Liberté : En dépit de toutes les tractations engagées par les autorités afin de vous convaincre d'annuler votre action d'aujourd'hui (jeudi), vous avez tout de même réussi à rassembler des milliers de jeûnes chômeurs. Comment vivez-vous cet instant '
Tahar Belabès : Nous ne sommes pas à notre première, car nous sommes déjà parvenus à rassembler, le 24 février dernier, des dizaines de milliers de jeunes chômeurs et effectuer une marche de plus de 20 km. Aujourd'hui (jeudi), nous sommes ici pour répondre à l'administration de ce pays qui a enclenché une guerre contre nous ces derniers jours, en nous traitant de 'cherdima", de gens 'pas crédibles et divisés". Ce rassemblement est une contre-attaque à toutes ces accusations proférées à l'encontre de notre mouvement. Nous voulons à cette occasion faire passer le message que nous ne sommes ni manipulés ni contre l'unité nationale, comme on essaye de nous coller l'étiquette. Vous n'avez qu'à observer nos slogans certifiant, au contraire, notre attachement à l'unité nationale. Nous sommes plus nationalistes que les responsables de ce pays. Et s'ils nous accusent de traîtres, moi je leur réponds qu'il n'y a pas plus traître qu'un système qui ignore la réalité de ses citoyens et met les richesses du pays à la disposition des étrangers ! Et s'ils disent que nous sommes soutenus par l'étranger, moi je leur dirais qu'il ne peut y avoir un soutien de l'étranger que pour l'administration et ses responsables qui préfèrent traiter avec des étrangers et établissent des relations avec les plus grands Etats. Aujourd'hui, nous sommes rassemblés ici pour dire, tout simplement, que nous refusons d'être les victimes des barques de fortune et du crime organisé... Nous sommes déterminés à mener notre combat pacifique jusqu'au recouvrement de tous nos droits les plus légitimes. Comme disait Che Guevara : 'Si le chemin est difficile, la difficulté devient (notre) chemin..."
En tant que coordinateur du mouvement, avez-vous été contacté, ces derniers jours, par des parties officielles vous proposant de renoncer à votre action '
Non ! Il y avait toutefois quelques contacts et décisions dans les coulisses, mais que je ne considère pas du tout innocents, et qui sont venus au moment inopportun. Ces contacts et décisions sont venus au moment où la rue grouillait déjà. En même temps, nous avons déjà annoncé l'organisation de notre marche. Les dernières décisions annoncées par Sellal et les contacts que des responsables tentaient d'établir avec nous, encore une fois, ne sont pas innocents. Nous ne revendiquons pas des solutions de santé, nous demandons plutôt l'ouverture d'un dialogue avec le pouvoir réel de ce pays. Que ce soit avec Bouteflika, avec l'armée ou avec un département ministériel. Désormais, nous ne croyons plus au dialogue de forme, nous voulons dialoguer avec une partie ou des responsables qui détiennent le pouvoir de décision dans ce pays.
Justement, il y a eu même la tenue d'un Conseil interministériel, quelques jours après l'annonce de votre action, et où des décisions visant l'amélioration de la situation de l'emploi au profit des jeunes du Sud étaient annoncées...
Honnêtement, nous n'avons plus confiance dans les promesses de ce gouvernement. Nous les connaissons assez pour ne plus croire à leurs décisions qui n'ont jamais été appliquées sur le terrain. Désormais nous ne croyons qu'au concret.
C'est quoi le concret pour vous '
Le concret c'est d'ouvrir un dialogue avec les représentants des chômeurs qui ont une vision. Nous ne sommes pas des hors-la-loi, nous activons dans un cadre légal. Il y a bien un article de la Constitution qui permet à tout citoyen d'activer légalement pour revendiquer des droits. Le concret c'est d'offrir aux chômeurs des postes d'emploi dans des entreprises respectables et non pas celles de l'exploitation (...).
Dans le cas où vos revendications ne seraient toujours pas satisfaites, entreprendriez-vous d'autres actions '
Certainement. Mais, je ne peux vous dire à présent quelle sera la nature exacte de notre action prochaine. Elle sera définie en concertation avec tous les membres du comité des chômeurs et selon l'évolution de la situation. Cependant, une chose est sûre : si des solutions ne sont pas trouvées, la situation se développera dangereusement à l'avenir.
Désormais, la balle est dans le camp des autorités. Nous allons attendre leur réponse, puis on verra. Je répète encore une fois que nous ne demandons pas plus que de faciliter l'accès à l'emploi aux chômeurs. Nous ne revendiquons pas une part de la rente pétrolière ; néanmoins, nous appelons les autorités de ce pays à respecter le principe international stipulant clairement la nécessité de réinvestir 30% des revenus du pétrole dans la région pourvoyeuse.
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Posté Le : 16/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Farid Abdeladim
Source : www.liberte-algerie.com