Algérie

TAMANRASSET : L'eldorado algérien



TAMANRASSET : L'eldorado algérien
LA CAPITALE DE L'AHAGGAR, VERITABLE ELDORADO : Success Stories à Tamanrasset La clémence du climat ne peut, à elle seule, expliquer l'engouement que suscite Tam, comme on l'appelle communément chez les jeunes. «Tamanrasset est un eldorado, même pour les jeunes aventuriers en quête d'un avenir meilleur». Cette phrase, lâchée non sans conviction par Kamel, natif de Tizi Ouzou et établi à Tam depuis dix ans, résume parfaitement le destin de jeunes Algériens, qui pour une raison ou une autre, souvent à la recherche d'une stabilité professionnelle, ont quitté le Tell (le nord) pour tenter, avec succès, leur chance au pied des massifs de l'Ahaggar. Nombre important d'entre eux s'y sont installés définitivement. A Alger, la canicule et l’humidité sévissent en maîtres et poussent les gens à fuir la cité pour se rendre dans les plages en quête de fraîcheur et de farniente. A l’autre extrémité de l’Algérie, à quelque 2000 kilomètres dans le grand sud, la vie dans la ville de Tamanrasset suit paisiblement son cours. Accueillante et clémente, la patrie de Tinhinane et des hommes bleus a su préserver et se forger, et ce, depuis les temps séculaires, une renommée d’un eldorado, dont le prestige attire toujours en son sein des étrangers qui n’hésitent aucunement à parcourir les coins les plus reculés de l’Afrique pour y atterrir. Cette réputation que le temps n’a nullement réussi à altérer. Elle est entretenue par un ensemble de paramètres et de facteurs tant naturels qu’économiques et stratégiques. «Tamanrasset est dotée par le Bon Dieu d’un climat clément, même en été. Au contraire des idées reçues, nous ne souffrons point ici de la canicule. L’air est y pur. L’humidité est toujours à son bas niveau, et puis aux mois de juillet et d’août et aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est la saison des pluies. D’ailleurs, les conditions climatiques qui y règnent font qu’un bon nombre d’habitants d’Adrar, de In Salah, de Touat en général préfèrent venir ici passer leurs vacances d’été. C’est dire qu’il y fait bon vivre»,  argue Ahmed Z., un père de famille habitant le quartier El Djazira de la commune chef-lieu. Mais la clémence du climat ne peut, à elle seule, expliquer l’engouement que suscite Tam, comme on l’appelle communément. «Tamanrasset est une terre d’asile, même pour les jeunes aventuriers en quête d’un avenir meilleur». Cette phrase, lâchée non sans conviction par Kamel, natif de Tizi Ouzou et établi à Tam depuis dix ans, résume parfaitement le destin de jeunes Algériens, qui pour une raison ou une autre, souvent à la recherche d’une stabilité professionnelle, ont quitté le Tell (le nord) pour tenter leur chance au pied des massifs de l’Ahaggar. Nombre important d’entre eux s’y sont installés définitivement. L’histoire de Kamel et celle de tant d’autres Algériens que les pérégrinations de la vie les ont cheminée jusqu’ici, l’épilogue du récit de leur destin est invariablement le même. En d’autres termes, aucun d’entre eux ne regrette d’avoir rêvé de vivre à Tamanrasset. Déployant ses quartiers sur une terre plus ou moins plane et culminant à plus de 1400 mètres, la commune de Tamanrasset, selon les statistiques arrêtées au 31 décembre 2008, abrite une population de 83.795 âmes, dont plus de 71.900 sont établies en ville. Le reste réside dans des agglomérations secondaires et dans des zones éparses. Seules 711 personnes forment actuellement la population nomade. L’amélioration des conditions de vie a contribué efficacement à la stabilisation et à la sédentarisation des familles locales. Pour autant, arrivé au chef-lieu de wilaya, la première curiosité qui titille l’esprit du visiteur est sans nul doute, la couronne extérieure de la cité façonnée par différents paysages rivalisant en beauté et se distinguant par des reliefs qui n’obéissent pas a priori aux règles qu’impose l’homogénéité géographique comme ceux qu’on trouve sous d’autre cieux moins enchanteurs. D’une part, un panorama lunaire où des montagnes rocheuses s’érigent majestueusement presque en dents de scie, dont le plus renommé est indéniablement le Pic, l’icône par excellence de Tam. En portant son regard à l’est, c’est le fabuleux massif Adréan qui fascine encore et toujours ses contemplateurs par les légendes qui cisèlent son impénétrable secret envoûtant. A l’ouest et au sud, les horizons sont faits par une jonction harmonieuse et à perte de vue entre le ciel et la