ont pas eu de véritables résultats au niveau des médias algériens », a déclaré à El Watan Belkacem Mostefaoui, professeur à l'Ecole nationale supérieure de journalisme. Selon lui, les quelques espaces conquis par tamazight « demeurent en inadéquation totale par rapport à la Constitution algérienne qui reconnaît tamazight comme langue nationale ». Et d'ajouter' : « Comment peut-on qualifier de "langue nationale" une langue recluse dans des niches d'expression médiatique' ' Niches dans le média radio, y compris la Chaîne'II, aux moyens réduits par rapport à ses cons'urs de l'ENRS, et qui n'est audible que dans une infime partie du territoire national' ; niche en télévision, avec le canal 4 de l'ENTV aux moyens structurels tout aussi réduits », s'indigne notre interlocuteur.


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