M. Ouyahia préfère se complaire dans la raillerie grotesque et la dérision vaniteuse rien que pour déconsidérer les sacrifices de ceux qui ont épargné à l'Algérie l'anéantissement programmé.Dans sa livraison du 17 octobre dernier, votre honorable journal a publié un article reprenant les déclarations de Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, à l'occasion d'une rencontre de jeunes et de cadres du parti. Evoquant mon arrestation, l'intéressé a déclaré qu'«il ne défendra jamais ceux qui tentent de ?casser' l'armée». Il a ajouté, faisant allusion à ma personne et à d'autres officiers, que «certains militaires qui critiquent aujourd'hui l'armée se bronzaient durant les années 1990 sous la protection des chars». En guise de conclusion, il a affirmé, toujours selon votre article, qu'«il soutient toutes les décisions du pouvoir à l'encontre de Benhadid». Les déclarations de M. Ouyahia, faites à mon endroit, sont irresponsables. Elle sont calomnieuses et diffamatoires.1 - Irresponsables tant elles procèdent d'une méconnaissance totale des éléments du dossier actuellement pendant par devant le doyen des juges d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed. Pour avoir été ministre de la Justice ? et à supposer qu'il eut été informé du contenu de mon dossier ?, M. Ouyahia devait respecter le principe constitutionnel de présomption d'innocence selon lequel toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public, où toutes les conditions nécessaires à sa défense lui auront été assurées.Il devait tout autant savoir que l'enquête judiciaire est secrète et que la violation de cette règle fondamentale de procédure par ceux-là mêmes dont le devoir est de veiller à en assurer l'application à l'occasion des fonctions publiques qui leur ont été dévolues, relève d'une négligence flagrante. Rien que pour ces raisons, M. Ouyahia aurait dû se taire.2 - Calomnieuses en ce que leur auteur m'accuse d'avoir tenté de «casser l'armée». Cette malveillante imputation, dont l'établissement de la véracité des faits incombe à M. Ouyahia, est faite uniquement dans l'intention de nuire à mon honneur d'ancien moudjahid de la glorieuse ALN et officier de sa noble et prestigieuse héritière, l'ANP, que j'ai servie avec loyauté, fierté et courage. A ce titre, je l'invite à fournir ses moyens de preuve.Et l'occasion s'y prête, au cours de l'information judiciaire engagée contre moi, non pas par le ministère de la Défense nationale, mais par le ministère public. Je mets au défi M. Ouyahia d'en apporter la moindre présomption de vérité des faits dont il m'accuse et le m'engage à ne point contester sa constitution en tant que témoin à charge.3 - Diffamatoires en ce qu'il porte à mon endroit, et d'une façon dubitative, des allégations selon lesquelles «certains militaires qui critiquent aujourd'hui l'armée se bronzaient durant les années 1990 sous la protection des chars». Cette inconsciente boutade, de surcroît de mauvais goût et dont M. Ouyahia ingnore l'abyssale outrecuidance, ne s'adresse pas à ma personne seulement, mais également à d'autres officiers, dont un grand nombre ont trouvé la mort sur le champ d'honneur en combattant les hordes terroristes qui détruisait le pays à l'époque.M. Ouyahia qui, à cette même époque, accomplissait son service civil à la présidence de la République, ne pouvait à l'évidence s'intéresser à ceux qui, sur les rudes terrains de combat, livraient bataille à la déferlante terroriste qui menaçait le pays. Au lieu d'exprimer sa reconnaissance ou, à tout le moins, rendre hommage aux jeunes appelés, aux djounoud et à leurs officiers, à leur engagement et à leur abnégation légendaires, M. Ouyahia préfère se complaire dans la raillerie grotesque et la dérision vaniteuse rien que pour déconsidérer les sacrifices de ceux qui ont épargné à l'Algérie l'anéantissement programmé.Il n'est pas, dans les valeurs morales auxquelles je suis attaché ? tout particulièrement celles de l'honneur, de la loyauté et de l'humilité ? de glorifier l'exécution de mes tâches professionnelles ou de sanctifier l'accomplissement de mes devoirs patriotiques. Je suis fier d'avoir servi loyalement mon pays et suis encore prêt à consentir le sacrifice nécessaire pour le défendre. Je n'ai jamais trahi ni fait preuve d'opportunisme pour accéder aux postes de responsabilité en servant le plus fort du moment ou en témoignant de l'ingratitude envers les responsables précédents. M. Ouyahia déclare enfin qu'il soutient toutes les décisions du pouvoir à mon encontre. Par cet aveu, l'intéressé confirme que mon affaire est politique. Et, à ce titre, il avait le choix entre dénoncer mon emprisonnement ou se taire.Hocine Benhadid
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Posté Le : 17/11/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Watan
Source : www.elwatan.com