terre. « Je me souviens de la première fois où j’ai mis les pied ici. Comme par enchantement, je me suis débarrassé de l’angoisse qui a écumé mon esprit continuellement lorsque j’étais à Alger. Il a suffi que je sois en contact avec le sol des hommes bleus pour que tous mes tourments s’estampèrent d’un coup, laissant place à de nouveaux rêves », avoue Redouane qui travaille, depuis quelques années, dans une société nationale activant dans le sud.LES DIPLÔMES, CLÉ DE LA RÉUSSITE Toutes proportions gardées, et comme s’amusent à le dire les jeunes des autres wilayas, ici, « aux Etats-Unis, avec un dollar et une idée on peut devenir facilement milliardaire. C’est ce qu’on appelle le rêve américain. A Tamanrasset aussi, avec un diplôme ou une qualification et l’idée de concrétiser un projet en tête suffisent à faire un bel avenir prometteur ».Le rêve tamenrasseti, en opposition au rêve américain, a subjugué deux jeunes, Sofiane et Malik, âgés respectivement de 32 et 30 ans. Le premier est de Cherchell, wilaya de Tipasa, tandis que son ami est originaire d’un village de Kabylie. Leurs  destins se sont croisés à Tam, un certain été de 2003. Sofiane était serveur dans une pizzéria du centre-ville. Malik, quant à lui, s’occupait avec sa spatule du grill et du four. Collègues au travail et amis intimes lorsqu’ils rangeaient leurs toques à la fermeture du restaurant, une complicité sans faille a développé entre eux une relation fraternelle solide à tout épreuve. Seulement, à cette époque, un seul rêve hantait l’esprit de Malik : celui de partir s’installer au Canada. «Notre complicité dans le travail et notre forte amitié m’ont poussé à harceler tous les jours Malik à mettre une croix sur son idée de partir à l’étranger. C’était vraiment très difficile pour l’en convaincre, d’autant plus qu’en 2005, il avait enfin la possibilité de réaliser son rêve. Mais, j’ai pu l’en dissuader. Car, je ne cessais de lui répéter qu’on peut gagner aisément notre vie ici à Tam, pour peu qu’on arrive à monter notre propre affaire », se souvient Sofiane. Ainsi, prenant leur courage à deux mains, ils se sont approchés de l’antenne locale de l’Ansej. « Le projet que nous avions présenté consiste en l’ouverture d’une pizzéria. L’idée a été acceptée et nous avons immédiatement procédé à réunir toute la paperasse pour donner corps à notre projet. Sincèrement, nous n’avons rencontré aucun obstacle, que ce soit au niveau de l’Ansej ou de la banque», confie Malik, le co-promoteur du projet.Depuis plus de 9 mois, les plats proposés dans le menu de leur restaurant qui porte comme signe de gratitude pour la région le nom de Tinhinane, font fureur chez les familles tamenrasseties et même des étrangers.CES MÉTIERS QUI RAPPORTENT Venant juste de débarquer à Tam, deux autres jeunes de Bouira font le tour des chantiers qui fleurissent tels des champignons sur le territoire de la commune. Ils sont là pour gagner de l’argent, disent-ils. L’un est maçon qualifié, l’autre est peintre. A les entendre, la maçonnerie et la peinture sont deux métiers qui sont très demandés ici. « J’ai un cousin qui a passé à Tamanrasset plus de huit ans, il a travaillé pendant toute cette période comme maçon. Au bout du compte, il a amassé un bon pactole qui lui a permis non seulement de se marier à Bouira mais aussi d’ouvrir un commerce. Chez nous, c’est un exemple de réussite. En venant ici, j’espère suivre ses traces pour que je fasse à mon tour ma vie », avoue l’un des deux jeunes. L’autre créneau prisé et source d’argent, ce sont les taxis clandestins qui sillonnent dès l’aube et ce, jusqu’aux heures tardives de la nuit. A vrai dire, ils sont nombreux à exercer ce métier. Avec l’extension de la ville à la faveur notamment du plan d’aide à la relance économique et au programme quinquennal initiés par le président de la République, se déplacer d’un quartier à un autre de la ville nécessite souvent le recours au service des chauffeurs de taxi qui appliquent un tarif forfaitaire quelle que soit la destination. « Faire 15 mètres ou 2 kilomètres à bord d’un taxi vous revient à 50 DA. C’est un tarif qui arrange et les propriétaires des taxis et les personnes clients », fera savoir un des chauffeurs de taxi clandestins de la ville. En majorité, ces taxis en noir sont des 505 et de 504 de marque Peugeot. «On opte pour ces marques de voitures parce qu’elles sont d’une robustesse à toute épreuve», confie un chauffeur originaire de Aïn Defla établi à Tamanrasset depuis quatre ans. A en croire