Algérie

TAHAR DJAOUT - LA LITTÉRATURE REND IMMORTEL



TAHAR DJAOUT - LA LITTÉRATURE REND IMMORTEL


Je suis né un 26 mai et Tahar Djaout a été assassiné un 26 mai. C'était et c'est un de mes écrivains préférés et j'ai appris un peu ce qu'est la littérature en découvrant son "roman" L’EXPROPRIÉ.
On lui a tiré dessus à bout portant alors qu'il sortait de chez lui pour aller au boulot qu'il faisait magnifiquement bien dans l'écriture journalistique et littéraire.
Les chercheurs d'os n'ont pas fini d'en trouver puisque les fournisseurs industriels de la mort essaiment nos contrées à foison.
Je suis né un 26 mai de la guerre de libération et ce n'était pas la joie complète pour mes parents puisque c'était en pleine nuit et c'était la guerre. La nuit est dangereuse pendant la guerre; elle n'inspire guère les romantiques.
Tahar Djaout a écrit LES CHERCHEURS D'OS de cette guerre et tout se prolonge encore aujourd'hui. Tous les malheurs de cette guerre sont vivaces et le renouvellement de la recherche des os est permanent. Comme si de cycle en cycle, on remet une couche pour ne jamais enclencher une culture de la vie alors que nous sommes un des plus vieux peuples de l'Humanité.
On oppose notre vie à leur mort et au bout nous faisons match nul dans une culture de la survie permanente et continuelle.
Je suis né un 26 mai, une demi-heure avant the day after et la sage femme kabyle qui m'a accueilli est restée passer la nuit car c'était une nuit de couvre-feu. On m'a dit que ma chance était que les contractions maternelles ont commencé à la lumière du jour; sans quoi la sage-femme n'aurait peut-être pas pu ou accepter de venir car les soldats de l'armée française lui auraient tiré dessus en pleine nuit au delà du début du couvre-feu et avant la première prière musulmane du jour.
Tahar Djaout est mort un 26 mai ou du moins on lui a tiré dessus un 26 mai et l'émir Abdelkader est mort un 26 mai. Sauf que ce dernier est mort de vieillesse dans son lit à regarder le plafond dans son exil doré en Syrie. Lui on l'a laissé vivre jusqu'à ce que mort de vieillesse s'en suive et pour cause !
Tahar Djaout n'est pas mort et son immortalité littéraire nous console de la trahison de l'autre et des clercs.
Tahar Djaout est le petit frère d'harmonie de Saïd Mekbel et son assassinat l'a immensément affecté. Il a été tué de la même manière lui aussi, moins d'une année plus tard.
On naît un jour puis on vit jusqu'à ce que mort s'en suive sauf si on entre dans l'immortalité comme l'a si bien expliqué Milan Kundera.



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