Algérie

Tahkout prend en otage l'université



La grève impromptue déclenchée hier dans le transport universitaire du groupe Tahkout a paralysé plusieurs campus.La mise en détention préventive, hier matin, de Mahieddine Tahkout, de deux de ses frères ainsi que l'un de ses fils a été suivie par une mise à l'arrêt du transport universitaire géré par le groupe Tahkout dans plusieurs wilayas. Une grève, ordonnée par des responsables du groupe, selon nombre de travailleurs, qui a perturbé la scolarité de milliers d'étudiants de la capitale et des wilayas de Sétif, d'Oran, de Constantine, de Tizi Ouzou, de Tipasa et de Boumerdès. En effet, une grève impromptue a été observée par les chauffeurs des bus de Tahkout affectés au transport universitaire au niveau d'Alger. Nombre de chauffeurs ont témoigné qu'ils ont été empêchés de travailler par les responsables du groupe.
Réagissant à cela, l'Office national des ?uvres universitaires (Onou) a déposé plainte en référé auprès du tribunal de Chéraga. Les bus "oranges" étaient absents de leurs arrêts habituels, hier matin, au moment où nous avons effectué une virée à travers les cités universitaires de Ben Aknoun, pour nous rendre compte de visu de cette situation qui est aussi de mise dans nombre d'autres communes de la capitale et du pays. Les chauffeurs de bus affectés à l'Office national des ?uvres universitaires (Onou) ont expliqué avoir reçu instruction de parquer les bus au sein des entrepôts du groupe, ne laissant en sortir aucun. À Sétif, les deux campus, à savoir l'université Ferhat-Abbas (Sétif 1) et l'université Mohamed Lamine-Debaghine (Sétif 2) ainsi que l'Ecole normale supérieure Messaoud-Zeghar d'El-Eulma étaient paralysées hier à cause de la grève entamée par les chauffeurs des bus de transport universitaire en solidarité avec leur patron qui, soupçonné d'implication dans des affaires de corruption a été mis en détention préventive.
Les 65 000 étudiants des campus de la wilaya de Sétif n'ont pu rejoindre leurs établissements respectifs à cause de cette grève non annoncée. Hébergés au niveau des cités universitaires de l'université Dr Mohamed Lamine-Debaghine de Sétif, les 1 486 étudiants de l'Ecole normale supérieure d'El-Eulma dont l'administration a programmé des examens de fin d'année depuis avant-hier, n'ont pu rejoindre leur établissement sis à vingt-sept kilomètres de la cité. À l'université Mohamed Lamine-Debaghine, des étudiants ont indiqué à Liberté que des chauffeurs de bus de transport universitaire ont affiché leur refus quant à la paralysie de l'université et la prise des étudiants en otage. Les chauffeurs ont même manifesté en brandissant des pancartes et des banderoles sur lesquelles était écrit "Nous avons été interdits de sortir du parc".
La notion de service public bafouée
La grève déclenchée hier par les travailleurs et les conducteurs relevant de la régie de Constantine du groupe Tahkout pour le transport universitaire, a paralysé les déplacements de milliers d'étudiants qui ont éprouvé toutes les peines du monde pour rejoindre les différents campus. Un débrayage décidé vraisemblablement par l'administration du groupe suite à la décision du juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed à Alger, de placer sous mandat de dépôt, le richissime homme d'affaires Mahieddine Tahkout et trois membres de sa famille. Surpris par l'arrêt brusque de tous les bus du groupe Tahkout qui concentre un monopole quasi général sur le transport universitaire, les étudiants des universités et facultés de Constantine étaient donc, hier, dans une situation d'expectative inédite. Venus des quatre coins de la wilaya ou résidents des différentes cités universitaires, assez éloignées des campus pour la plupart, ils ont été confrontés à d'énormes difficultés, notamment pour ceux devant passer des examens en cette journée.
À la Zone industrielle Palma de Constantine, où se situe le parc de stationnement des bus appartenant à Tahkout, le gardien nous a confirmé qu'aucun chauffeur n'a rejoint son travail, hier matin, et que tous les bus n'ont pas quitté le parc. La même perturbation des cours et des examens a été enregistrée à Tizi Ouzou où les bus de transport universitaire de l'université Mouloud-Mammeri à Tizi Ouzou (UMMTO) appartenant au groupe Tahkout n'ont pas assuré hier leurs rotations quotidiennes entre les différents départements et campus universitaires notamment ceux de Tamda et de Boukhalfa, situés dans les périphéries nord et sud de la ville de Tizi Ouzou, ainsi que vers certaines localités lointaines de Kabylie. Selon les témoignages d'étudiants recueillis à l'université de Tizi Ouzou, "les travailleurs de Tahkout auraient été contraints par leur direction d'observer un mouvement de grève en signe de solidarité avec leur patron Mahieddine Tahkout".
Les étudiants d'Oran n'ont pas été épargnés
Aucun bus orange n'était en circulation, hier dans les rues d'Oran, après la décision prise par la direction des bus propriétés de Mahieddine Tahkout, d'entamer un débrayage inattendu suite à la mise sous mandat de dépôt de l'homme d'affaires dans la nuit de dimanche à lundi. Les 160 bus appartenant à Tahkout (60 dédiés au transport universitaire et 100 pour les lignes urbaines et interurbaines) sous contrat de prestation de services avec l'Entreprise des transports d'Oran ne sont pas sortis de leur parc. Pareillement, la grève a gêné les étudiants des wilayas de Boumerdès et de Tipasa. Dans cette dernière wilaya, les examens, suite à ce débrayage, ont été reportés à une date ultérieure.

A. Rafa et Correspondants


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