un de ses collègues natif de Tébessa, on peut gagner en faisant le clandestin jusqu’à 1.200 DA en une journée. Seulement, avec la grogne grandissante des chauffeurs de taxi activant réglementairement, ils appréhendent que le filon s’épuise. D’ailleurs, soutient l’un d’eux, ces derniers temps, la police les traque souvent les obligeant ainsi à faire des détours pour éviter leur filets. «Une chose est sûre, les citoyens ne peuvent pas se passer de nos services. Car, si un jour mes collègues et moi arrêtions de travailler, les taxieurs  réglementaires ne pourraient pas faire face seuls à la demande », se rassurent-ils. Véritable poumon commercial de la ville, la foire de l’Aséhar, située au quartier de Gataâ El Oued, est un immense bazar. On y trouve de tout : des téléphones portables d’occasion jusqu’aux habits traditionnels de la région en passant par les appareils électroménagers, épices, vêtements de mode de marques étrangères ... « Ici, le pauvre s’approvisionne et le riche aussi. Je vous défie de trouver des tarifs de produits ailleurs qui peuvent concurrencer avec ceux affichés à Aséhar », s’enorgueillit un vendeur de chaussures qui occupe un carré dans le marché. Selon des indiscrétions, les vendeurs sont, non seulement, d’origine pratiquement de toutes les wilayas, mais aussi, des pays africains, particulièrement du Niger et du Mali.Ces derniers qui vivent en communauté à Tam proposent différents produits de terroir provenant de leurs pays respectifs. Il faut dire que ces marchandises font fureur. « Je m’approvisionne en épices chez la même vendeuse. Et lorsque je repars à Alger, je prends dans mes bagages des bibelots et autres habits de Niger et du Mali, car mes amies me le demandent à chaque fois », confie une mère en compagnie de ses enfants en train de faire ses emplettes à Aséhar. Au-delà de l’aspect purement commercial qui caractérise en premier lieu ce marché, il fait office également d’aubaine pour les jeunes qui désirent s’initier au commerce. Ainsi à côté des espaces réservés à la vente, des dizaines de jeunes proposent des produits aux badauds. « Je suis d’Oran et je viens presque tous les jours ici pour essayer de conclure des affaires. J’achète des produits chez des commerçants à des prix très abordables pour les revendre ici afin de faire un bénéfice. Les affaires marchent plutôt bien pour moi », avoue Kada qui réside à Tam depuis quelques mois. Comme lui, d’autres jeunes nombreux essayent de se frayer petit à petit un chemin dans le monde du commerce qui se trouve en plein essor dans la capitale d’Ahaggar.  L’AUBERGE DE JEUNESSE, UN SUCCÈS MÉRITÉAu demeurant, pour tous ceux qui viennent pour la première fois tenter leur chance ici, le premier endroit où ils se rendent pour espérer trouver refuge pour la nuit à un prix très abordable est l’auberge de jeunesse située dans le quartier Tafssit. Inaugurée par le président de la République en 2007, elle est une véritable œuvre architecturale construite sur deux niveaux. D’un style typiquement du sud, elle compte 16 chambres avec une capacité d’hébergement de 32 lits. Pourvue de toutes les commodités, un foyer, un restaurant ainsi qu’un parking, l’auberge affiche pratiquement complet tout au long de l’année. «Chez nous la nuitée est à 200 DA. Le jeune peut passer trois nuitées avant de céder sa chambre pour un autre locataire. Dans chaque chambre, nous avons deux lits. Notre objectif est de favoriser le brassage et pour que des liens se tissent entre les jeunes de toute l’Algérie », nous dira Mohamed Taguedda le directeur de l’auberge Tafssit. Et d’ajouter : « c’est durant de décembre à février que la demande est la plus forte. Il y a même des jeunes qui viennent nous rendre visite du Maroc, de Tunisie et de la France ». A l’intérieur de la bâtisse, la propreté est impeccable. Les chambres spacieuses sont équipées d’un téléviseur et de climatisation. Le foyer géré par Kamel s’avère un lieu de choix pour favoriser les rencontres entre les jeunes qui viennent ici. En un mot, c’est l’un des endroits de la ville qui donne un avant-goût et un aperçu de ce que sera fait le séjour, long ou court, du visiteur à Tamanrasset. C'est-à-dire de convivialité, plein d’hospitalité et surtout un bel horizon en perspective. En somme, pour tous les jeunes rencontrés, le rêve tamenrasseti est une réalité à portée de main pour ceux qui veulent le tenter. «Tamanrasset est l’eldorado de l’Algérie», conclut Kamel. 


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