Le film de commande a toujours été le porte-voix de la culture d'un pays. De l'Allemagne à l'Amérique et la France en passant par la Syrie et bien sûr l'Algérie. Le film de commande fait partie des rôles déterminants, mais jamais assumés du 7e art. Car le cinéma a toujours joué le rôle que fait Al Jazeera aujourd'hui dans le Monde arabe: transmettre les messages codés du pouvoir. Au moment où la télévision n'existait pas, le cinéma, était pour de nombreux gouvernements et pouvoirs le porte-parole des dirigeants de ce monde. En Algérie, le cinéma a été en partie détruit par les films de commande. Des films qui sont souvent réalisés sur la demande de l'Etat, mais jamais assumés artistiquement par l'auteur ou le réalisateur, l'objectif étant de réaliser des films qui arrangent l'image du pays et du gouvernant tout en maintenant l'image d'un cinéma grandissant au demeurant de façade. L'exemple du film Tahya Ya didou de Mohamed Zinet est une exception qui a toujours étonné les spécialistes. Film de commande pour l'APW d'Alger, le réalisateur qui venait notamment de sortir d'une expérience fructueuse d'assistant de Gillo Pentecorvo dans le film La bataille d'Alger a pondu un film de référence pour les écoles de cinéma. Comment transformer un film de commande du pouvoir en véritable cri de révolte du peuple. En découvrant le film, les responsables de l'APW l'ont détesté estimant qu'il ne traduisait pas réellement l'image de l'Algérie et plus particulièrement d'Alger. Le pays qui venait de sortir de 132 ans de colonisation, découvrait le développement et la croissance. Alors que Merzak Allouache passait son temps dans les films à dénoncer les contradictions d'une société, Zinet en montrait l'éternel soif de vivre et de futur de la jeunesse algérienne. Le film de commande d'une wilaya qui voulait montrer les fastes de la ville d'Alger s'est retrouvé en train de vivre une histoire de la révolution ressucitée. L'avenir de cette histoire finit mal. Le film fut jeté aux archives et ce n'est que par hasard que les bobines du film ont été retrouvées dans les arcanes de l'histoire de la cinématographie algérienne. Aujourd'hui, la majorité des films qui a été produit durant plus de 15 ans, est la commande d'un ministère de la Culture qui a essayé de rendre les valeurs artistiques à Alger, capitale culturelle arabe, le panafricain, Tlemcen et enfin Constantine, capitale de la culture arabe 2015. Mais au lieu de trouver des films de valeur qui s'inscrivent dans la lignée de Tahya ya Didou, on a retrouvé El Boughi, El Hannachia, Lala Zbida, ou encore Ben Badis et le Patio. Des films qui ont été oubliés dès la fin de leurs premières sorties et personne ne revendique leur reprogrammation. Ce qui conclut que le film Tahya ya Didou de Mohamed Zinet demeure le seul film de commande réussi du cinéma algérien.[email protected]
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Posté Le : 18/10/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L'Expression
Source : www.lexpressiondz.com