Algérie

Tabous et marasme Mères célibataires et enfants abandonnés



Rejetées par leurs familles et la société, elles choisissent souvent une ville inconnue pour mettre au monde un être innocent, fruit d'une faute qu'elles assument toutes seules, qu'elles sont contraintes d'abandonner.Maéprisées par la société, qui ne leur accorde aucune circonstance atténuante, et rejetées par leurs familles, les mères célibataires souffrent le martyre. La situation de leur progéniture n'est guère reluisante du côté des Hauts-Plateaux sétifiens où le sujet demeure tabou. Selon certaines informations, 80 enfants ont été recueillis par la cité de l'enfance l'année dernière. Faute de prise en charge par les mères, elles-mêmes dans le désarroi, des dizaines d'autres enfants ont été placés dans la structure précitée depuis le début de l'année en cours. L'assistance sociale de la direction des actions sociales (DAS) nous dira : «Ces données chiffrées ne reflètent pas la réalité sachant que ce chiffre ne concerne que les plus privilégiés d'entre les nouveau-nées abandonnés dans les maternités ou ceux déposés volontairement par leurs mamans au siège de la cité de l'enfance où aucun effort n'est ménagé pour accueillir et prendre soin de ces innocentes créatures.
On doit savoir que des filles qui assument seules leurs grossesses, recourent parfois aux avortements, interdits par notre religion et par la loi. Dans certains cas, elles confient leurs enfants aux familles d'adoption sans passer par la DAS. Elles assument toutes seules leur grossesse.» Et pour celles qui passent par la DAS, précise notre interlocutrice, «on reçoit des filles âgées entre 16 et 40 ans. Elles sont originaires des quatre coins du pays. Par crainte d'une violente réaction de leurs familles qui ne veulent pas entendre parler d'un tel fait s'apparentant à une honte, elles viennent à Sétif pour accoucher, ici à Sétif où elles ne sont pas connues». D'après notre interlocutrice, ces mamans célibataires sont des travailleuses, lycéennes, étudiantes ou femmes au foyer. Voici ce que nous raconte, non sans une forte dose d'amertume et de tristesse, une jeune maman qui éclate en sanglots : « Croyant aux chimères de l'amour, j'ai tout perdu. Mon histoire qui ne diffère pas de celle des autres, mérite la citation rien que pour mettre en garde les filles, qui ne doivent pas faire confiance au premier venu.
J'ai rencontré l'homme de mes rêves dans la ville où je vivais avec mes parents. Je suis vite tombée amoureuse de cette personne qui m'avait montré une face de sa personnalité, faisant en outre croire qu'il avait de bonnes intentions à mon égard. Etant naïve, je cède à la tentation. Avec cette confiance aveugle je me retrouve enceinte. Quand je lui annonce la nouvelle, il me promet le mariage qui ne sera jamais célébré ; au bout de quelques jours il a disparu complètement de la circulation. Ne sachant que faire devant une aussi dramatique et cauchemardesque situation, j'ai, dans un premier temps, caché ma grossesse. N'ayant pas le choix, j'ai par la suite déserté le foyer familial et pris le chemin de la capitale des Hauts- Plateaux où j'ai mis au monde mon enfant, produit d'un amour trahi.» Un autre témoignage d'une mère célibataire qui a bien voulu raconter son histoire, est poignant : «J'ai vu le père de mon enfant seulement deux fois.
Malheureusement, il n'a pas voulu reconnaître son enfant. N'ayant ni les moyens ni la force pour l'obliger à travers des tests à reconnaître son acte, je ne peux forcer le père de mon enfant qui ne mérite pas un tel sort. Le refus de mon compagnon m'oblige à galèrer avec un bébé dans les bras. Dans pareille situation la vie n'a plus aucun sens pour des personnes comme nous, n'ayant aucune place dans une société qui ne comprend pas et ne pardonne pas. Ce n'est pas l'indifférence qui nous touche c'est le regard perçant des gens qui ne se rendent pas compte que nul n'est à l'abri d'une faute qui fait le plus mal.» La malheureuse jeune femme porte sur son visage toute la détresse de ces mères célibataires battues et méprisées.


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