Algérie

Takfarinas : «Le ministère de la Culture n'aurait pas de budget pour mes concerts depuis... 20 ans»



- Vous venez de sortir un double album Incha-Allah et Lwaldine, un concert de prévu en Algérie '
Un concert !' Cela fait vingt ans que je n'ai pas rencontré mon public algérien, dans mon pays… A défaut de «moyens financiers» et de matériels nécessaires pour organiser un concert. J'ai sollicité le ministère de la Culture à  plusieurs reprises, en vain. Je n'essuie pas de refus certes, mais on ne me facilite pas la tâche en me contraignant à  trouver moi-même des sponsors pour financer mes concerts. Ce n'est pas à  moi de le faire. Les chanteurs orientaux et autres invités, lors des festivals algériens, cherchent-ils eux-mêmes des sponsors pour animer des concerts ' Non. Mais lorsqu'il s'agit de moi ou d'artistes algériens, dont la plupart sont établis à  l'étranger, les entraves font barrage à  nos ambitions ici, chez nous.
- Avez-vous déjà été invité dans le cadre des festivals algériens, le Festival panafricain, par exemple '
Oui, j'ai été invité au Festival panafricain de 2009, mais lorsque j'ai posé mes conditions, à  savoir m'occuper moi-même de ma promotion et de tout ce qui entoure mon retour en Algérie après deux décennies, le ministère de la Culture n'a pas approuvé mes propositions. Si j'insiste sur la qualité de mes apparitions en Algérie, concernant l'aspect technique et en matière de promotion, c'est pour éviter d'être étouffé parmi les dizaines d'artistes participant au Panaf'. Je prévoyais d'offrir quelque chose de merveilleux, d'inoubliable à  mon public algérien. Je n'accepte pas de faire des «concerts-mariages». J'ai travaillé dur pour en arriver là. D'autre part, depuis 2000, je me donne corps et âme pour réaliser le projet d'une tournée nationale à  travers tout le pays, car je ne veux pas chanter qu'en Kabylie. Je veux satisfaire tous les Algériens là où ils résident. J'ai mobilisé des techniciens et des musiciens algériens et étrangers performants qui auraient pu faire des merveilles pour ce public avide du bon son et de concert de haute qualité. Même son de cloche, on n'a pas assez de moyens et je dois me débrouiller tout seul.
- Que pensez-vous de la chanson kabyle actuelle '
Les malheurs des chanteurs en général sont les éditeurs et l'exploitation illégale de leurs œuvres. Certains chanteurs jeunes, malgré leur talent, sont contraints de produire des albums avec des chansons faciles au rythme «arouah thoughalin», «va et vient». Les éditeurs exigent d'eux de chanter pour les fêtes, pour le corps, au détriment du texte destiné au cœur et à  l'esprit. On pense que les jeunes ne veulent que danser et s'amuser. Ce n'est pas vrai. Le public algérien a une oreille musicale et sait apprécier la bonne musique. D'autre part, je tiens à  soulever le mal qui gangrène le milieu de la musique international et algérien en particulier, en l'occurrence l'exploitation illégale des œuvres artistiques. Que fait l'Office national de diffusion artistique (ONDA) pour protéger l'artiste et ses productions ' Il m'est arrivé de trouver toute ma discographie sur un MP3 à  100 DA !


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