Yves Montenay dont voici le CV: polyglotte, doté d'une riche carrière internationale Nord-Sud de cadre, conseil et chef d'entreprise, démographe de formation, passionné d'histoire, d'économie et de géopolitique, il est actuellement écrivain, consultant et enseignant. Auteur de plusieurs ouvrages de démystification sur les relations Nord-Sud, il publie également Les Echos du monde musulman, une revue hebdomadaire de la presse orientale.Et voici qu'il verse son venin sur l'Algérie en publiant un article aux relents nauséabonds.
«Quand les Européens, Espagnols, Italiens, Français sortent du haut Moyen Âge, ils ont une double image des Arabes (l'Algérie n'existe toujours pas): celle des conquérants qui occupent une partie de l'Espagne et qu'il faut chasser, et des pirates, les Barbaresques, qui vont razzier les populations des côtes chrétiennes et les vendre comme esclaves dans les ports du Maghreb où certains seront rachetés par les consuls européens. En 1830, Charles X ordonne la conquête d'Alger sous prétexte d'un litige commercial, mais plus probablement pour éloigner l'armée française restée bonapartiste. Ce qui ne l'empêcha pas d'être renversé quelques jours plus tard par des civils.
Les élucubrations d'un auteur
J'ai un arrière-grand-oncle qui était présent à Alger à cette époque. La photographie n'existait pas, mais il en avait ramené un grand nombre de dessins. Ce qui m'a frappé c'est qu'on ne voyait pas d'Arabes, mais seulement des Turcs, des «demi- Turcs» et des juifs. (notons que les Arabes n'existaient pas et qu'il y avait des demi- Turcs...'). Ces derniers avaient bien accueilli les Français en espérant une amélioration de leur statut. Pour trouver un dessin représentant un Arabe, il fallait aller «dans le bled» et rencontrer des nomades.
Quelques années plus tard le gouvernement français décida de conquérir les pays situés entre le Maroc et la Tunisie et baptisa le tout Algérie. (Il dit bien, les pays qu'il baptise Algérie...). La colonisation agricole accapare les esprits des deux côtés. Les pieds-noirs se voient en valeureux pionniers mettant en culture des terres incultes «n'appartenant à personne» (Sic!) et que la passivité des musulmans a laissées en friche. Il cite souvent «les marais de la Mitidja transformés en jardins». Contrairement à ce qu'imaginent beaucoup d'Algériens d'aujourd'hui, l'armée française est souvent du côté musulman, par réflexe classique de protection des populations gérées. Ça c'est très fort! Une forte belle manière de chanter les bienfaits de l'une des colonisations les plus barbares de l'Histoire. Tout esprit sensé, doué de raison est d'accord pour dire que la colonisation est un crime. C'est un crime contre l'humanité.
C'est une vraie barbarie. Le système colonial est profondément injuste et brutal. C'est ce système qu'a instauré la France pendant 132 ans en Algérie et reconnu les «souffrances» du peuple algérien, dans une déclaration qui devrait faire date dans les relations entre les deux pays. Mais décidément, «cette terrible réalité, dite de manière crue effraie M.Montenay. Qu'il sache que la réalité n'abîme pas, elle répare. L'Histoire, même quand elle est tragique, douloureuse, elle doit être dite. Rien ne se construit dans la dissimulation, l'oubli ou le déni». Ayez le courage de reconnaître ces drames, ces souffrances, ces injustices, ces violences ces massacres commis contre un peuple!
