Algérie

Taisez-vous, Monsieur Sellal !



Taisez-vous, Monsieur Sellal !
Après l'inénarrable confusion entre poésie et Coran, l'insoutenable injure à l'endroit de toute une partie de l'Algérie. Ce qui revient à l'insulter dans son entièreté. Dans son intégrité et sa dignité. Avant les probes fils d'un même pays, votre éructation a été piteusement adressée à toute l'université algérienne.(*) Une injure au savoir. Un outrage à la raison. Dans toutes les sociétés qui se respectent, le savoir et la raison sustentent fertilement le socle des humanités. Depuis la nuit des temps. De Socrate à Ibn Rochd, jusqu'à Mahmoud Darwich ou Nizar Qabbani, en passant par la Kahina et l'Emir Abdelkader le Soufi. Ils en avaient fait leur raison d'exister. Et pour certains d'entre eux, de mourir.Les connaissez-vous ' Que peuvent bien évoquer ces noms pour vous ' De vagues sonorités. Incapables d'extraire du pétrole. Encore moins de faire voler un Tomahawk. Eh bien évidemment de proférer la moindre injure. Les mathématiques que vous érigez en paradigme archétypal, qu'en savez-vous ' Pythagore et El Khawarizmi, cela vous dit-il quelque chose ' Non bien sûr. Sachez qu'il s'agit de deux philosophes. Deux philosophes fondateurs des? mathématiques. Deux philosophes qui ont permis des siècles plus tard à des esprits robotisés d'extraire du pétrole. Et à lancer des Tomahawk, qui devraient susciter votre effroi plutôt que votre admiration. Tant leurs dégâts sont incommensurables et qui resteront comme des plaies saignantes dans la mémoire de l'humanité. Comme une injure !En revanche, des textes comme El Madina El Fadila, Kitab El Mawaqif ou encore Alf Leïla wa Leïla qui n'insultent personne sont des mots incapables de creuser des puits. A vos yeux. A vos yeux seulement. Ces yeux qui regardent le doigt à la place de la lune. Et qui demeurent fermés devant la réalité. Devant les choix d'une société.Le choix des filières des sciences humaines, par l'écrasante majorité de nos futurs diplômés, devrait vous inciter plutôt à écarquiller les yeux. A porter un regard neuf sur un choix nouveau. Et significatif.Un choix qui correspond parfaitement aux attentes d'une société longtemps malmenée. Muselée, méprisée, piétinée, injuriée. Une société qui ne veut plus entendre les mêmes inanités.Les mêmes fadaises et les mêmes insanités. Une société qui veut remettre les pendules à l'heure. Remettre ses cultures, ses sciences humaines, ses lettres et sa poésie à l'honneur est sa manière de se réveiller. De retrouver ses marques.Cela fait plus d'un demi-siècle que ces pans entiers sont minorés, marginalisés, rapetissés, étouffés, humiliés par des décisions et des sentences scélérates. Au moment où la société algérienne a plus que jamais besoin d'être lue et relue. Décryptée et interprétée.Une société qui est fière de porter haut toutes ses origines. De Ghardaïa à Batna. Et de Kenadsa à Azazga. De glorifier dignement toutes ses identités. Toutes ses langues, ses espérances, ses promesses, ses inquiétudes et ses humanités. Toutes ses humanités. Une société qui a décidé de tourner résolument le dos à la gouvernance par l'inanité. (*) «Il ne faut pas que vous restiez prisonniers du Moyen-Âge. Une société qui ne se forme pas dans les mathématiques et les sciences n'a pas d'avenir. Elle reste dans la poésie et Qoul Aoudou bi Rabi El Falaq. Ce n'est pas avec l'histoire et la géographie qu'on va extraire du pétrole.»




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