Algérie

Tamanrasset se fait belle pour le réveillon: Une destination au pied du Hoggar


Tamanrasset se fait belle pour le réveillon:  Une destination au pied du Hoggar




Evoquer la situation du tourisme à Tamanrasset aboutit inévitablement à une impasse et permet d’ouvrir une parenthèse sur de sérieux problèmes ayant complètement paralysé ce secteur névralgique dans le Sud.

Un secteur qui s’embourbe davantage dans des difficultés noirâtres sans, semble-t-il, inquiéter les responsables du gouvernement qui seraient plutôt préoccupés par «la comptabilité du pétrodollar» ou ce que considèrent les tour-opérateurs de la région comme «commun malheur».

Depuis 2010, année de l’interdiction du Tassili du Hoggar aux touristes étrangers, le tourisme saharien a connu une succession de crises au moment où les responsables du secteur se targuent d’avancer des chiffres faramineux pour tromper l’opinion publique d’une part, et pour dissimuler l’échec des dispositifs mis en place pour sauver un secteur en pleine agonie d’autre part.

Les tour-opérateurs de la capitale de l’Ahaggar en ont ras-le-bol du mutisme des autorités compétentes, quant au marasme et au sinistre que subit le secteur depuis ces deux dernières années et rappellent désespérément que bon nombre de responsables d’agences touristiques ont, après avoir fait banqueroute, mis la clé sous le paillasson.

Il est vrai que la dégradation de la situation sécuritaire à nos frontières, depuis le début de la crise malienne, a sérieusement compromis le secteur touristique à Tamanrasset.

Il convient de signaler, toutefois, que le marasme de l’activité touristique est dû également aux traditions bureaucratiques imposées par l’administration, notamment en ce qui concerne les demandes de visa et l’interdiction inexpliquée des sites aux touristes, tant étrangers que nationaux.

En effet, et comme bon lui semble, le gouvernement fait des siennes en pleine saison touristique et refuse de délivrer les visas, ou au pire, empêtre les touristes dans des formalités inextricables avant de les mêler dans des problèmes insupportables, pour en obtenir, regrette le président de l’Association des agences de voyages de la wilaya, Azzi Addi Ahmed.

Selon lui, la demande de visa passe impérativement par la direction du tourisme, puis par le conseil de sécurité de la wilaya, avant qu’elle n’atterrisse au bureau du ministère de tutelle qui prendra attache avec le ministère des Affaires étrangères qui, de son côté, informera les représentations diplomatiques.

«Ce labyrinthe bureaucratique explique clairement l’insouciance des pouvoirs publics de l’avenir du tourisme, sachant malheureusement que nombre de touristes étrangers ont renoncé à leur voyage vers l’Algérie pour d’autres destinations beaucoup moins attractives», maugrée un membre de l’association, en signalant au passage qu’hormis les six agences qui ont pu maintenir un semblant d’activité en accueillant sporadiquement quelques touristes, 70 autres agences, dans la wilaya de Tamanrasset, risquent aujourd’hui de renouer avec l’hydre du chômage, et ce, depuis le cuisinier jusqu’au guide, en passant par les chauffeurs et les chameliers.

Sans oublier l’impact que cette inertie puisse avoir sur l’économie locale, car les commerçants, les boutiquiers, les artisans, les hôteliers et les restaurateurs sont tous affectés par ce sinistre.

«Le Sahara ne se prête pas à un tourisme de masse et ses adeptes savent pertinemment comment s’y adapter et se mettre en symbiose avec. Il est donc préjudiciable de ne pouvoir plus jouir des richesses du patrimoine de notre pays aux dépens de l’éphémère rente pétrolière. C’est ce que nous voulons faire comprendre aux responsables actuels qui semblent ignorer l’importance du potentiel touristique dont jouit la capitale de la légendaire Tin Hinan. Il y a une omerta absolue.

Toutes nos doléances sont malheureusement reléguées aux oubliettes, en dépit de nombreuses correspondances adressées à qui de droit. Mais on ne lâchera jamais prise et on garde toujours ce grain d’espoir avec le changement qui pourrait être apporté par le nouveau gouvernement», souligne le responsable de l’agence Abalema-Voyages, Sollah Mohamed, qui juge impératif l’implication directe des principaux acteurs en tourisme dans les prochaines démarches à entreprendre pour parvenir à des solutions idoines, particulièrement en ce qui concerne la révision des textes régissant le secteur.

A ce titre, M. Azzi a insisté sur l’abrogation de la loi portant limitation de la validité des agréments accordés aux agences de voyages chaque 3 ans, sous condition de renouvellement uniquement si elles travaillent en permanence.

«Cela mène à dire que les 76 agences existantes risquent de se voir retirer l’agrément puisqu’elles sont actuellement toutes à l’arrêt avec l’inertie qui frappe le secteur. Nous nous déclarons sinistrés et nous avons un grand besoin d’être soutenus, ne serait-ce que moralement parce que nous, nous en avons marre des ennuis», a-t-il lâché.

Et au vice-président de l’association d’enchaîner: «Nous aimerions que le ministre prenne en charge nos appels de détresse et venir à Tamanrasset en apportant des solutions.»


La Direction du tourisme et d’artisanat de Tamanrasset: «Vers la création d’un fonds de soutien aux agences de voyages»

Le directeur du tourisme, Moulay Abdelmalek, a assuré qu’un travail de Titans est en train de se faire à son niveau pour présenter au gouvernement un projet portant création d’un fonds spécial de soutien aux agences de voyages.

«Ce fonds, explique-t-il, permettra de prendre en charge plus de 350 familles ainsi que le personnel des agences qui bénéficieraient, en plus de la rémunération mensuelle, des avantages fiscaux et parafiscaux. D’après la fiche technique élaborée en collaboration avec les opérateurs locaux, 3 milliards de dinars seraient dégagés annuellement de l’argent du contribuable, pour aider ces agences à titre de prêt remboursable sur une échéance de 10 ans, au cas où elles reprendraient leurs activités. Car si la situation évolue dans cette ambiance mélancolique, on ne trouvera plus de guides ni de chameliers pour les méharées. La direction reçoit quotidiennement des demandes d’aide à l’emploi dans le cadre des différents dispositifs mis en place. Et nous constatons avec amertume que bon nombre d’entre eux ont déjà changé de secteur d’activité.»


Ravah Ighil

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