Les navires américains et les corsaires
Mon premier contact avec les sociétés pieds-noirs et musulmane date de mon enfance. «les Arabes ne comprennent que la force». Il fut donc demandé à l'armée française de tuer pour l'exemple la population de plusieurs villages musulmans, ce qui fut fait. Apprécions la facilité du propos pour justifier les massacres commis par une armée venant du pays des Lumières et de la patrie des droits de l'homme. Incroyable! Enfin il termine en soulignant que: l'ALN (Armée de Libération nationale) est militairement battue en 1961 et il n'en reste pratiquement rien en Algérie (c'est alors que s'impose l'histoire officielle, des discours gouvernementaux aux programmes scolaires. Selon ce discours, c'est l'ALN qui a battu les Français et libéré l'Algérie ce qui rend son pouvoir légitime. C'est pourtant doublement faux: l'ALN n'a pas gagné militairement, et l'Algérie est indépendante, mais pas libre. (Il ne nous reste qu'applaudir devant ce tas d'âneries.) Merci M.Yves Montenay pour votre magistral article sur l'histoire de l'Algérie. Maintenant si vous permettez, je me permets de faire une toute petite visite de l'histoire de l'Algérie qui, comme vous le dites: n'a jamais existé. D'abord l'Histoire de l'Algérie s'ouvre sur une légende rapportée par Solin, grammairien de la seconde moitié du IIIe siècle de notre ère: «Hercule passant à cet endroit fut abandonné par vingt hommes de sa suite, qui y choisirent l'emplacement d'une ville entre les Iles dont ils élevèrent les murailles. Puis il y a eu Ulysse dans son Odyssée suivi du voyage de Hercule de Thèbes. L'Iliade et L'Odyssée sont deux oeuvres les plus connues. Elles sont d'ailleurs colossales puisque l'Iliade se compose de 16.000 vers et L'Odyssée de 12.000 vers. Toutes deux sont même considérées comme de véritables piliers de la civilisation européenne. Enfin, nous avons aussi le témoignage flagrant d'Hercule de Thèbes, dans son merveilleux voyages à la recherche des pommes d'Or dans le désert occidental où il fut arrêté par la chaîne de montagnes séparant les régions vertes et le Sahara au lieu Kantara au sud de Batna. Et avant Biskra. Une conférence en juin 1491 sur l'histoire du pays avait pour but de conforter les lieux du pays précisément. L'oeuvre fut accomplie en affirmant sur des données littéraires et archéologiques de l'Algérie. Sa conclusion fut qu'avant l'époque romaine, l'existence d'une colonie latine appelée Icosium au Ier siècle de notre ère s'est fait sur l'existence de fontaines de la ville par le grammairien latin Solin et voilà ce qu'il décrivait: Hercule a bien traversé le pays avec 20 de ses compagnons!!! Le nom de la ville s'est fait sur le nom d'un des compagnons Eikosi. Icosium est vraisemblablement un dérivé. Puis il y a eu Ibn Khaldoun qui, dans sa Muqaddima, nomme Alger et par extension le centre du pays Bilad El Djaza'ir (le pays des îles), tandis que l'émir Abdelkader mentionne dans ses écrits Watan El Djaza'ir (la nation ou patrie des îles). (De quand date cette époque')
L'Algérie contre vents et marées
Enfin, nous avons une pièce de monnaie émise par l'Empire de Prusse Hambourg (Allemagne) en 1751 à l'occasion de la conclusion d'un accord de paix avec l'Algérie.
L'Algérie existait bien avant la colonisation française, ce n'est pas une création française comme le prétendait ce pauvre historien français de la dernière pluie, qui écrivait l'histoire à la manière du vainqueur, quel vainqueur' La France coloniale n'a pas tardé à être vaincue en 1962. Quelques années plus tard (après l'accord de paix avec la Prusse), les navires américains se retrouvent alors attaqués par les corsaires de ce que l'Occident appelle alors la Barbarie (béribérie), correspondant aux provinces ottomanes du Maghreb (actuelles Algérie, Tunisie, Libye). Le Sénat des Etats-Unis décide de proposer un «traité de paix et d'amitié avec les Etats de Barbarie» dont un avenant sera paraphé le 5 septembre 1795 à Alger puis de nouveau le 3 janvier 1797. Un traité similaire sera signé avec le bey de Tunis. Le traité est ratifié à l'unanimité par le Sénat des Etats-Unis début juin puis signé par John Adams, second président américain et paraît dans ce qui est le Journal officiel américain de l'époque, le Philadelphia Gazette le
17 juin 1797. Le 17 juin 1815, alors qu'il écumait la mer à bord du Mashuda, frégate de 44 canons construite à Alger par un architecte espagnol lui servant de navire-amiral depuis 1802, il rencontra une puissante escadre américaine qui venait demander raison au dey Omar des insultes faites au pavillon américain. Au début de ce qui sera appelé la bataille du cap Gata, un boulet tua le rais Hamidou sur son banc de quart.
Mais l'Algérie a toujours existé et elle existera contre vents et marées et je lui espère longue vie, contrairement aux affabulations et écrits venimeux de Yves Fontenay et à ses lecteurs. Enfin, je souhaite de tout mon coeur la liberté au patriote algérien le plus brave qu'il m'a été donné d'interviewer, Ali Ghediri. Je souhaite aussi la prospérité, la démocratie et le bonheur à tout le peuple algérien riche d'une culture immense et merveilleuse. Et enfin au peuple brave des gens du Sud algérien qui vit, malgré le manque de moyens importants, au Paradis.
Ancien cadre à la retraite
Eliamine. M
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Posté Le : 27/03/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L'Expression
Source : www.lexpressiondz.com