Algérie

Talaie El Hourriyet: La LF 2018 ignore les dysfonctionnements structurels de l'économie algérienne



La loi de finances (LF 2018) «s'inscrit dans l'échéance 2019», «fait fi de tous les dysfonctionnements structurels de l'économie algérienne», et «consacre l'abandon du «Nouveau Modèle de Croissance « sans explication et sans aucune évaluation préalable», estime le bureau politique de Talaie El Hourriyet, le parti de Ali Benflis, dans un communiqué publié suite à sa réunion d'hier.La réunion a abordé plusieurs sujets, dont la «situation générale du pays», les élections locales, la loi de finances 2018, les «atteintes aux droits et libertés», la «violation de la liberté syndicale», et les harraga.
Pour le parti de Benflis, «les élections locales du 23 novembre n'ont pas dérogé au binôme abstention et fraude». Le communiqué conteste le «taux de participation» officiel, mais estime qu'il indique tout de même «que plus de la moitié des électeurs ne se sont pas rendus aux bureaux de vote». «Ni le chantage à la stabilité et à la sécurité, ni l'effet mobilisateur supposé, s'agissant d'élections «de proximité», ni les pressions exercées par l'administration sur les électeurs, ni les moyens colossaux mobilisés par le gouvernement, n'ont pu avoir raison de l'abstention», affirme le bureau politique de Talaie El Hourriyet. Concernant la «fraude», le parti affirme que les «élections locales du 23 novembre n'ont été ni régulières, ni sereines». «Elles ont été entachées de fraude, d'irrégularités, de dépassements et de dérapages, de faits avérés de bourrage d'urnes et de falsifications de procès-verbaux, de manipulation du taux de participation, d'affrontements, y compris entre des cercles du pouvoir, en concurrence dans l'optique de l'échéance présidentielle».
Concernant la loi de finances 2018, le communiqué considère qu'en autorisant le recours au financement monétaire du déficit du Trésor, cette «démarche (est) susceptible d'affecter négativement et gravement les perspectives de croissance de l'économie algérienne au cours des prochaines années, avec une pression inflationniste considérable, une détérioration de la monnaie nationale et un effet dévastateur sur le pouvoir d'achat des Algériens». Il est constaté que «les réformes structurelles, bien qu'annoncées, ne sont pas à l'ordre du jour» et que leur «renvoi» est «une entrave sérieuse à la diversification économique».
Selon le parti de Benflis, avec la LF 2018 ce sont «les couches populaires (qui) sont fortement sollicitées pour assumer les conséquences de la crise financière». «Le Bureau politique se déclare particulièrement préoccupé par la chute continue du pouvoir d'achat des Algériens sous l'effet conjugué de la hausse vertigineuse généralisée des prix, de la dépréciation du dinar qui atteint des niveaux historiques, des salaires dérisoires par rapport au coût de la vie, du chômage, de la pression fiscale induite par les lois de finances 2016, 2017, et celle de 2018, attendue avec appréhension».
Détérioration du climat politique et social
Le parti de Benflis «constate, avec regret, le rétrécissement du champ des droits et libertés» ainsi que «le recul de la liberté de la presse et du droit à l'information». «Il s'élève contre le harcèlement financier et judiciaire, les pressions intolérables, l'intimidation, le chantage à la distribution de la publicité, et les menaces qui s'exercent sur les organes et les journalistes des médias de la presse indépendante (presse écrite, audiovisuelle et électronique), coupables de ne pas faire acte d'allégeance au régime en place et de refuser de s'inscrire dans les limites qu'il pose à la liberté d'expression».
Par ailleurs, le bureau politique de Talaie El Hourriyet note avec «indignation» que «des rassemblements, marches pacifiques et sit-in de citoyens, revendiquant leurs droits légitimes, continuent à être violemment réprimés». «Il s'indigne du fait que des enseignants, des médecins, des fonctionnaires, des imams et des représentants syndicaux d'autres secteurs d'activité aient été interpelés, sans ménagement, et empêchés de rejoindre le lieu du rassemblement» et «réaffirme sa solidarité et son soutien à la lutte pacifique des syndicats autonomes pour leur reconnaissance comme partenaires sociaux». Sur un autre sujet, le parti de Benflis se dit «profondément préoccupé par l'ampleur prise par les départs de citoyens, toutes catégories confondues, qui tentent de quitter le pays sur des embarcations de fortune au péril de leur vie». Il «s'étonne que cette situation n'ait pas interpellé, outre mesure, les autorités et qu'aucune initiative d'envergure n'ait été prise pour juguler cet exode, l'approche répressive ayant montré ses limites» et «exprime sa solidarité avec les familles des victimes de ce fléau et soutient leur droit à solliciter des autorités nationales (…) de faire la lumière sur les cas de leurs proches qui ont tenté l'aventure et dont ils sont sans nouvelles».


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